Une rivière métissée: un film qui tombe à point

Une rivière métissée: un film qui tombe à point


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Comme la rivière, la culture coule, évolue et se fraie un chemin à travers le temps. Dans son nouveau documentaire réalisé avec sensibilité, Julien Cadieux nous entraîne dans le parcours


inspirant de Paryse Suddith, aux origines Cherokee, afro-américaine et acadienne. Le moins que l’on puisse dire c’est que le documentaire du cinéaste acadien arrive à point nommé. Dans le


contexte actuel du mouvement Black Lives Matter et du processus de réconciliation avec les nations autochtones, ce film porteur d’espoir nous présente des avenues de réflexion inspirantes.


C’est par le biais du parcours hors du commun de Paryse Suddith que le cinéaste nous offre ce voyage vers la guérison, tant du point de vue personnel que culturel. «Apprendre à apprécier et


respecter les différences culturelles, les différences d’histoire, les différences de vision du monde, c’est dans mon ADN. Je viens de trois peuples qui ont vécu des traumatismes


collectifs…», confie Paryse Suddith en ouverture de film. Née aux États-Unis d’un père Cherokee et Africain-américain et d’une mère acadienne, elle a déménagé à l’âge de 4 ans à


Saint-Quentin, dans le pays de sa mère, laissant ainsi derrière elle un père violent. Très jeune, elle a compris qu’elle était une minorité visible. Après sa pratique du droit autochtone sur


la scène nationale et internationale, Paryse Suddith est revenue au Nouveau-Brunswick pour s’occuper de sa santé. Ayant appris qu’elle était atteinte de la sclérose en plaques, elle s’est


lancée dans une démarche de guérison avec une approche intégrale, ce qui l’a amené à renouer avec ses racines. Elle a fondé Les Productions et Services juridiques de la Vieille Rivière et


elle travaille avec les communautés mi’kmaques. Pour cette avocate, la justice réparatrice et la réconciliation se situent d’abord au niveau communautaire. Ses actions communautaires


l’aident aussi à guérir sur le plan personnel et familial. Dans ce film, elle se raconte et nous fait vivre différentes expériences. Le cinéaste qui l’a suivie à travers divers événements


donne la parole aux minorités culturelles. L’idée originale est venue du producteur René Savoie qui a approché Julien Cadieux pour en faire la réalisation. «Quand j’ai rencontré Paryse, j’ai


vu qu’il y avait une belle histoire de rencontre et de guérison à raconter…Je trouvais qu’elle transmettait un message d’actualité qui est très porteur. Elle le démontre à travers son


travail et sa vie personnelle, une guérison à la fois physique, familiale et culturelle. Je trouvais qu’il y avait un ensemble de facteurs qui faisait que ça pouvait toucher les gens», a


exprimé le cinéaste. La rivière constitue le fil conducteur de ce documentaire ponctué par les différentes activités, conférences et rencontres organisées par Paryse Suddith. «Ce sont aussi


ses racines et qui elle est puisqu’elle vient de la région de Kedgwick – Saint-Quentin et elle a grandi sur le bord de la rivière. C’est une belle métaphore pour le chemin de vie qu’elle a


fait.» Aujourd’hui, l’avocate de profession mène différentes actions afin de rapprocher les communautés culturelles. On assiste donc à la rencontre des communautés mi’kmaques, acadiennes et


de nouveaux arrivants. Chacun des groupes ouvre son coeur et est prêt à écouter l’autre. C’est assez touchant comme rencontres. Le voyage débute au Congrès mondial acadien de 2019 où elle a


organisé une conférence sur l’histoire des Mi’kmaqs pour se poursuivre à différents endroits, notamment dans une école de Barachois et dans son salon de coiffure. Julien Cadieux raconte que


le film a été tourné sur une longue période – de juin 2019 à février 2020 – afin d’être en mesure de suivre les actions menées par l’avocate. Il y a aussi des choses qui se sont aussi


dessinées au fil du tournage. «Il y a une écoute profonde de ce que les minorités culturelles ont à dire et puis je pense que c’est ce que j’avais envie qui ressorte du film. Après


collectivement, on est capable de prendre des décisions dans l’intérêt commun de tous.» Le film produit par les Productions du Milieu qui a eu droit à une première diffusion sur Radio-Canada


à l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones peut être visionné sur Tou.tv.