
Zfe supprimées à l'assemblée: à strasbourg, un coup d'arrêt malgré des premiers résultats encourageants
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La suppression des ZFE a été votée par les députés, ce mercredi 28 mai, à l'Assemblée nationale. Un choix qui divise alors que l'Eurométropole et la maire de Strasbourg, Jeanne
Barseghian, vantaient un modèle qui "marche" depuis sa mise en place. Un grand pas en arrière après trois ans d'application. La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne
Barseghian, a réagi à la suppression des ZFE, votée par les députés ce mercredi 28 mai, estimant qu'il s'agit d'un "grave recul pour la santé des Français". Depuis
sa mise en place en 2022 à Strasbourg, l'édile vantait son modèle pour lequel la Ville accompagnait les habitants pour "changer leur véhicule ou accéder à d'autres solutions
de mobilité", défend-elle dans un communiqué relayé sur les réseaux sociaux. "IRRESPONSABLE ET INJUSTE" Dans le Grand Est, la pollution aux particules fines est à
l'origine de 4.000 décès chaque année. Alors que des résultats positifs d'un point de vue environnemental sont déjà visibles, cette suppression est "irresponsable et
injuste", déplore Alain Jund, vice-président de l'Eurométropole. Un avis partagé par Michèle Grosjean, présidente de la fédération Alsace Nature. "La suppression de cette ZFE
est une catastrophe sur le plan environnemental", soutient-elle, au micro de BFM Alsace. On ne comprend pas ces régressions sur l'ensemble des dispositifs du droit de
l'environnement parce que le droit à l'environnement est avant tout le droit à la santé." DES RÉSULTATS UN AN APRÈS LA MISE EN PLACE Ce dispositif, initié en 2019 par la loi
d'orientation sur les mobilités et enclenché dans l'esprit du Plan Climat 2030 et du plan de protection atmosphérique, avait pour objectif d'améliorer la qualité de l'air
en réglementant l'utilisation des véhicules, notamment les plus polluants, dans des zones préétablies. Dès 2023, soit un an après les débuts de la ZFE à Strasbourg, l'ensemble des
stations de mesure du réseau d'ATMO Grand Est ont révélé "des concentrations en dioxyde d'azote inférieures à la valeur limite réglementaire actuelle", rappelait
l'Adeus (agence d’urbanisme de Strasbourg Rhin Supérieur), dans un premier bilan publié en 2024. Cependant, à cette période "les bénéfices pour la santé ne sont pas encore
suffisants pour un changement durable et significatif". "La qualité de l'air s'améliore", avait alors salué la maire Jeanne Barseghian, au micro de BFM Alsace.
Ajoutant: "On voit aussi -7.000 véhicules immatriculés en 2022 sur la métropole. Il nous faut maintenir l'effort pour continuer d'améliorer la qualité de l'air, car nous
sommes encore en dépassement par rapport à ce que recommande l'OMS." La maire pointait du doigt les particules fines et dioxyde d'azote qui "ont une incidence forte sur
la santé et notamment les personnes les plus vulnérables". Néanmoins, "si la qualité de l’air de l’Eurométropole s’améliore tendanciellement, il est difficile d’attribuer cette
évolution à la seule ZFE-m", souligne l'Adeus dans son bilan. UNE VOLONTÉ D'ALLER PLUS LOIN L'agence note néanmoins qu'entre 2021 et août 2024, "plus de 3.741
véhicules interdits par la ZFE-m ont été aidés pour leur remplacement ou le changement de modal". Cette aide a représenté un budget total de 10.7 millions d'euros, pour un
renouvellement de 3.547 véhicules, poursuit l'Adeus, qui indique néanmoins que le dispositif et son calendrier étaient toujours "mal connus" lors de cette première phase de
bilan. De son côté, l'Eurométropole de Strasbourg a noté une amélioration de la qualité de l'air avec une baisse de 35% du dioxyde d'azote en cinq ans. Des motifs de
satisfaction qui avaient poussé la présidente de l'Eurométropole, Pia Imbs, à déclarer, auprès des Dernières nouvelles d'Alsace, que "la métropole (de Strasbourg) n'est
plus un territoire ZFE". En 2023, dans la métropole de Strasbourg, selon des CHIFFRES COMMUNIQUÉS PAR ATMO GRAND EST, les niveaux de concentration en dioxyde d’azote sont descendus en
dessous de 40 microgrammes par mètre cube d'air dans l'Eurométropole. Or, il s'agit du seuil qui entraîne la mise en place d'une ZFE dans une métropole. "C'est
un très bon signe et c'est aussi, peut-être, le résultat des politiques publiques qui ont été menées pendant deux ans", avait alors souligné ALAIN JUND, vice-président de
l'Eurométropole en charge des mobilités. Ce dernier avait néanmoins appelé à "ne pas baisser les bras et continuer sur cette trajectoire". DES CONTESTATIONS, À DROITE COMME À
GAUCHE Cette volonté partagée de la mairie de Strasbourg et de l'Eurométropole s'est heurtée à une vague de contestations, que ce soit de partis classés à droite, et à
l'extrême droite, comme à gauche. Au cœur du débat, l'idée que ces zones font prioriser l'écologie au dépend des plus précaires. Parmi les députés alsaciens, Emmanuel
Fernandes (LFI) a voté pour la suppression de la ZFE. Selon l'élu, le dispositif est "culpabilisant pour les plus modestes notamment". Ce dernier juge qu'il n'y a
pas "les accompagnements financiers, les accompagnements sociaux qui permettent à chacune et chacun de changer de véhicules dans les conditions exigées par ces zones à faibles
émissions". La députée Modem Louise Morel, se disant en faveur d'une voie médiane, a voté pour conserver la ZFE et déplore "un débat mal compris". L'élue plébiscite
une ZFE aménagée en permettant des dérogations à des groupes spécifiques, comme les artisans ou personnes âgées. UNE ADAPTATION LOCALE QUI N'A PAS SUFFI Dans la ZFE de Strasbourg, les
véhicules Crit'Air 5 ont été interdits de circuler depuis janvier 2023. La mesure s'est étendue aux vignettes Crit'Air 4 douze mois plus tard. Strasbourg a avancé vite, mais
moins que d'autres métropoles, dont Paris. Le calendrier a notamment été assoupli pour les véhicules Crit'Air 3, dont l'interdiction a été reportée à janvier 2027, contre 2025
à l'origine. En conférence de presse, Pia Imbs avait indiqué "prendre en considération la situation économique et sociale", dans le cadre de cette réflexion. "Nous
souhaitons donc adapter la ZFE." Le vote des députés, ce mercredi 28 mai, a donné un coup aux ambitions portées par la ville. Néanmoins, il reste plusieurs étapes avant sa suppression
définitive. Le vote de l'article devra être confirmé par celui sur le projet de loi dans son intégralité, encore visé par plus de 600 amendements. Il passera ensuite entre les mains des
sénateurs. Arthus Vaillant et Mélina Fonck