«le club vit presque à crédit toute la saison» : pourquoi les finances de l'om déraillent

«le club vit presque à crédit toute la saison» : pourquoi les finances de l'om déraillent


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Enquête Temps de lecture : 4 min Réservé aux abonnés De retour en Ligue des Champions la saison prochaine, fierté locale et cœur battant de la ville, l’Olympique de Marseille est en déficit


chronique depuis son rachat en 2016 par le businessman américain Frank McCourt. Ce dernier a déjà épongé 467 millions d’euros. Jusqu'à quand? Que serait la ville sans l’OM ? Chaque


semaine, les Marseillais ont l’esprit occupé par le week-end, palabrant des heures sur les prestations passées et à venir de leur club de cœur. Parce qu’autour du Vieux-Port le football


n’est pas un sport, encore moins un hobby, c’est une religion. Un mantra, aussi, presque un slogan : «_A jamais les premiers_» (première équipe française à remporter une Ligue des Champions


en 1993). Seulement, depuis le week-end dernier et la victoire du PSG contre l'Inter Milan (5-0) en finale de la Ligue des Champions 2025, derrière la carte postale, l’entreprise OM n’a


pas très bonne mine. Sur le terrain, l’équipe joue toujours les premiers rôles malgré la mainmise du grand rival PSG sur la Ligue 1 et vient de se qualifier pour la prochaine Ligue des


Champions. Avec son budget de fonctionnement d’environ 260 millions d’euros pour la saison (dont 148 millions de masse salariale), le deuxième du championnat derrière l’ogre parisien


largement financé par le Qatar, le club attire sponsors et publicités (74,3 millions d’euros en 2024). Ses revenus sont en hausse de plus de 20% par rapport à la saison dernière, selon le


bilan comptable édité au printemps par la DNCG, le gendarme financier de la Ligue de football professionnel (LFP). À lire aussi : La remontada de Marseille : comment la cité phocéenne a


gagné en attractivité Et, avec une moyenne de 3 ­millions ­d’euros de recettes de billeterie par match à domicile, le club figure dans le top 10 européen. Au stade Vélodrome, l’OM continue


de jouer régulièrement à guichets fermés (67 000 spectateurs), ce qui lui assure des recettes plutôt confortables les jours de match (38 millions d’euros sur la saison 2023-2024) dans une


période où les droits TV, principal moteur financier des clubs français, fondent comme neige au soleil. "DÈS QU’UN EURO TOMBE DANS LES CAISSES, IL EST RÉINVESTI DANS LES TRANSFERTS DE


JOUEURS" Voilà pourquoi une grande partie de la stratégie financière et sportive du club repose sur la participation à la très lucrative Ligue des champions. «_Tout le projet est centré


sur la Coupe d’Europe. Et quand l’OM n’y participe pas, comme cette année, il investit encore plus en transferts pour s’assurer d’y être l’année suivante_», souffle un observateur avisé. Il


faut dire que certains contrats marketing, comme celui en cours avec l’équipementier Puma, sont majorés, d’après nos informations, en cas de participations consécutives à la plus


prestigieuse des compétitions de football européen. À lire aussi : Adrien Rabiot à l’OM : quel sera le salaire de l’international français ? Aussi le club multiplie-t-il les changements de


joueurs, bien aidé en ce sens par son président, l’Espagnol Pablo Longoria (38 ans), un ancien recruteur, très proche des agents, qui n’hésite pas à chambouler jusqu’à 80% de son effectif


d’une saison à l’autre. Depuis son rachat en 2016 par l’homme d’affaires américain Frank McCourt, l’Olympique de Marseille a ainsi dépensé 613,5 millions d’euros sur le marché des


transferts, selon le site spécialisé Transfermarkt, dont 334 millions d’euros rien que sur les trois dernières saisons. Côté départs, l’OM n’aurait vendu que pour 401,4 millions d’euros sous


l’ère McCourt, soit un déficit de 212,1 millions d’euros. «_Cette politique de turnover permanent des joueurs a un impact direct sur l’activité du club. L’OM n’a pas la culture du business


de développement. Dès qu’un euro tombe dans les caisses, il est réinvesti dans les transferts de joueurs. En fait, le club vit presque à crédit toute la saison, jusqu’au chèque de fin


d’année du propriétaire_», déplore un ancien haut dirigeant. Et ça commence à chiffrer : en neuf ans, le déficit cumulé (hors transferts de joueurs) dépasse désormais les 467 millions


d’euros ! Une ardoise que continue de régler le propriétaire Frank McCourt, dont les plans étaient à l’origine bien différents. "JUSQU’EN 2022, FRANK Y A CRU. IL ESPÉRAIT POUVOIR SE


REFAIRE FINANCIÈREMENT" Avant son arrivée sur la Cannebière en 2016, le Bostonien, qui a fait fortune en revendant pour 2 milliards de dollars la franchise de baseball des Dodgers de


Los Angeles, rêvait de bâtir un grand projet immobilier qui offrirait une place centrale à l’OM. En rachetant le club à la famille Louis-Dreyfus pour 45 millions d’euros (plus le passif de


l’époque déjà), l’entrepreneur devait mettre la main sur le parc Chanot, ce vaste espace jouxtant le Stade ­Vélodrome. A l’image du nouveau grand stade de Jean-Michel Aulas à Décines (près


de Lyon), l’Américain souhaitait développer une zone hôtelière, événementielle et sportive, englobant le «Vél’» et le Parc des expositions. Si la mairie n’y voyait pas d’objections


particulières, la chambre de commerce et d’industrie, partie prenante du parc Chanot, aurait tout fait pour freiner le projet. « _Jusqu’en 2022, Frank y a cru. Il espérait pouvoir se refaire


financièrement avec ce projet. Quand il est arrivé, il disait : «Je vais rénover Marseille comme on a rénové Boston._» _Il a compris bien tardivement que ça ne marcherait pas. «Depuis, le


club est un peu un sparadrap pour lui_», confie l’un de ses anciens très proches collaborateurs. A tel point qu’à la terrasse des cafés le sujet de la vente du club revient régulièrement


dans les conversations. S’il n’a jamais publiquement évoqué le sujet, Frank McCourt en a parlé en privé. Lui qui assiste très peu aux matchs de son équipe, il a fait le déplacement aux


Pays-Bas, fin avril 2022, pour la demi-finale de Ligue Europa contre le Feyenoord Rotterdam, avec une grande partie de son état-major. Selon nos informations, lors du dîner, le boss a évoqué


ouvertement la situation du club et a affirmé qu’il ne souhaite plus boucher les trous en fin de saison. Il a fait surtout état de discussions très avancées avec un pool de repreneurs


saoudiens. «_C’est la première fois qu’il en parlait. Et il a été cash sur le sujet_», nous confie un participant. Les deux parties ne trouveront finalement pas d’accord financier. Si


beaucoup d’observateurs se montrent sceptiques quant à la volonté du milliardaire de continuer à investir à Marseille, Frank McCourt aurait validé dernièrement un projet de déménagement du


siège, l’an prochain. Une source proche de l’actionnaire salue «les efforts consentis, notamment cette saison, qui sont à la hauteur des ambitions du projet présenté par Pablo et son équipe


de direction, en qui nous avons pleine confiance». _NOTE DEPUIS LA PUBLICATION DE L'ARTICLE:__ L'entourage de Frank McCourt a tenu à démentir l'information sur les discussions


passées avec de potentiels repreneurs saoudiens. _Capital_ maintient cette information recoupée auprès de plusieurs sources internes au club._ ZOOM * 467 MILLIONS D'EUROS C’est le


déficit cumulé de l’OM sous l’ère Frank McCourt (depuis 2016) * 10 MILLIONS D'EUROS L’OM est une vitrine coûteuse. D’après un rapport de la cour régionale des comptes paru en septembre


dernier, le stade coûterait plus de 10 millions d’euros à la ville chaque année. Recevez nos dernières news Tous les jours, la sélection des PRINCIPALES INFOS de la journée.