
Quand l’actualité s’invite au festival de cannes
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Le cinéma est politique. Car au-delà des tapis rouges et des belles tenues, le Festival de Cannes et les films sélectionnés parlent du monde actuel. Personnalités politiques, tribunes ou
encore tables rondes, les a côtés du festival sont nombreux. Et ce samedi c’était au tour de la ministre de la Culture Rachida Dati de prendre la parole. Présente à Cannes, elle a invité
samedi producteurs et réalisateurs à l’accompagner à Bruxelles pour défendre l’exception culturelle française et européenne, bousculée par _« l’intelligence artificielle, les tensions
géopolitiques et les coups de boutoir de l’administration américaine »_, souligne la ministre qui s’exprimait depuis la tente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Et de
rappeler certains chiffres : en Europe, le cinéma américain occupe plus de 60 % de nos écrans contre 36 % en France. Pour Rachida Dati, la priorité revient à défendre la directive européenne
SMA (Services de médias audiovisuels) qui encadre le secteur et prévoit des obligations d’investissements dans les créations européennes pour les plateformes comme Netflix. Mais aussi à _«
renforcer leur visibilité et structurer leur diffusion »_ en Europe. Alors que la ministre française et 23 de ses homologues européens ont signé une tribune en ce sens publiée dans Le
Figaro. _« Cela suppose aussi de travailler ensemble, de coproduire davantage »_, a-t-elle souligné. A l’image du projet Yapluka, lancé par le producteur Dimitri Rassam au début de l’année.
Mais les organisations syndicales du spectacle vivant déplorent surtout des coupes budgétaires dans la culture et pointent le déni de la ministre de la Culture._ « Les coupes existent bel et
bien, elles sont documentées, massives et concernent à la fois le budget du ministère et celui des collectivités, à toutes les échelles. Elles impactent autant le spectacle vivant que
l’audiovisuel public »_, ajoutent ces syndicats, selon lesquels _« un plan de licenciement massif s’annonce »_. En avril, un décret a amputé les crédits de réserve du ministère de la Culture
aux deux tiers, qui sont passés de 174 millions à 60 millions d’euros. Ces crédits de précaution sont utilisés en cas d’imprévu en cours d’année. Des coupes budgétaires alors que le secteur
de la création est menacé par l’IA. Lundi, le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, a tempéré les risques_. « Sur les scénarios, sur la littérature, je ne suis pas sûr
qu’il faille être très inquiet »_, a-t-il avancé. Et face à l’arrivée de l’IA dans les films, des initiatives se créent. Dans les premiers jours du Festival s’est tenu sur la Croisette l’AI
for Talent Summit, réunissant start-up et grands groupes pour « explorer comment l’IA redéfinit le cinéma ». C’est à Nice, en avril, que le débat a réellement pris forme, avec le World AI
Film Festival : 1 500 projets venus de 66 pays, tous conçus avec des outils d’IA. L’autre sujet d’actualité à côté duquel le Festival de Cannes ne peut pas passer est les violences sexistes
et sexuelles. Huit ans après le mouvement #MeToo, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a présenté à Cannes un nouveau renforcement des mesures prises pour lutter contre
les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le 7e art. Elles sont inspirées d’un rapport parlementaire rendu un mois plus tôt par l’écologiste Sandrine Rousseau et le centriste Erwan
Balanant, qui dénonçait un fléau _« systémique »_ dans la culture et appelait à enrayer la _« machine à broyer les talents »_ que ce fléau constitue. Dans le même temps, mardi, jour de
l’ouverture du festival, une tribune signée par 380 artistes dont Pedro Almodovar, Richard Gere ou Susan Sarandon, exhortait déjà à _« ne pas rester silencieux.se.s tandis qu’un génocide est
en cours »_. Cette même journée était aussi marquée par un hommage à la photographe palestinienne Fatima Hassouna, tuée par un missile israélien à Gaza le 16 avril. Cette Gazaouie de 25 ans
est la protagoniste du documentaire _Put Your Soul on Your Hand and Walk_ réalisé par l’Iranienne Sepideh Farsi, qui lui a rendu hommage jeudi. Ce film est présenté dans une section
parallèle du festival : l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) alors que la Palme d'or sera dévoilée le 24 mai.