Maladies rares, alzheimer : fièvre d’acquisitions de sanofi dans les traitements innovants

Maladies rares, alzheimer : fièvre d’acquisitions de sanofi dans les traitements innovants


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En se délestant d’une part majoritaire d’Opella, sa branche de santé grand public qui fabrique notamment le Doliprane, Sanofi avait empoché _« de l’ordre de 10 milliards d’euros »_ il y a


quelques semaines. Un montant qu’il n’a pas tardé à remettre au pot pour accélérer le renouvellement de son portefeuille de médicaments. Le laboratoire français a annoncé, ce lundi 2 juin,


qu’il avait conclu un accord pour mettre la main sur la biotech américaine cotée Blueprint Medicines Corporation, spécialisée dans la mastocytose systémique, une maladie immunologique rare.


Selon les termes de l’accord, Sanofi versera 129 dollars par action, ce qui valorise la société à environ 9,1 milliards de dollars (près de 8 milliards d’euros). Sous réserve de la


réalisation de plusieurs étapes potentielles, le montant de l’opération pourrait grimper à 9,5 milliards, a précisé le groupe. _« La proposition d’acquisition de Blueprint Medicines


représente un bond en avant stratégique dans nos portefeuilles maladies rares et immunologie_, s’est félicité Paul Hudson, le directeur général de Sanofi, dans un communiqué. _Elle améliore


notre pipeline et accélère notre transformation en société d’immunologie leader dans le monde. »_ Dans son escarcelle, Blueprint compte notamment le traitement Ayvakyt, _« le seul médicament


approuvé pour la mastocytose systémique avancée et indolente »,_ précise le groupe, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 41,1 milliards d’euros en 2024. Cette maladie rare se caractérise


par l’accumulation et l’activation de cellules appelées mastocytes dans la moelle osseuse, la peau ou le tractus gastro-intestinal, qui peuvent entraîner des symptômes invalidants sur


plusieurs organes. Le traitement Ayvakyt, autorisé aux Etats-Unis et dans l’Union européenne, a généré un chiffre d’affaires de 479 millions de dollars en 2024, et près de 150 millions au


premier trimestre de 2025. La biotech américaine est également dotée d’un portefeuille de médicaments immunologiques _« prometteurs »_ en développement de stade précoce et avancé, selon


Sanofi, qui se réjouit par ailleurs de la _« présence établie de Blueprint parmi les allergologues, les dermatologues et les immunologues »_. Pour Paul Hudson, « _cette acquisition s’inscrit


pleinement dans notre stratégie de renforcement de nos domaines thérapeutiques existants, qui propose des médicaments pertinents et différenciés aux patients tout en garantissant des


rendements attractifs à nos actionnaires »._ Depuis qu’il a pris les manettes de Sanofi en 2019, le dirigeant britannique met le paquet pour relancer le groupe dans la course aux médicaments


innovants. Un défi de taille, alors que le fleuron pharmaceutique tricolore a reculé de la troisième à la sixième place dans le club mondial de la Big Pharma en cinq ans. Dans le cadre de


son plan stratégique _« Play to Win »_, Paul Hudson poursuit un objectif : faire du laboratoire né en 1973 un champion mondial de l’immunologie, maladies rares et vaccins. Et c’est peu de


dire qu’il y met les moyens en multipliant les acquisitions ces dernières semaines. Le 22 mai dernier, Sanofi a annoncé un accord en vue du rachat de Vigil Neuroscience, une autre biotech


cotée, spécialisée cette fois dans le développement de traitements de maladies neurodégénératives. Une opération - à approximativement 470 millions de dollars - qui inclut le médicament


VG-3927, bientôt en phase II d’étude clinique, dans la maladie d’Alzheimer. Elle devrait être finalisée au troisième trimestre de 2025. Fin mars, Sanofi avait par ailleurs finalisé le rachat


de l’anticorps bispécifique DR-0201 auprès de la biotech Dren Bio, pour un paiement initial de 600 millions de dollars, suivi de futurs paiements potentiels liés à la réalisation d’un


certain nombre d’objectifs de développement et de commercialisation. In fine, l’opération pourrait valoir 1,3 milliard de dollars. Le groupe n’a pas fini de faire son marché pour muscler son


portefeuille de potentiels futurs « blockbusters », ces médicaments qui génèrent plus de 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires, et réduire sa dépendance à son traitement vedette


Dupixent. « _Sanofi garde une capacité significative pour de nouvelles acquisitions d’actifs »_, a assuré Paul Hudson ce lundi. Ce virage stratégique n’est pas sans risque. Et les revers de


la recherche peuvent être douloureux. Vendredi dernier, le 30 mai, Sanofi a perdu jusqu’à 7 % à la Bourse de Paris et s’est retrouvé dernier du classement du CAC 40. En cause ? Les résultats


décevants de l’une de ses deux études de phase III de son traitement de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), aussi appelée « toux du fumeur », développé avec l’américain


Regeneron. Cet anticorps monoclonal, l’itépekimab, est l’un des douze « blockbusters » potentiels sur lesquels Sanofi joue son va-tout pour se muer en champion mondial de l’immunologie.