
Rénovation énergétique : éric lombard confirme la suspension du dispositif maprimerénov’
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Coup de frein brutal pour la rénovation énergétique. Ce mercredi 4 juin, le ministre de l’Economie, Éric Lombard, a confirmé la suspension du dispositif MaPrimeRénov’ en raison de nombreuses
demandes et fraudes. _« C’est vrai que sur MaPrimeRénov’, il y a à la fois un encombrement en ce moment et un excès des fraudes (…) d’où la suspension »_, a-t-il déclaré lors des questions
au gouvernement au Sénat. _« Mais naturellement, une fois que cela sera réglé, le processus pourra continuer »_, a-t-il ajouté, en précisant ultérieurement, devant la commission des Affaires
économiques du Sénat, que le gouvernement avait _« bien l’intention de rétablir le fonctionnement avant la fin de l’année »_. La veille, un article du _Parisien_ annonçait cet arrêt _« dès
juillet ». _La raison ? _« Les crédits prévus pour l’ensemble de l’année 2025 sont déjà pratiquement intégralement consommés _», assurait une source proche du dossier auprès de nos
confrères. De quoi laisser des milliers de ménages dans l’incertitude. Ce dispositif, géré par l’Agence nationale de l’habitat (Anah), a été mis en place en 2020 pour encourager et aider
financièrement les particuliers à réaliser des travaux de rénovation énergétique dans leur logement. Rien qu’en 2024, 3,77 milliards d’euros d’aides ont été distribués, contre 3,12 milliards
d’euros en 2023, selon l’Anah. Depuis son lancement, MaPrimeRénov’ a ainsi permis d’aider à la rénovation de près de 2,5 millions de logements, dont plus de 350 000 rénovations d’ampleur,
c’est-à-dire des travaux permettant un gain minimum de deux classes énergétiques. C’est sur ce type de rénovation globale que le gouvernement misait pour répondre à ses objectifs de
neutralité carbone à l’horizon 2050. En 2024, elles ont grimpé de 27,6 % en un an. Une dynamique qui s’est poursuivie au premier trimestre 2025, puisque le nombre de logements ayant fait
l’objet d’une rénovation d’ampleur subventionnée par l’Etat a triplé par rapport à la même période en 2024. L’Anah s’était ainsi félicitée d’une _« véritable accélération »,_ avec des
niveaux de demandes d’aides et de subventions accordés _« inédits »_. Or, les rénovations d’ampleur impliquent des travaux importants et font donc gonfler la note auprès de l’Anah. Une
situation qui aurait participé à l’épuisement des crédits disponibles pour 2025. _« A titre d’exemple, une rénovation par mono-gestes comme le remplacement d’une pompe à chaleur va coûter 15
000 euros. Un ménage modeste va pouvoir percevoir 10 000 euros d’aides publiques. A l’inverse, le même foyer qui va entamer une rénovation d’ampleur dans sa maison de 100 m2 va devoir
débourser 55 000 euros, pris en charge à 90 % par l’Anah »_, explique Pierre François, directeur de la rénovation énergétique chez Hello Watt, une entreprise qui accompagne les particuliers
à monter leur dossier auprès de l’agence publique. _« On a effectivement une forte dynamique sur la rénovation d’ampleur, ce qui est une bonne nouvelle. Mais cet afflux de dossiers couplés
au retard d’adoption du projet de loi de finances (PLF) entraîne une surcharge des services instructeurs et un allongement des délais d’engagement »_, répond le ministère du Logement, sans
mentionner le manque de budget alloué à MaPrimeRénov’ pour faire face à la demande. L’arrêt de MaPrimeRénov’ n’est en réalité pas surprenant. D’autant plus que le budget consacré à cette
aide publique a récemment été revu à la baisse par l’exécutif, en quête d’économies. Si l’enveloppe dédiée à la rénovation énergétique des bâtiments était de 4 milliards d’euros en 2023,
elle est passée à 2,3 milliards d’euros en 2024. Dans le cadre du PLF 2025, l’exécutif prévoyait même de raboter une nouvelle fois ce budget de 234 millions d’euros, sans succès. Quid des
dossiers en cours ? _« L’instruction et le paiement des dossiers se poursuivent normalement »_, promet le cabinet de Valérie Létard, qui souligne également travailler sur des solutions pour
lutter contre la fraude à la rénovation énergétique. En 2024, 44 000 dossiers frauduleux (équivalant à 230 millions d’euros de versements inappropriés) ont été retoqués par l’Anah. Un fléau
qui a notamment poussé le député Thomas Cazenave à déposer une proposition de loi en novembre dernier _« contre toutes les fraudes aux aides publiques »_.