
Italie : l’investissement dans la lutte intégrée contre les nuisibles porte ses fruits, selon un expert - euractiv fr
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En Italie, le nombre d’exploitations agricoles mettant en œuvre la lutte intégrée contre les organismes nuisibles (_Integrated Pest Management_, IPM) a grimpé en flèche ces dernières années.
EURACTIV Italie s’est entretenu avec Donato Rotundo de l’association d’agriculteurs Confagricoltura afin d’en savoir plus sur les conséquences de ce succès et les moyens qui peuvent être
mis en place pour le consolider. _Donato Rotundo est directeur du département « développement durable et innovation » de Confagricoltura. EURACTIV Italie s’est entretenu avec lui afin d’en
savoir plus sur la lutte intégrée contre les organismes nuisibles et sa mise en œuvre en Italie._ La lutte intégrée contre les organismes nuisibles est une stratégie fondée sur l’écosystème
qui porte sur la lutte contre les ennemis des cultures au moyen d’une combinaison de techniques appliquées selon un ordre hiérarchique afin de minimiser l’utilisation de produits
phytosanitaires chimiques. Elle constitue également un élément important du débat sur la réalisation de l’objectif fixé dans le cadre de la politique alimentaire phare de l’UE, la stratégie
« de la ferme à la table » (_Farm to Fork_) de l’UE, qui prévoit de réduire de moitié l’utilisation des pesticides et les risques qu’ils présentent d’ici à 2030. QUEL EST LE DEGRÉ DE
RÉUSSITE DE L’ADOPTION DES PRATIQUES DE LUTTE INTÉGRÉE EN ITALIE ? La lutte intégrée contre les organismes nuisibles a été mise en œuvre en Italie bien avant l’adoption de la nouvelle
directive européenne. En quelques années, le système national de qualité utilisé pour certifier la production intégrée a vu le nombre de certificats augmenter de manière très significative.
Fin 2016, il y avait 3 243 entreprises certifiées et la superficie destinée à cet égard était d’un peu plus de 61 000 hectares ; quatre ans plus tard, il y a plus de 17 000 entreprises (+528
%) et la production certifiée couvre près de 280 000 hectares (+457 %). QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES SUR LA RÉDUCTION DE L’UTILISATION DES PESTICIDES ? D’excellents résultats ont également
été obtenus en termes d’utilisation de pesticides : de 2011 à 2020, on observe une diminution progressive des quantités mises sur le marché, à savoir une baisse de 15 % pour les produits
phytosanitaires (de 142 425 à 121 550 tonnes) et de 20 % pour les composants actifs (de 70 690 à 56 557 tonnes). Des progrès significatifs ont également été enregistrés en ce qui concerne
les classes de toxicité. En effet, au cours de la période 2011-2020, la quantité de produits très toxiques et toxiques a diminué de manière significative (de 45,6 %). Une autre donnée
intéressante concerne la quantité de produits phytosanitaires répandus par unité de surface agricole (de 5,5 kg/ha en 2011 à 4,5 kg/ha en 2020), ce qui donne une idée de la pression exercée
sur les terres, bien qu’avec certaines limites. QUELLES SONT LES MESURES EN PLACE POUR ENCOURAGER L’ADOPTION DE LA LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LES ORGANISMES NUISIBLES EN ITALIE ? Outre les
diverses mesures de la Politique agricole commune (PAC) de l’UE, les incitations en faveur de l’innovation dans les exploitations agricoles constituent un autre aspect essentiel de la
diffusion de la lutte intégrée. Ces dernières années, le crédit d’impôt 4.0 pour les immobilisations corporelles et incorporelles a donné une grande impulsion au renouvellement du parc de
machines. Ce crédit a permis à de nombreuses exploitations de s’équiper de moyens qui, grâce au pilotage automatique géré par satellite et à la possibilité d’effectuer des traitements
différenciés au moyen de cartes de prescription, permette de combiner la durabilité économique et environnementale, et ce tout en réduisant les intrants des moyens techniques (diesel,
engrais, pesticides, irrigation) tout en augmentant les rendements et les capitaux de production. QUEL POURCENTAGE DE RÉDUCTION DES PESTICIDES L’ITALIE DOIT-ELLE ATTEINDRE ET EN QUOI LA
LUTTE INTÉGRÉE EST-ELLE UNE PRIORITÉ DANS LE CADRE DE CET OBJECTIF ? Selon les rapports de la Commission européenne, l’Italie devrait réduire l’utilisation de produits phytosanitaires
chimiques de 62 %. Elle est le pays qui affiche l’objectif le plus élevé parmi les États membres. Elle prévoit également de réduire les produits phytosanitaires les plus dangereux de 54 %.
Comme précisé, en Italie, des travaux sont déjà en cours depuis longtemps afin de réduire progressivement l’utilisation des produits agrochimiques. Même l’analyse comparative, produite par
Eurostat, montre que l’Italie fait partie des pays les plus vertueux en la matière. Ainsi, les objectifs de réduction de l’Italie apparaissent très contradictoires et pénalisants. QUELS SONT
LES OBSTACLES QUI EMPÊCHENT UNE PLUS GRANDE DIFFUSION DES PRATIQUES DE LUTTE INTÉGRÉE EN ITALIE ? La réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires n’est possible que si des
solutions efficaces et économiquement viables sont disponibles sur le marché et que les agriculteurs peuvent les utiliser. La suppression de nombreux produits chimiques importants pour
l’agriculture européenne, constatée ces dernières années, a mis en évidence une crise dans des secteurs de production entiers en raison de l’absence de solutions viables. Pour ces raisons,
la politique de l’UE en matière d’autorisation et d’utilisation de produits phytosanitaires devrait mettre sur un pied d’égalité la durabilité environnementale et économique de la production
agricole. Ainsi, la transition vers une diminution de l’utilisation des pesticides doit se faire à un rythme qui permette l’introduction et la disponibilité de méthodes alternatives. Les
nouvelles solutions et technologies de protection des cultures contribueront à renforcer la mise en œuvre de la lutte intégrée contre les organismes nuisibles. L’agriculture de précision, le
biocontrôle, la sélection variétale, l’amélioration des plantes et la pulvérisation par drone jouent un rôle essentiel dans la réduction des besoins en produits phytosanitaires
conventionnels et la réglementation doit être adaptée pour permettre à ces technologies d’être développées et appliquées correctement dans l’UE. La mise à disposition de nouveaux outils pour
les agriculteurs doit également être encouragée principalement par les institutions de l’UE, au moyen de programmes d’investissement publics. _[Édité par Anne-Sophie Gayet]_