
Deux ans après l'incendie qui a fait 14 morts dans un bar à Rouen, les familles des victimes attendent le procès
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Dans la maison des parents de Michèle et Thierry, il y a des photos de Florian partout. Il allait avoir 20 ans quelques jours après le drame et terminait la soirée au Cuba Libre avec Mégane,
sa petite amie. Les deux jeunes gens sont morts intoxiqués par les fumées dans la cave de l'établissement. L'étroit escalier qui menait au rez-de-chaussée était embrasé, et l'issue de
secours fermée à clé.
Ce soir-là, un groupe d'amis fêtait les 20 ans d'Ophélie au sous-sol aménagé en piste de danse. Un peu après minuit, l'un des convives est descendu à la cave avec un gâteau d'anniversaire.
Les bougies "feu de bengale" ont touché les plaques d'isolant phonique qui tapissait les murs et le plafond, et la pièce s'est rapidement transformée en brasier, piégeant les victimes.
L'incendie a fait 13 morts ce soir là. Une quatorzième victime est décédée quelques jours plus tard à l'hôpital. Toutes empoisonnées par les gazs toxiques dégagés par la combustion de ces
plaques d'isolant hautement inflammable.
Depuis, les deux co-gérants du bar sont mis en examen pour homicides involontaires par violation d'une obligation de sécurité. L'instruction est close depuis quelques semaines, le Parquet de
Rouen a requis le renvoi des deux frères devant le tribunal correctionnel et le juge d'instruction doit rendre son ordonnance sous trois mois. Sauf surprise, les deux mis en cause
devraient être jugés en 2019, "avec l'espoir qu'ils aillent directement en prison" précise Thierry le père de Florian. Ils risquent 5 ans de prison, la peine maximale pour un homicide
involontaire.
Difficile à supporter pour les parents. D'autant que le propriétaire du bar n'a pas tout fait, semble-t-il, pour aider les pompiers. Il n'a pas signalé qu'il y avait une issue de secours au
fond de la cave. Et pourtant, la trace d'un appel téléphonique en provenance du sous-sol prouve qu'il y avait des survivants quelques minutes avant l'arrivée des secours.
Ils n'ont pas dirigé les pompiers vers cette porte de secours. Pendant ce temps là, nos enfants agonisaient, nos enfants hurlaient, et ils n'ont rien fait." Michèle, la mère de Florian
L'autre combat des familles, c'est de faire changer la règlementation en matière de classification des établissements. La ville de Rouen a mené une vaste opération de contrôle dans les bars
de nuit, mais sur le plan de la législation, les propositions formulées par la députée socialiste de l'époque, Valérie Fourneyron, sont restées lettre morte. Et les nombreux courriers
envoyés au gouvernement par les parents des victimes n'ont reçu aucune réponse.
Depuis le drame du Cuba Libre, la commission de sécurité a effectué une quarantaine de visites dans 27 établissements similaires, c'est-à-dire avec une cave. Sur ces 27 bars, seulement 5 ont
reçu un avis favorable. Les 22 autres ont dû fermer, au moins partiellement pour ceux qui exploitaient leurs caves. Deux pubs ont mis la clé sous la porte définitivement : le Kox, impasse
des Hauts-Mariages et un bar ambiance africaine, rue Saint- Julien. La cause : de graves risques d'incendies et des problèmes d'évacuations.
Aujourd'hui, 11 établissements ont entièrement rouvert, après avoir réalisé des travaux. Parmi eux, le Bidule ou le XXL. Cependant, 9 autres sont encore sous avis défavorables de la
commission de sécurité. 5 n'ont pas le droit d'exploiter leurs caves mais peuvent exercer leur activité. La ville de Rouen accompagne le suivi des travaux de mise en conformité.