
Réforme des 1. 607 heures : les tensions à grenoble ou bourgoin sont "l'exception qui confirme la règle" - ici
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Le sujet risque d'enflammer le conseil municipal de Grenoble ce lundi 13 décembre : la réforme des 1.607 heures, qui va obliger certains fonctionnaires à travailler plus. "Les
tensions sont des cas particuliers", assure la députée de l'Isère, Emilie Chalas, rapportrice du texte à l'Assemblée. Il y a grève ce lundi 13 décembre - et mardi 14 - dans
les cantines de Grenoble. Le mouvement dure depuis plusieurs semaines désormais. En cause : la réforme dite "des 1.607 heures". L'objectif est d'obliger les agents
territoriaux qui ne font pas forcément 35h à travailler plus. Mais cela créer des tensions un peu partout : grève à Grenoble, envahissement du conseil municipal à Bourgoin, etc... "_Ce
sont des cas particuliers qui confirment que la règle s'applique plutôt bien partout sur le reste du territoire français_", estime celle qui a porté cette loi à l'Assemblée
nationale, la députée Iséroise Emilie Chalas. FRANCE BLEU ISÈRE : POUVEZ-VOUS NOUS RAPPELER LES GRANDES LIGNES DE CETTE RÉFORME ? L'OBJECTIF EN QUELQUE SORTE EST D'EN FINIR AVEC
DES RÉGIMES SPÉCIAUX EN LA MATIÈRE ? EMILIE CHALAS : Oui, absolument. D'ailleurs, cette réforme de 1607 heures est en fait une partie d'un texte plus global de transformation de la
fonction publique, qui a pour vocation de rendre la fonction publique plus attractive, assouplir aussi des façons de recruter pour tous les employeurs publics, y compris les collectivités
territoriales, et surtout de garantir un certain nombre d'acquis aux fonctionnaires. Et je pense d'ailleurs à de nouveaux droits sur la portabilité de la formation, sur la
portabilité des CDI, sur la prime de précarité, tout cela sont des gains sociaux considérables pour les agents publics. CE N'EST PAS FORCÉMENT CE QU'ILS RETIENNENT... IL Y A UNE
GRÈVE AUJOURD'HUI DANS LES CANTINES GRENOBLOISES. QU'EST-CE-QUE VOUS EN PENSEZ DE CES RÉTICENCES ? IL Y A EU AUSSI DES ENVAHISSEMENTS DU CONSEIL MUNICIPAL À BOURGOIN... Ce sont des
cas particuliers qui confirment que la règle s'applique plutôt bien partout sur le reste du territoire français, c'est l'exception qui confirme la règle. Depuis 2014, au
département de l'Isère, tous les agents sont aux 1.607 heures. Cela fait 15 ans que les élus locaux savent qu'il faut passer à cela. Il a fallu attendre une loi et les tout
derniers mois et semaines pour que Grenoble ou Bourgoin-Jallieu ou d'autres municipalités s'en occupent. Dans un dialogue social difficile, précipité. Je comprends que les agents
soient furieux, mais ils le sont d'ailleurs beaucoup plus vis-à-vis des élus locaux et des responsables de Grenoble que de la loi, dont ils disent eux-mêmes qu'elle a été votée
démocratiquement. Maintenant, le dialogue social, c'est bien avec les élus de Grenoble que ça doit se faire, et ça se passe mal. LA MAJORITÉ MUNICIPALE À GRENOBLE A ADAPTÉ EN QUELQUE
SORTE CETTE RÉFORME. ON A ENTENDU PIERRE MÉRIAUX DANS LES JOURNAUX CE MATIN. QU'EST-CE-QUE VOUS PENSEZ DE CETTE ADAPTATION AU NIVEAU LOCAL ? EST CE QUE C'EST DANS L'ESPRIT DE
VOTRE LOI ? Vous faites bien d'invoquer l'esprit de la loi car si la délibération qui va être proposée cet après-midi en respecte le texte, je crois qu'elle est bien loin de
l'esprit de la loi, puisque l'objectif pour nous c'est de faire passer les agents à 1.607 heures, c'est-à-dire travailler comme tous les Français 35 heures par semaine,
ce n'est quand même pas la mer à boire... C'est ça dont on parle. Eh bien, dans ce que propose le conseil municipal aujourd'hui, on rajoute 7 minutes par jour de travail
supplémentaire, en intégrant les temps d'habillage et de déshabillage. Est-ce-que vous vous rendez compte de ce que vont penser les Grenoblois de nos agents publics ? On va entretenir
le fonctionnaire bashing. C'est un mauvais accord qui ne valorise pas le travail des fonctionnaires, qui n'anoblie pas pas la tâche du dialogue social des élus locaux et qui, de
surcroît, n'offre pas plus de services publics alors que l'objectif, c'était d'abord et avant tout cela. ON COMPREND BIEN, DANS VOTRE LOI, LA VOLONTÉ D'UNE ÉGALITÉ
DU TEMPS DE TRAVAIL, MAIS IL S'AGIT DE MÉTIERS OÙ IL Y A DÉJÀ DES DIFFICULTÉS DE RECRUTEMENT. EST-CE QU'AUGMENTER LE TEMPS DE TRAVAIL DE CES AGENTS NE VA PAS LES ACCENTUER ? Soyons
très clairs : tous les métiers à pénibilité, de travail du dimanche ou de travail de nuit ne rentrent pas dans la réforme. Le sujet, c'est l'administration, les fonctionnaires,
les agents publics lambda qui doivent travailler 35h. Alors on me rétorque très souvent, notamment chez les cadres - dont j'ai fait partie - qu'effectivement ils travaillent
souvent plus de 35 heures par semaine, mais auquel cas, je le dirai aussi cet après midi en conseil municipal, la situation est tout aussi irresponsable. S'il y a des dépassements
d'heures supplémentaires, elles doivent être obligatoirement payées par l'employeur public. Donc pourquoi ne pas installer, dans ce cas-là, des pointeuses, que sais-je... Mais soit
on travaille pas assez, soit on travaille trop. Dans les deux cas, il y a un problème. PARLONS DE LA PRÉSIDENTIELLE QUI APPROCHE. EMMANUEL MACRON NE S'EST TOUJOURS PAS DÉCLARÉ
CANDIDAT. EST-CE QU'IL DOIT LE FAIRE RAPIDEMENT, SELON VOUS ? Non. D'abord, tous les présidents qui étaient en fonction se sont prononcés très tard, en février voire en mars, alors
que les élections présidentielles arrivaient. Et ensuit, je crois qu'Emmanuel Macron, sur cet engagement, a été très clair : il sera président jusqu'au bout, jusqu'au dernier
quart d'heure. Donc, je crois qu'il va faire ses annonces très tard et d'ailleurs, quel que soit notre avis - à vous comme à moi - je pense qu'il fera bien comme il
l'entend. APRÈS LA PRÉSIDENTIELLE, IL Y A LES LÉGISLATIVES, VOUS AVEZ DÉJÀ COMMENCÉ À PLACARDER DÉJÀ DES AFFICHES POUR FAIRE ÉTAT DE VOTRE BILAN. EST CE QUE CELA VEUT DIRE QUE VOUS
SEREZ CANDIDATE À NOUVEAU ? Ça veut dire que c'est l'heure du bilan. Et comme vous l'avez dit vous-même, les législatives arrivent après les présidentielles. Pour moi, dans
cette année qui a commencé en septembre, il y a trois étapes : l'étape du bilan - on rapporte devant nos électeurs ce qu'on a fait au nom de leur mandat. Il me paraît tout à fait
légitime et incontournable de revenir vers eux pour leur dire "_voilà ce que j'ai fait_". Ensuite vient le temps des présidentielles et ensuite viendra le temps des
législatives. Mais ne vous inquiétez pas, je reviendrai vous voir pour cela. QUE PENSEZ-VOUS ENFIN DE LA TENSION QUI RÈGNE DANS CETTE CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE ? VOUS AVEZ ENCORE REÇU
RÉCEMMENT LES MENACES DE MORT SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX... Oui, alors ça en fait j'essaie d'en parler le moins possible. D'abord pour ne pas nourrir le phénomène et occuper
l'actualité avec cela, et puis pour ne pas passer pour une victime, ce que je ne ressens pas au fond de moi. Je suis plutôt une guerrière, donc ce genre de choses ne m'atteint pas.
En revanche, il faut de temps en temps faire une petite piqûre de rappel aux Français pour leur dire ce que c'est aussi d'être députée, expliquer qu'on bosse 70 à 80 heures
par semaine, on fait du mieux qu'on peut. On ne se regarde pas dans le miroir le matin en se disant "_Tiens, qu'est-ce-que je vais faire aujourd'hui pour emmerder les
Français ?_". Tout ce que l'on fait, tout ce que l'on porte chaque jour dans les circonscriptions ou à Paris, c'est fait pour faciliter et améliorer la vie des Français.
Et quand on reçoit ce genre de menaces, des menaces de décapitation, c'est violent. Vous savez, depuis ce mail, j'en ai reçu cinq autres du même acabit. Je ne vais pas faire un
article de presse à chaque fois que je reçois des menaces, mais je répète qu'on est là au rendez-vous, on n'a pas peur et on continue à agir pour les Français.