Rdc-rwanda : fin de cavale pour angéline mukandutiye, incarnation du génocide au féminin
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* JULIETTE BOUR Publié le 4 février 2020 Modifié le 5 févr. 2020 à 12h54 Lecture : 9 minutes. Fichier généré le Lire dans l’app Le 21 décembre 2019, une vieille dame affaiblie au visage
creusé, portant un pagne traditionnel, apparaît aux informations de la télévision rwandaise. Difficile pour ceux qui ne l’ont jamais rencontrée de l’associer à l’ancienne inspectrice des
écoles primaires et chef de milice Angéline Mukandutiye, une des génocidaires les plus recherchées par Kigali depuis juillet 1994. Elle fait partie des femmes et enfant transférés au camp de
Nyarushishi, au Rwanda, après l’arrestation par l’armée congolaise de près de 300 membres d’un groupe rebelle armé rwandais semant la terreur au nord-est de la RDC. Jugée par contumace par
les tribunaux traditionnels gacaca en 2008, elle purge désormais sa peine de réclusion criminelle à perpétuité. QUARTIER GÉNÉRAL DES INTERAHAMWE La participation des femmes hutu au génocide
contre les Tutsi du Rwanda a été massive. Si certaines ont tué de leurs propres mains, la majeure partie d’entre elles ont encouragé les tueurs, dénoncé les Tutsi, participé à leur
humiliation et pillé leurs biens. Mais Angéline Mukandutiye se distingue de la masse de ces tueuses ordinaires. Pour la rescapée Marie-Louise Nyirinkwaya, elle est « la plus redoutable de
toutes ». Elle planifie et organise les tueries depuis sa maison, véritable quartier général des Interahamwe, la milice armée, qui est sous ses ordres dans son secteur. Cheffe de guerre,
elle se rend à plusieurs reprises dans les lieux où les Tutsi se réfugient en masse pour sélectionner les hommes à tuer. Elle participe également à l’assassinat d’intellectuels recherchés
par le gouvernement génocidaire comme le journaliste André Kameya. Elle agit de concert, notamment, avec Tharcisse Renzaho, le préfet de Kigali-ville, et Odette Nyirabagenzi, conseillère du
secteur de Rugenge à Kigali. Elle serait également impliquée dans des actes de torture, notamment sur des femmes tutsi. [embedded content] > Pas une mouche ne volait lorsque Madame
l’inspectrice rendait > visite la suite après cette publicité Née en 1951 à Gisenyi, dans le nord du Rwanda, au sein d’une famille tutsi, Angéline Mukandutiye est connue au début des
années 1990 comme l’inspectrice des écoles primaires de Nyarugenge, une commune faisant partie de Kigali. Mère de quatre enfants, elle est mariée à un Hutu lié à la famille du président
Juvénal Habyarimana. A lire : Rwanda : Nelly Mukazayire, un fardeau en héritage Enseignante connue de tous dans son quartier, elle s’occupe des enfants du voisinage et s’investit dans le
domaine culturel, notamment en ce qui concerne la danse. « On avait intérêt à connaître son nom pour nos examen d’éducation civique. Il fallait nous voir quand elle rendait visite l’école
primaire de Kacyiru. Pas une mouche ne volait lorsque Madame l’inspectrice rendait visite », explique Marie-Yolanda Ujeneza, élève dans une école de son secteur de 1987 à 1992. la suite
après cette publicité PREMIÈRES DISCRIMINATIONS Lorsque Marie-Yolanda se cache chez les sœurs de Calcutta, fin avril 1994, avec sa mère, au sein de ce qu’elle appelle « le fief d’Angéline »,
celles-ci les préviennent qu’elles ne pourront les protéger de la seule personne qu’elles craignent : l’inspectrice Mukandutiye, qui a déjà raflé des enfants tutsi de l’orphelinat quelques
jours avant leur arrivée. la suite après cette publicité