Maladies, insectes et sécheresse :  les fragilités de la forêt audoise

Maladies, insectes et sécheresse : les fragilités de la forêt audoise


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l'essentiel Dans plusieurs secteurs du département, les végétaux présentent un feuillage rouge. C’est une des conséquences de la sécheresse estivale. Les forêts audoises doivent aussi


s’adapter aux maladies et aux insectes ravageurs, dont on arrive à limiter les dégâts grâce à l’introduction de prédateurs naturels. Aux abords des forêts, il n’y a qu’à lever les yeux.


Depuis cet été, bien des arbres présentent un feuillage rouge. Ce phénomène est une des conséquences de la sécheresse, précise Damien Faugère, expert arbre conseil à l’Office national des


forêts (ONF), observateur pour le Département de la santé des forêts (DSF). Avant de tempérer : "_Cette perte foliaire n’est pas forcément signe de la mort de l’arbre_."Ce


technicien note toutefois que les épisodes de sécheresse estivale se multiplient ces vingt dernières années. Chargé d’arpenter les forêts de l’Aude avec un confrère, dans le cadre du DSF,


Damien Faugère ne constate toutefois pas depuis six ans de phénomène de défoliation _"important. Cela reste infime_". CERTAINES ESPÈCES NE SONT PLUS ADAPTÉES Cet agent de l’ONF


note cependant de fortes disparités selon les essences et les localisations. Au niveau des hêtres, dans la Haute-Vallée, il relève _"beaucoup de dépérissements"_. Pour les sapins,


il précise que la situation dépend "_des secteurs, du sol et de l’ambiance forestière_". Qu’est-ce que l’ambiance forestière ? Il s’agit de la structure végétale et l’action des


animaux et des humains sur une forêt donnée. Le maintien de cette ambiance, sans changement brusque, est _"indispensable pour lutter contre le réchauffement climatique et l’évaporation


de l’eau"_, prévient l’expert. Ces dernières années, la pyrale du buis n’a pas favorisé le maintien de cette ambiance dans les secteurs touchés. "_Le sous-étage qui était composé


des buis a disparu, d’où un plus fort ensoleillement des sols, l’apparition de ronces et l’appauvrissement des sols_", expose Damien Faugère. Autre conséquence du changement climatique,


les essences plantées dans les années 1970 et 1980 (épicéa et douglas) sur d’anciennes terres agricoles dans la Montagne Noire "_n’ont plus leur place_" dans ce territoire, car


_"elles ne sont plus adaptées"._ Sur le littoral, pour les pins, Damien Faugère note qu’ils sont de plus en plus sujets aux incendies. Eux aussi "_souffrent du changement


climatique_", précise-t-il, en relevant des printemps plus humides avec des épisodes chauds "_qui favorisent certains champignons foliaires_". Damien Faugère cite ainsi le


sphaeropsis du pin, qui attaque les sujets âgés ou stressés. INSECTES XYLOPHAGES, VERS MICROSCOPIQUES… Côté maladie, la chalarose du frêne, encore un champignon, apparue en Pologne dans les


années 1990 avant d’essaimer le nord-est de la France, a été détectée dans la Haute-Vallée. _"Nous n’avons remarqué que les premiers symptômes_", nuance l’agent, tout en notant que


de premiers prélèvements ont été réalisés récemment à ce sujet. Autre maladie surveillée de près, la bactérie xyllela fastidiosa, dont un foyer a été détecté dans des plants de lavandin


dans une pépinière de Trèbes : à ce jour, aucun autre cas n’a été détecté. Une zone tampon de 2,5 km a été mise en place autour de cet établissement. Des insectes xylophages, capables de


faire de lourds ravages dans les plantations, sont aussi surveillés. Pour les sapins et les pins, la vigilance se porte sur les scolytes, un insecte ravageur qui a sévi, par exemple, dans la


forêt landaise. _"Mais pour l’heure, l’Aude n’est pas impactée_", rassure Damien Faugère. Autre sujet de préoccupation, le nématode du pin, un ver microscopique, découvert dans


les années 1930 en Amérique du Nord. Si, sur ce continent, il n’a fait aucun ravage grâce à la résistance des pins, ce n’est pas le cas dans les autres pays qu’il a colonisés, porté par les


échanges commerciaux, dont le Portugal. _"Pour l’heure, la forêt audoise et française est indemne. Mais si le nématode arrive, on aura des problèmes",_ concède l’observateur du


DSF. Pour certains nouveaux parasites apparus dans les forêts, des solutions "naturelles" sont parfois trouvées. C’est le cas pour le cynips du châtaignier. Il y a quelques années,


l’apparition de ce parasite venu d’Asie dans les forêts françaises a fait craindre le pire. Ses ravages sont désormais limités grâce à l’introduction d’un prédateur naturel.