Amélie Oudéa-Castera :

Amélie Oudéa-Castera : "On en a eu marre..." Ses trois enfants vont dans une école privée, elle s'explique, la polémique enfle


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Première polémique pour Amélie Oudéa-Castera depuis sa prise de fonction de ministre de l'Education nationale. Déjà, le choix de lui confier un super ministère regroupant l'Education


nationale, la Jeunesse, les Sports et les Jeux olympiques était l'objet de critiques. Cette fois, la polémique concerne la vie privée d'Amélie Oudéa-Castera.


Nouvelle ministre de l'école publique, elle a ses trois enfants scolarisés dans le privé. Ce n'est pas la première ministre de l'Education nationale dans ce cas-là. Pap Ndiaye, ministre


jusqu'à l'été 2023, a scolarisé ses enfants dans le privé. Alors Amélie Oudéa-Castera a naturellement voulu se justifier au cours de son premier déplacement sur le terrain dans un collège


des Yvelines aux côtés du Premier ministre Gabriel Attal.


Le fils aîné d'Amélie Oudéa-Castera a commencé sa scolarité à l'école publique avant que ses parents ne fassent un autre choix : le collège-lycée privé Stanislas. Il s'agit d'un prestigieux


établissement privé catholique dans le 6e arrondissement parisien. "La frustration de ses parents, mon mari et moi, qui avons vu un paquet d'heures qui n'étaient pas sérieusement


remplacées", a-t-elle expliqué. "À un moment, on en a eu marre comme des parents de milliers de familles qui ont fait un choix d'aller chercher une solution différente". Elle poursuit : "On


habitait rue Stanislas, scolariser nos enfants à Stanislas était un choix de proximité".


Amélie Oudéa-Castera a par la suite défendu l'enseignement de cette école privée parisienne où ses trois enfants sont aujourd'hui scolarisés. "De manière continue, nous nous assurons que nos


enfants sont non seulement bien formés avec de l'exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux qu'ils sont heureux, épanouis, des amis qui sont bien, qui sont en sécurité et en


confiance". Et de rappeler en conclusion : "'Avant de stigmatiser le choix des parents d'élèves, il est important de rappeler que l'école, c'est celle de la République et que la République


travaille avec tout le monde".


Les arguments avancés par Amélie Oudéa-Castera n'ont pas manqué de faire réagir les oppositions au quart de tour. Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a entendu des propos


"hallucinants" et parodie la réaction de la ministre : "L'école publique dont je suis désormais la ministre n'était pas assez bien pour mes enfants alors je les ai scolarisés dans un lycée


privé dont les valeurs sont, selon les enquêtes qui y ont été réalisées, loin des valeurs républicaines". Olivier Faure fait allusion à des accusations de dérives homophobes et sexistes


visant le collège-lycée Stanislas. L'inspection générale de l'Education nationale a d'ailleurs lancé une enquête sur l'établissement scolaire début 2023.


Marine Le Pen s'indigne : "Sept ans qu'ils sont au pouvoir, sept ans qu'ils n'ont rien fait pour redresser l'école de la République. Et ils s'offusquent aujourd'hui du délabrement de


l'enseignement public, comme s'ils n'en étaient pas responsables".


Le député LFI Rodrigo Arenas, ancien coprésident de la fédération de parents d'élèves FCPE, a saisi le recteur de l'académie de Paris "pour vérifier les propos dénigrants de la ministre de


l'Education nationale à propos de l'école Littré à Paris" : il s'agit de l'école publique qu'a quitté le fils aîné d'Amélie Oudéa-Castera.


Les syndicats enseignants, qui se sentent attaqués, ont aussi réagi vivement. "Des propos lunaires et provocateurs, contre le service public d'éducation et ses personnels", a commenté sur X


Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.


La CGT Educ'action a fustigé une "lamentable et indigne prise de parole de la nouvelle ministre". Pour Jean-Rémi Girard, président du Snalc (collèges et lycées), c'est "une histoire


intéressante par ce qu'elle dit sur l'abandon de l'école publique par nos dirigeants". Quant à l'Unsa, il "ne manquera pas de rappeler très vite à la ministre que son sujet premier doit être


l'Ecole publique, la seule école de tous et pour tous", a fait savoir la secrétaire générale du syndicat des enseignants Elisabeth Allain-Moreno.


"Si les remplacements n'étaient pas assurés à Littré c'est parce qu'il y a eu des milliers de postes de remplaçants supprimés", a embrayé de son côté la porte-parole du SNUipp-FSU (principal


syndicat du primaire) Guislaine David.


Au cours de la passation de pouvoirs entre Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castera vendredi, le Premier ministre avait salué "la rage de vaincre" de celle qui lui a succédé à l'Education


nationale. Elle ne pensait sûrement pas devoir sortir aussi tôt les griffes.