La fermeture de france ô, nouvelle étape dans la stratégie de france télévisions vis-à-vis des outre-mer

La fermeture de france ô, nouvelle étape dans la stratégie de france télévisions vis-à-vis des outre-mer


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Les chaînes de télévision publiques doivent prendre le relais de France Ô pour la représentation des Outre-mer. © Crédits photo : Lionel Bonaventure/AFP. Le développement numérique et une


plus grande présence des programmes ultramarins sur les chaînes nationales doivent prendre le relais de France Ô, qui cessera d’émettre le 23 août. Un enjeu important, alors que ces


territoires sont faiblement représentés à la télévision. Julianne Rabajoie-Kany Publié le 21 août 2020 C’est la fin du suspense : dimanche prochain, la chaîne France Ô, dédiée aux


territoires ultramarins, cessera d’émettre et d’être diffusée sur la TNT. Cette décision, confirmée par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot le 7 août, s’inscrit dans la nouvelle


stratégie de représentation des Outre-mer de la télévision publique, esquissée en 2019. Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, Franck Riester, alors ministre de la Culture, et


Annick Girardin, ministre des Outre-mer, avaient en effet signé il y a un an un « Pacte de visibilité des Outre-mer » pour « ancrer un réflexe Outre-mer », au sein même du groupe France


Télévisions comme « auprès de ses publics ». Ce « Pacte de visibilité » prévoit 25 engagements, dont le respect doit être mesuré à travers onze indicateurs, et dont le suivi est assuré par


un comité interne au groupe de télévision, qui se réunira pour la troisième fois le 28 septembre. Parmi les 25 engagements, la redistribution de programmes liés aux Outre-mer entre les


chaînes du groupe France Télévisions. France 2, France 3 ou France 5 doivent ainsi diffuser au moins un programme ultramarin en _prime-time_ par mois « en moyenne ». En 2019, 22 programmes


ultramarins avaient été diffusés en première partie de soirée. Le budget de dix millions d’euros dédié aux productions ultramarines, auparavant surtout diffusées sur France Ô, est préservé.


Dans les journaux télévisés nationaux (France 2 et France 3), le nombre de sujets sur ces territoires « est en progression », selon le comité de suivi, et doit augmenter, mais aucun


engagement chiffré n’a été précisé. Enfin, les grilles de programmes des chaînes nationales doivent également intégrer « des objectifs adaptés de représentation » de ces territoires, et


l’appréciation, portée par le public sur la visibilité des Outre-mer sur les chaînes du groupe sera un indicateur de suivi. UN PORTAIL NUMÉRIQUE CRÉÉ EN JUIN Le déploiement sur le numérique


est l’autre grand axe de la nouvelle stratégie de représentation des Outre-mer. Un portail numérique, La1ere.francetvinfo.fr, a été créé le 3 juin dernier. Il regroupe toutes les chaînes du


réseau La 1ère, qui rassemble les neuf stations locales ultramarines, équivalent du réseau régional France 3 en métropole. Ces chaînes sont désormais accessibles sur une même plateforme,


partout et en haute définition. Les chaînes du réseau La 1ère connaissent depuis peu un essor sur le numérique : la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, indiquait qu’en 2018,


l’ensemble des sites de ces chaînes avait atteint « plus de 48 millions de visites », une progression « très nette par rapport à 2017 ». Le portail La1ère réussira-t-il à trouver son public 


? « L’audience nous satisfait », déclare le pôle Outre-mer de France Télévisions, qui annonce que les premiers chiffres seront communiqués début octobre, en même temps que le lancement de


nouveaux programmes. Pour France Télévisions, la fermeture de France Ô s’inscrit donc dans la redéfinition de l’offre dédiée aux Outre-mer. Peu regardée (0,3% de part d’audience en moyenne),


la chaîne souffrait selon la direction d’un manque de visibilité et d’identité claire. L’annonce de l’arrêt de la chaîne, initialement prévu le 9 août puis réexaminé pour finalement être


repoussé au 23 août, avait suscité des contestations en interne, mais aussi auprès du public. 125 personnalités ont ainsi publié une tribune dans le journal _Libération _le 27 juillet


dernier, pour « maintenir et transformer » France Ô. À l’appel des signataires, dont l’académicien Erik Orsenna, l’ex-footballeur Lilian Thuram, l’adjointe à la mairie de Paris Audrey Pulvar


ou le comédien Pierre Richard, plus de 100 000 personnes ont signé la pétition en ligne #SauvonsFranceÔ. Leurs inquiétudes ? Voir le lien entre métropole et territoires d’Outre-mer se


distendre et les citoyens ultramarins « marginalisés » et « méprisés » par l’audiovisuel public. UNE REPRÉSENTATION À LA MARGE Il faut dire que, jusqu’à présent, la représentation des


Outre-mer sur les chaînes nationales est quantativement marginale. Les programmes nationaux n’avaient jusqu’ici pas de critère de régularité pour aborder les Outre-mer. Ces territoires sont


donc représentés en fonction des sujets et de l’actualité, souvent à l’occasion de crises (grève générale en Guyane en 2017 ou lors du passage de l’ouragan Irma, la même année). Or, selon


des données de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), analysées dans un rapport de la délégation Outre-mer au Sénat de 2019, sur l’ensemble des programmes de France 2 entre 2007 et


2018, on comptait moins d’une mention d’un territoire ultramarin par jour. Sur la même période, les Outre-mer représentaient 0,5 % de l’offre d’information des journaux télévisés. Si les


chaînes du service public accordent plus de place aux territoires ultramarins que les chaînes privées, leur représentation demeure très faible. L’enjeu est donc réel pour France Télévisions,


alors même que, selon le dernier rapport Médiamétrie « l’Année médias Outremer », les ultramarins sont en forte demande d’information locale. VISUELLE ET VIRALE, LA RADIO ÉVOLUE - ÉPISODE


3/5 Antoine Bayet est directeur de l’information numérique à France Info. Depuis deux ans, il supervise la mise en images de la station, avec un objectif : donner la priorité à l’info chaude


sans chercher à copier la télévision. Pour trouver sa place dans l'écosystème déjà encombré des chaînes d'information en continu, franceinfo mise sur le transmédia et sur un


rapport différent à l'information.