Rtl group : un conglomérat de médias paneuropéen

Rtl group : un conglomérat de médias paneuropéen


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RTL Group est un élément clé de la société Bertelsmann et un acteur majeur dans le paysage médiatique européen, avec des dizaines de chaînes de télévision et stations de radios opérant à


travers tout le continent. Erasmus Elsner Publié le 21 janvier 2011 RTL Group est l'un des plus grands groupes de médias européens, assurant la gestion de 45 chaînes de télévision et de


31 stations de radio dans 11 pays. Inclus dans le portefeuille médias des actifs Bertelsmann, RTL a, au cours de la dernière décennie, évolué pour devenir la plus grosse « poule aux oeufs


d'or » du groupe. Ainsi, pour l'année fiscale 2009, RTL a contribué à environ un tiers (34 %) du chiffre d'affaires du groupe et à plus de la moitié (54 %) des bénéfices. Si


RTL enregistre des ventes moindres aux États-Unis (soit 5 % des revenus de l'année fiscale 2009) par le biais de sa société de production Fremantle Media pour les contenus anglais, le


groupe conserve son identité de diffuseur de grande envergure pour les zones Allemagne (avec un tiers des revenus de l'année fiscale 2009) et Europe. LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE : DE


BERTELSMANN FERNSEHPRODUKTION À L'INTÉGRATION FINALE À la différence d'autres divisions de Bertelsmann, comme Avarto ou Direct Group, RTL ne fait pas partie des premières


structures enfantées par le groupe, celles qui ont grandi, de façon organique, à partir d'une opération interne. Sous sa forme actuelle, RTL doit plus volontiers être considéré comme le


produit d'une combinaison complexe de start-ups lancées en interne, de sociétés en participation, de fusions et d'acquisitions. L'élément externe substantiel du groupe RTL


est toujours inhérent dans l'organisation actuelle de la compagnie, qui est une société côtée avec un flottant de 9 % - Bertelsmann possédant le pourcentage restant. C'est là un


signe notable de l'éloignement de Bertelsmann de ses directions premières, à savoir le choix d'être une structure de propriété privée et le souhait de posséder, à terme, 100 % de


ses filiales. * BERTELSMANN FERNSEHPRODUKTION, PREMIER PROJET EN INTERNE Bertelsmann a fait ses premiers pas dans l'industrie de la production télévisuelle et cinématographique en 1960,


en créant une structure de production télévisée au sein de ses propres murs (Bertelsmann Fernsehproduktion). Cette entreprise en interne, qui comptait un effectif de 120 employés, a été


créée avec un point de mire stratégique, le futur lancement d'une seconde chaîne de télévision publique en Allemagne (la ZDF), laquelle attendait encore, à l'époque, une validation


du point de vue légal. Cependant, la ZDF n'ayant pas commencé à diffuser avant 1963, en raison de désaccords légaux, Bertelsmann Fernsehproduktion n'a pas réussi à prendre de


suite son élan – ne réalisant que des ventes mineures à des chaînes locales (par exemple à la chaîne Hessischer Rundfunk). * L'ACQUISITION DE L'UFA : UN INVESTISSEMENT STRATÉGIQUE


SUR UN POIDS LOURD HISTORIQUE Une fois les activités de la ZDF lancées, les affaires de la société de production privée vendant des contenus à un diffuseur public se sont considérablement


améliorées. Malgré tout, il manquait toujours à la structure interne de Bertelsmann l'ampleur nécessaire pour profiter pleinement des opportunités offertes par le revirement légal.


C'est pourquoi Bertelsmann a décidé de poursuivre ses opérations sur des opportunités externes, en rachetant la société Universum-Film AG (UFA) à la Deutsche Bank en 1964.


L'opération de Bertelsmann sur Universum-Film AG incluait aussi l'acquisition de l'UFA-Theater AG, entité gérante d'une chaîne de salles de cinéma de 35 écrans. Bien que


cette structure fût mise en vente seulement 8 ans après son achat, Bertelsmann a pu, pendant un temps, contrôler la production de contenus, la distribution et la diffusion de long-métrages


de très grande qualité, ce qui a donné au groupe un très fort degré d'intégration verticale. * RTL : JOINT-VENTURE AVEC LA CLT Jusqu'aux années 1970 et 1980, la création de


stations de radio et de chaînes de télévision commerciales était interdite dans la plupart des économies européennes. Luxembourg a montré une heureuse exception à ce cadre légal. Cette sorte


de porte de secours législative qui a émergé au Luxembourg allait être copiée dans le reste de l'Europe. L'une des entreprises de diffusion privée les plus florissantes à mettre


en œuvre cette stratégie fut la Compagnie Luxembourgeoise de Radiodiffusion (CLR). En 1957, la CLR avait lancé une station de radio privée, allemande, “Radio Luxembourg”, qui a rallié un


très large public parmi les auditeurs allemands. Bien que le club du livre de Bertelsmann ait établi un petit partenariat avec Radio Luxembourg quelque temps auparavant, il a fallu attendre


le début des années 1980 pour que la CLR (sur le point d'être rebaptisée CLT, à l'époque) apparaisse sur la ligne d'horizon de Bertelsmann comme un partenaire potentiel pour


des projets de plus grande envergure – la création d'une chaîne de télévision commerciale en Allemagne. À l'époque, le cadre légal concernant les chaînes de télévision privées à


but commercial était en train de s'assouplir, suite à une décision de justice majeure datant de 1981, et l'apparition d'une chaîne de télévision commerciale en Allemagne


n'était plus qu'une question de temps. En attendant ce grand événement, la CLT a eu le temps d'apprendre comment gérer au mieux une station de radio allemande et a produit une


émission télé au Luxembourg pendant près de dix ans. Cependant, les programmes allemands dont disposait la CLT n'étaient pas de très grande qualité. De l'autre côté de la


frontière, Bertelsmann était devenu un acteur majeur dans la production de contenus pour la télévision allemande et avait pris conscience que les changements qui s'opéraient dans le


cadre législatif offriraient bientôt une chance inouïe pour mener plus en avant une politique d'intégration (en ne se limitant plus à la production de contenus, mais aussi en prenant en


charge son insertion au sein d'une chaîne). Malheureusement, il manquait à Bertelsmann un savoir-faire en matière de diffusion – une compétence que la CLT, elle, détenait. Ainsi, les


ingrédients de base pour un contrat réussi de joint-venture étaient réunis, les deux parties ayant chacune entre leurs mains un atout de taille qui pourrait aider à produire des synergies


substantielles, dans le cadre d'un travail à l'unisson. En 1983, Bertelsmann et la CLT ont décidé de constituer une nouvelle entité, bien distincte et légale, à travers laquelle


ils pourraient créer un diffuseur privé, de nationalité allemande – RTL Plus. En janvier 1984, RTL Plus passe à l'antenne et connaît un succès immédiat, récupérant, au cours de sa


première année d'existence, 40 % du budget investi grâce aux revenus générés par la publicité. STRUCTURE ORGANISATIONNELLE EN 19841. * LA FUSION CLT-UFA Au cours des années qui ont


suivi, le seul lien entre la CLT et Bertelsmann a été leur joint-venture RTL Plus, qui a fait rapidement grimper son audience de moins de 1 % en 1984 à plus de 20 % dix ans plus tard. Avec


RTL Plus qui apparaît comme une opération couronnée de succès et comme une très grande opportunité pour les deux partenaires, les deux groupes ont utilisé leurs liquidités communes pour


alimenter leurs portefeuilles d'actifs respectifs dans le domaine de la diffusion. De ce fait, encouragés par le succès rapide de RTL Plus, la CLT a lancé une série de chaînes de


télévision commerciales en Europe, comme M6 en France et RTL Véronique aux Pays-Bas (1989). De son côté, Bertelsmann a décidé de tenter une plus forte implantation sur le marché allemand en


s'associant au projet allemand de chaîne commerciale Premiere, une chaîne lancée en 1990. Bertelsmann a aussi participé au lancement de Vox, une nouvelle chaîne de télévision privée et


gratuite, apparue en 1993. _STRUCTURE ORGANISATIONNELLE EN 1997 : AVANT LA FUSION CLT-UFA2._ Au fil des années, la collaboration entre les deux groupes, la CLT et Bertelsmann, n'a pas


toujours été des plus tendres. Des querelles de pouvoir se seraient produites au sujet du contrôle de RTL, qui était devenue la grande affaire en or, pour chacun des deux groupes. Sans


oublier que la CLT – en tant que diffuseur entièrement dédié à ce domaine, prêt à faire fructifier ses actifs dans le secteur – s'est sentie laissée de côté concernant les projets


Premiere et Vox de Bertelsmann. Ainsi, fin 1996, l'idée d'un futur commun entre la CLT et Bertelsmann était plus qu'incertaine. L'un des grands sujets de l'époque


était la création d'une chaîne payante numérique, dont le développement était déjà assez avancé au Royaume-Uni et aux États-Unis. Le plus grand acteur européen sur ce secteur était Sky,


propriété de News Corporation – le célèbre géant des médias façonné par Ruport Murdoch. Ainsi, au début des années 1990, les trois plus grands opérateurs de télévision en Allemagne (la CLT,


Bertelsmann et le groupe Kirch) sont entrés en compétition pour gagner une alliance avec News Corporation. En 1996, Bertelsmann venait tout juste de récupérer News Corporation comme


partenaire, alors que la CLT était sur le point de signer un accord de joint-venture avec News Corporation. Selon l'accord de partenariat entre Bertelsmann et la News Corporation, une


nouvelle entité juridique, Newco, était créée parallèlement à Canal + et à Havas pour développer un modèle de télévision numérique. Autre point du contrat : News Corp obtenait 25 % des parts


de Premiere. En toile de fond de ces derniers développements, lesquels avaient, dans une certaine mesure, donné l'avantage à Bertelsmann en termes de positionnement stratégique, les


deux groupes à l'origine de RTL lancèrent des négociations, qui ont débouché sur la signature d'un accord de fusion entre l'UFA possédée par Bertelsmann et la CLT, en janvier


1997. Bertelsmann et l'actionnaire principal de la CLT, GBL (dirigée par l'investisseur belge Albert Frère) possédaient à présent 50 % chacun des opérations de l'UFA-CLT.


_STRUCTURE ORGANISATIONNELLE EN 1997 : APRÈS LA FUSION CLT-UFA3._ Une conséquence partielle de cette fusion a été le retrait, un peu plus tard, de NewsCorp de la joint-venture de recherche


et développement Newco - officiellement, pour s'être sentie trahie par Bertelsmann, auquel News Corp avait pourtant donné la priorité sur la CLT, contre la promesse implicite que


Bertelsmann ne poursuivrait aucun travail commun avec la CLT. Le projet avec News Corp, qui avait été un facteur décisif dans le choix de la CLT, fût donc abandonné avant même d'avoir


été vraiment lancé. Malgré tout, à ce moment précis, le contrat de fusion entre l'UFA et la CLT était déjà bel et bien acté, ce qui assurait à Bertelsmann un positionnement très


avantageux sur le futur marché de la télévision européenne. * LE CONTRAT SUR PEARSON Au cours des années qui ont suivi, le projet de chaîne payante Première pour l'Allemagne – un projet


qui focalisait toutes les attentions – s'est révélé être très éloigné de l'idée que tout le monde s'en était fait – du contenu de très grande qualité vendu pour des prix très


élevés. Le développement d'une solution numérique avait consommé tellement de crédits que même les abonnements chers payés pour avoir accès à l'offre n'étaient pas en mesure


de rééquilibrer la balance. C'est cette situation qui a conduit les deux plus grands groupes de télévision allemands, la CLT-UFA et le groupe Kirch, à combiner leurs forces pour trouver


les fonds d'investissement nécessaires et développer le contenu de qualité souhaité. Cependant, la Commission européenne a déclaré cette option non valide en 1998, en raison des


impératifs d'anti-concentration. Sans compter que, un peu plus tard cette même année, l'Office des cartels allemand a rejeté la demande de la CLT-UFA de faire passer ses parts


actionnariales à 50 %. De cette façon, il est apparu clairement qu'un seul des acteurs du duopole allemand de diffusion privé (entre la CLT-UFA et le groupe Kirch) pourrait, en fin de


course, contrôler la chaîne Premiere. Au final, en 1999, la CLT-UFA décida de se retirer, en vendant la quasi-totalité de ses parts dans Premiere au groupe Kirch. Comme la télévision payante


était toujours considérée comme un marché porteur par les Allemands, même si, dans ce secteur, les projets consommaient, chaque jour, des sommes d'argent qui se comptaient en millions,


le groupe Kirch a payé un montant généreux de 1,6 milliards de Deutsche Mark pour les parts de la CLT-UFA et a aussi conclu un accord d'approvisionnement en contenus avec le vendeur.


Avec le recul, cette vente s'est avérée être une sage décision pour Bertelsmann et un choix fatal pour le groupe Kirch – qui a été contraint à déclarer faillite en 2002, en partie à


cause des performances désastreuses de la chaîne Première. L'injection massive de fonds dans le groupe CLT-UFA en 1999 a offert à ce dernier la solidité nécessaire pour envisager de


nouvelles opportunités d'investissement. Contrainte à se développer uniquement sur son sol natal en raison des règles concernant les pénétrations excessives du marché, le groupe a


examiné les possibilités d'extension géographique et a jugé que le Royaume-Uni serait un marché complémentaire très intéressant. C'est ainsi qu'en avril 2000, la CLT-UFA a


fusionné avec Pearson Television, une filiale de la maison d'édition britannique Pearson. La structure qui en a résulté a été rebaptisée RTL Group et s'est trouvée directement


cotée au London Stock Exchange (le capital flottant est toujours resté non substantiel et n'a jamais atteint les 15 % promis au départ, ce qui a conduit les actionnaires minoritaires, à


terme, à engager des procès au civil). La nouvelle entité était sous contrôle majoritaire de Bertelsmann, avec une participation de 37 %, et de GBL, avec une participation légèrement


inférieure de 30 %. Le reste était détenu par Pearson (22 %) et des actionnaires publics. Ainsi, même si la transaction, dans sa forme, était une fusion, il ne s'agissait pas d'une


fusion “d'égal à égal” - comme l'a montré la structure de propriété qui a suivi l'opération. D'un point de vue stratégique, cette fusion signifiait que Bertelsmann


aurait à présent un premier pied dans le marché du divertissement anglo-saxon. _STRUCTURE ORGANISATIONNELLE EN 1999 : APRÈS LA FUSION CLT-UFA / PEARSON TV._ La première initiative concrète


est la création de Fremantle Media, société de production basée à Londres. À ce jour, Fremantle Media est toujours la structure de production de contenu principale pour RTL. Les activités de


production de l'UFA, première entité rattachée à la télévision dans laquelle Bertelsmann avait investi, seront dès lors gérées par Fremantle Media. C'est aussi par le biais de la


nouvelle structure Fremantle Media que Bertelsmann réalisera ses premières ventes de contenu télévisé à destination des États-Unis, avec Pop Idol, un concept qui sera rebaptisé American Idol


par la Fox. * L'INTÉGRATION FINALE : LE RETOUR AUX COMMANDES À l'aube des années 2000, Bertelsmann était l'un des acteurs majeurs dans le secteur de l'audiovisuel payant


en Europe. Ses 37 % d'actionnariat dans RTL n'était pas tant le résultat de la croissance organique d'une structure historique, mais bien plus le produit final de nombreuses


années d'adaptation fiévreuse à un paysage médiatique en constante mutation, avec des coopérations stratégiques, des positionnements tactiques et, parfois, des coups de chance. Le prix


que devait payer le groupe de médias allemand de Gütersloh pour assurer sa croissance par le biais d'acquisitions (et non pas sur un mode organique) était la perte de contrôle sur ses


propres affaires. Ainsi, Bertelsmann a mobilisé toutes ses forces au début des années 2000 pour évincer ses anciens alliés – pour atteindre son objectif, avoué, de reprendre les commandes.


L'un des premiers pas de Bertelsmann pour atteindre cet objectif a été de montrer un comportement peu habituel au sein du groupe : le contrôle d'un bien très privé auparavant a été


abandonné – les parts de Bertelsmann AG. Au cours d'une transaction par échange de parts au début de 2001, Bertelsmann a accepté d'échanger 25,1 % des parts de Bertelsmann contre


30 % de participation de GBL dans le groupe RTL. À la seule vue des conditions financières de l'accord (soit seulement 4,9 % de différence en termes d'intérêts financiers lors de


l'échange entre la propriété de la filiale et la propriété du groupe), on peut juger très aisément du rôle central qu'avait gagné RTL, à l'époque, dans le portefeuille


d'actifs de Bertelsmann. En outre, Bertelsmann a accordé à GBL le droit de côter ses parts en 2005 – une concession qu'aura à regretter le groupe, quelques années plus tard. Il


faut aussi noter que cette concession a été accordée parce que l'une des subtilités de l'échange de parts était que GBL avait donné son accord pour détenir seulement 25 % des


droits de vote, alors qu'elle détenait 25,1 % des intérêts financiers. Pour comprendre la signification de cet écart de 0,1 % qu'a accepté GBL, il faut savoir que, selon la loi


allemande concernant le droit des titres, de nombreuses décisions de gouvernance importantes (par exemple l'amendement d'articles portant sur l'association ou la vente


d'un actif substantiel) requièrent un accord de 75 % des actionnaires. En ne donnant pas plus de 25 % des droits de vote à GBL, la Fondation Bertelsmann s'était assurée


d'avoir toujours le contrôle pour ces décisions majeures. Néanmoins, avec le recul, il semble que l'échange de parts ait eu lieu selon des termes largement en faveur de GBL. En


effet, la transaction incluait un contrôle prioritaire de GBL pour les actifs médias les plus prometteurs de Bertelsmann. En d'autres termes, Bertelsmann a échangé son ancien


portefeuille médias pour se concentrer plus sur son tout nouveau portefeuille. _STRUCTURE ORGANISATIONNELLE AU DÉBUT DES ANNÉES 2000 : ÉCHANGE DE PARTS GBL. (ECHANGE DE PARTS, DE


CO-ACTIONNAIRES DE LA FILIALE À L'ACTIONNAIRE DE BERTELSMANN)._ GBL sortant en quelque sorte du cadre (du moins au niveau de la filiale), tous les yeux se sont braqués sur Pearson. En


2001, Bertelsmann a racheté, pour 1,5 milliards d'euros, les 22 % de parts de Pearson dans RTL. Le moment et le prix d'achat ne pouvaient être mieux choisis pour Bertelsmann. La


contrepartie payée a impliqué une valeur totale de 6,8 milliards d'euros d'actions – près de 50 % des 13,5 milliards d'euros de capitalisation du marché un an plus tôt. La


raison de cette baisse sensible a été expliquée par l'importante dépréciation financière – 2,3 milliards d'euros – de Pearson Television – dont l'ancien propriétaire était


alors sur le point d'être racheté. Dans ce contexte, il semblait que Bertelsmann et GBL avaient, en quelque sorte, dépensé beaucoup trop pour Pearson TV, mais cette perspective négative


était contrebalancée par le fait que la fusion entre Pearson et la CLT-UFA était, dans les faits, un accord de papier et que Pearson n'a rien eu à dépenser avant que les évaluations


aient substantiellement baissé, tout au début de l'explosion de la bulle Internet. _STRUCTURE ORGANISATIONNELLE À LA FIN 2000 : CONTRAT SUR PEARSON._ En 2006, cinq années après les


derniers changements majeurs, Bertelsmann devait prendre une décision importante. Dans sa frénésie de prise de pouvoir en 2001, quand le groupe avait réussi à écarter GBL et Pearson de la


liste des actionnaires directs de RTL, Bertelsmann avait fait une offre généreuse à GBL en lui accordant la possibilité de coter les 25,1 % de parts dans le groupe que GBL avait obtenues au


cours de l'échange de parts présenté précédemment. Au départ, ce droit était censé disparaître en 2005, mais l'option a été étendue pour deux années supplémentaires une fois


arrivée à échéance. En 2006, Bertelsmann a décidé de mettre un terme à la pression qui pesait sur GBL concernant le moment de son introduction en bourse et lui a fait une offre financière.


En juillet 2006, un contrat a été signé, assurant l'existence de Bertelsmann comme une compagnie privée. Pour une contrepartie de 4,5 milliards d'euros, GBL a accepté de revendre


sa participation au groupe. C'est de cette façon que Bertelsmann a pu mettre un point final à l'ère CLT et a pu gagner un contrôle total sur le groupe RTL (exception faite, à cette


date, de 9 % de capital flottant pour le groupe RTL). Pour financer cet acte de libération, Bertelsmann a dû faire le fond de ses poches – en acceptant un emprunt provisoire, remboursé plus


tard grâce à la vente de BMG Music Publishing au groupe Vivendi et grâce à l'émission d'une dette publique. _STRUCTURE ORGANISATIONNELLE EN 2006 : ACCORD GBL._ DÉVELOPPEMENTS


RÉCENTS * Les cinq dernières années : la recomposition du portefeuille médias Sur les cinq dernières années, le portefeuille d'actifs médias de RTL a subi des ajustements majeurs.


D'un point de vue géographique, le groupe s'est étendu à la Russie (en faisant l'acquisition de 30 % de participation dans REN TV, en 2005) et à la Grèce (en achetant Greek


Alpha Media en 2008), mais, dans le même temps, le groupe s'est retiré d'autres régions comme le Portugal (en vendant sa participation dans Grupo Media Capital en 2007). Sur la


question des formats, RTL a renforcé son implication dans la gestion de stations de radio (par exemple avec l'acquisition, en 2007, de Radio 538, une station néerlandaise) et de chaînes


de télévision (comme avec l'acquisition complète de la chaîne d'actualité allemande n-tv en 2005), alors qu'elle freinait un peu ses activités concernant des opérations


subsidiaires, comme la gestion de droits de propriété intellectuelle (comme le montre la vente de Sportfive – une agence marketing axée sur les droits sportifs, à activité internationale,


vendue à Lagardère en 2006). * LES TOUS DERNIERS CHANGEMENTS En mai 2010, RTL a initié, en douceur, une procédure pour vendre sa chaîne britannique publique Channel Five. La chaîne battait


de l'aile depuis plusieurs années. En 2009, la société a perdu, à elle toute seule, plus de 1 % de parts sur le marché de la publicité de la télévision britannique, soit une perte de 10


millions d'euros et une perte de valeur de 140 millions d'euros comparé à la valeur comptable des actifs de Channel Five dans les comptes de RTL. Un an plus tôt, au début 2009,


RTL travaillait encore à une option de repli moins radicale, en l'occurrence une fusion avec la chaîne publique britannique Channel 4 – qui, de son côté, fonctionnait également à perte.


La structure envisagée était un partenariat public-privé qui aurait pu donner lieu à des économies très importantes – estimées à environ 20 à 50 millions de livres sterling. Cependant, les


négociations ont été interrompues très tôt dans la procédure, notamment parce que le projet ne remportait pas du tout l'adhésion au sein de Channel 4. Le 23 juillet 2010, on a annoncé


que RTL vendrait sa participation dans Channel 5, au Royaume-Uni, à Richard Desmond – un éditeur britannique célèbre pour avoir développé une affaire de magazines pour adultes – pour 104


millions de livres sterling. La transaction a été facilitée, en grande partie, par un redressement du marché de la publicité britannique au cours de la première moitié de l'année 2010.


ENVIRONNEMENT CONCURRENTIEL * DES CHAÎNES PUBLIQUES DANS DES SYSTÈMES DE RADIODIFFUSION DUAUX Depuis le tout début, lorsque Bertelsmann a co-créé l'une des premières chaînes de


télévision à être à la fois gratuite et commerciale en Allemagne, RTL Plus, Bertelsmann était en concurrence directe avec des chaînes publiques. En effet, leur projet de départ reposait,


dans son intégralité, sur le potentiel d'érosion future de l'audience des diffuseurs publics. Cependant, dans la mesure où Bertelsmann gérait également une grande société de


production audiovisuelle, qui n'avait, jusque-là, fourni des contenus qu'à des opérateurs publics, et continuait à le faire depuis le lancement de la chaîne privée, la situation


concurrentielle était moins violente. * D'AUTRES CHAÎNES PRIVÉES Comparé aux autres diffuseurs privés, il y a, bien entendu, beaucoup d'homologues actifs sur les différents marchés


locaux, comme le groupe TF1 (qui opère principalement en France), le Modern Times Group (qui couvre principalement la région du Nord) et CME (qui se concentre sur l'Europe de


l'Est). Malgré tout, le seul concurrent de RTL avec un arsenal pan-européen comparable est le groupe ProSiebenSat.1. Les deux groupes se disputent les mêmes paires d'yeux dans les


zones importantes, comme la partie germanophone de l'Europe continentale (à savoir l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse et le Liechtenstein), les Pays-Bas, la Belgique, la


Hongrie et le Luxembourg. Le groupe ProSiebenSat.1, qui aujourd'hui est la propriété de groupes d'actionnariat privés, KKR et Permira, a les mêmes racines que Bertelsmann, ancrées


dans l'Allemagne d'après la Seconde Guerre mondiale. Le groupe de radiodiffusion, qui était, au départ, la propriété du groupe Kirch, a été mené sur les voies du succès sous le


patronnat de Leo Kirch – le plus célèbre magnat des médias en Allemagne, autodidacte et milliardaire. À noter que sa chaîne-phare Sat.1 a été lancée seulement un jour avant la mise à


l'antenne de la première chaîne de télévision allemande du groupe RTL, RTL Plus. POSITIONNEMENT CONCURRENTIEL DANS LES ZONES STRATÉGIQUES L'ALLEMAGNE Avec 35,3 millions de foyers


câblés, le marché allemand a le plus large public pour la télévision de toute l'Europe. À l'intérieur de ce marché qui, historiquement, a joué un rôle majeur à la fois pour le


groupe RTL et le groupe Bertelsmann, RTL est très fortement positionné – en détenant une part du marché légèrement plus importante que le groupe en deuxième position, ProSiebenSat.1. Sans


oublier que son antenne allemande est la première source de revenus de RTL, à la fois en termes de chiffre d'affaire et de résultat net. _PARTS D'AUDIENCE, ALLEMAGNE (2008).


SOURCE: ACT, AGF/GFK ET INFORMA TV INTERNATIONAL, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ L'AUTRICHE En Autriche, un marché relativement petit, avec seulement quelques 3,4 millions de


foyers câblés, RTL semble détenir une part de marché sensiblement moins importante qu'en Allemagne. Les graphiques ci-dessous peuvent cependant apparaître déroutants, en raison du degré


d'agrégation plus important des données fournies. _PARTS D'AUDIENCE, AUTRICHE (2008). SOURCE: ACT, AGTT/GFK, EUROPEAN AUDIOVISUAL OBSERVATORY YEARBOOK 2008 ET INFORMA TV


INTERNATIONAL, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ LA FRANCE En France, second marché de la télévision en Europe, en termes de taille, avec 25,3 millions de foyers câblés, le groupe RTL


est, avec M6, l'un des groupes les plus présents – le groupe RTL détenant, par ailleurs, 48,8 % du groupe M6. Il faut noter que M6 est la deuxième chaîne commerciale gratuite en


France. Cependant, l'écart entre M6 et le leader sur le marché – TF1 – n'est pas des moindres. Enfin, le groupe M6 représente la deuxième source de revenus pour RTL et la deuxième


source de contribution au résultat financier brut. _PARTS D'AUDIENCE, FRANCE (2008). SOURCE : ACT, CSA, SNPTV ET MÉDIAMETRIE, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ L'ESPAGNE En


Espagne, comme en France, RTL a des parts (seulement 20,5 % environ) dans la deuxième chaîne commerciale la plus regardée : Antena 3. Sur ce marché très segmenté, cependant, l'écart


entre RTL et le leader est vraiment minime. La chaîne diffuse également jusque dans 18 pays d'Amérique latine et des États-Unis. _PARTS D'AUDIENCE, ESPAGNE (2008). SOURCE : ACT,


SOFRES, INFORMA TV INTERNATIONAL (ESTIMATIONS), DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ LES PAYS-BAS Aux Pays-Bas, le groupe RTL est en position dominante dans le secteur de la télévision


commerciale gratuite – grâce à son entrée tôt sur ce marché, en 1989, quand la CLT a lancé RTL Véronique (maintenant RTL 4). _PARTS D'AUDIENCE, PAYS-BAS (2008). SOURCE : ACT, GFK


INTOMART ET INFORMA TV INTERNATIONAL, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ LA BELGIQUE WALLONNE Dans la partie francophone de la Belgique, qui représente environ 33% des 4,4 millions de


foyers câblés du pays, le groupe RTL est clairement en position de leader. Un écart de taille le sépare du numéro deux, le groupe TF1. _PARTS D'AUDIENCE, BELGIQUE FRANCOPHONE (2008).


SOURCE : ACT, CIM/GFK AUDIMETRIE ET INFORMA TV INTERNATIONAL, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ LA HONGRIE En Hongrie, le groupe RTL gère la plus grande chaîne de télévision


nationale, RTL Klub, dépassant même la grande chaîne publique M1. _PARTS D'AUDIENCE, HONGRIE (2008). SOURCE : ACT, AGB NIELSON ET INFORMA TV INTERNATIONAL, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR


L'AUTEUR._ LA CROATIE En Croatie, le groupe RTL détient une majorité des parts (74 %) de la première chaîne de télévision nationale – RTL Televizija. La chaîne n'a été lancée


qu'en 2004 et a réussi à dominer le marché au terme de son premier mois d'existence. Elle a toujours une bonne longueur d'avance sur la chaîne classée en deuxième position,


Nova TV, qui est gérée par le groupe CME – le plus grand diffuseur du paysage télévisuel d'Europe de l'Est. _PARTS D'AUDIENCE, CROATIE (2008). SOURCE : ACT, AGP, PLUS, CME ET


INFORMA TV INTERNATIONAL, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ LA GRÈCE En Grèce, petit marché pour la télévision, très segmenté, avec 3,7 millions de foyers câblés, le groupe RTL


dispose d'une place de choix avec ses 66,6 % de participation dans Alpha Media, achetés en 2008 à Dimitris Contominas. _PARTS D'AUDIENCE, GRÈCE (2008). SOURCE : ACT, AGB NIELSON ET


INFORMA TV INTERNATIONAL, DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._ VUE D'ENSEMBLE _SOURCE : ACT (DONNÉES DU MARCHÉ), WIKIPEDIA (FOND DE CARTE), DONNÉES RÉORGANISÉES PAR L'AUTEUR._


MODÈLE ÉCONOMIQUE AU FIL DU TEMPS * La période 1960-1984 : la production de contenus - Producteur de contenus pour les chaînes de télévision publiques Durant la phase de monopole étatique


qui a marqué l'histoire de l'industrie de la radio-télévision allemande, le modèle économique de Bertelsmann pour la radiodiffusion reposait sur une activité pure de production de


contenus, l'agencement de ces contenus relevant de la compétence des chaînes de télévision publique – ARD et ZDF. À ce jour, ces chaînes sont financées en grande partie par la redevance


sur la télévision allemande (GEZ), qui n'est pas liée aux mesures d'audience ou à aucun autre revenu publicitaire associé. Ainsi, durant cette période, les missions de l'UFA


– le noyau du groupe RTL sous sa forme actuelle – consistaient davantage à livrer du matériel commandé par les dirigeants des agrégateurs de contenu public, plutôt qu'à livrer ce que le


sacro-saint public aurait bien pu désirer. Pour les activités au jour le jour, cela signifiait qu'il s'agissait plus d'un business B2B que B2C, demandant des réunions


fréquentes et des contrats de long terme avec les chaînes du réseau public. Tandis que la plus grande part des revenus de RTL est générée, aujourd'hui, par le modèle économique public,


le groupe continue encore à générer plus de 20 % (24 % pour l'année fiscale 2009) de ses revenus grâce aux ventes et aux activités de licences de droits sur des téléfilms et des films


de cinéma aux chaînes publiques (et privées). - Une stratégie d'intégration verticale complète pour l'industrie des films de cinéma Concernant la gestion de la chaîne de cinémas


UFA-Theater AG entre 1964 et 1972, Bertelsmann a suivi un modèle d'intégration verticale complet en aval, en contrôlant l'intégralité de la chaîne de valeur, de la production de


contenu au visionnage. * La période 1984 à aujourd'hui : la diffusion télévisuelle gratuite Avec le lancement de RTL, l'un des premiers réseaux télévisuels privés en Allemagne en


1984, le modèle économique de radiodiffusion de Bertelsmann a changé de façon considérable. Au lieu de vendre aux responsables de l'ARD ou de ZDF, qui sont pratiquement des


fonctionnaires d'Etat, la production de contenu allait être, à présent, orientée par les mesures d'audience et les revenus publicitaires liés. En outre, en faisant son entrée dans


l'industrie de la télévision commerciale, le groupe a entrepris une intégration verticale, à la fois en amont et aval, de la pure production de contenu à l'agencement de contenu.


Si l'on considère la perspective des liquidités financières, le nouveau modèle économique signifiait qu'il y avait beaucoup plus d'incertitude concernant le financement des


formats, dans la mesure où il était impossible de compter sur des contrats de long terme avec une institution publique. Dans le modèle économique gratuit, on serait tenté – littéralement –


de livrer des contenus de qualité gratuitement, en espérant que cela permettrait de voler une part du public qui regarde les concurrents publics titulaires. Dans les faits, cela signifiait


également qu'il fallait établir un nouveau département des ventes, à même de faire des offres pour les espaces publicitaires disponibles – une activité qui revenait à contacter des


clients en entreprises, dans différents sphères industrielles, et, en même temps, gagner une meilleure compréhension de sa propre audience. Du point de vue de la programmation télévisuelle,


le lien direct entre les revenus de la publicité et les parts d'audience a clairement imprégné ses marques. Aujourd'hui, dans le système de radiodiffusion dual installé en Europe –


où existent à la fois des chaînes publiques et des chaînes privées – la différence entre diffuseurs privés et publics est toujours très nette lorsqu'il s'agit de programmer des


contenus et de la qualité, d'assurer une couverture locale ou de mettre en avant un parti pris politique. D'un point de vue qualitatif, les chaînes de télévision commerciales ont


eu tendance à s'adresser à une classe ou à une sphère socio-économique plus large. Aux premières heures de RTL Plus, ceci a conduit à la production de programmes télé controversés,


comme Tutti frutti - une émission de strip tease, la première à être mise à l'antenne en Allemagne. Aujourd'hui, le groupe RTL est souvent pionnier dans l'adaptation de


formats qui font appel aux instincts humains les plus bas, comme _Big Brother_,_ I’m a Celebrity_, _Get Me Out of Here _(Sortez-moi de là, je suis une célébrité pour la version française) ou


_Farmer Wants a Wife_ (L'amour est dans le pré en France). Alors que les débats sur les mérites et les périls culturels que représentent ces programmes peuvent être violents, la


structure économique de ces mêmes formats est, la plupart du temps, plutôt convaincante. À ce jour, le modèle de chaîne de télévision gratuite a prouvé sa résistance à d'autres


alternatives, en se taillant toujours la part du lion sur les revenus de RTL (environ 60 %). * La période de 1991 à aujourd'hui : les activités “TV payante” de RTL Alors que RTL


fonctionnait essentiellement sous un modèle économique de télévision gratuite entre 1991 et 1999, le modèle économique basé sur un abonnement de la chaîne allemande payante Premiere faisait


aussi partie intégrante de la stratégie audiovisuelle de Bertelsmann. Si ce modèle économique avait une histoire plutôt glorieuse aux États-Unis, où HBO avait connu le succès dès la fin des


années 1970, les choses, sur ce plan, n'ont jamais vraiment bien marché pour RTL, à grande échelle. Pendant toute la période où “Premiere” a été sous la coupe de RTL, la chaîne a eu une


trésorerie négative et des dépenses d'investissement toujours très lourdes. Avec le recul, le divorce forcé qui a eu lieu en 1999 (exposé en détails précédemment) a été un coup de


chance pour RTL Group, dans la mesure où le projet allemand de Premiere n'a jamais suivi une courbe économique en J – et, plus tard, la chaîne a joué un rôle important dans la chute du


groupe Kirch. Aujourd'hui, cependant, le groupe RTL gère avec succès des programmes tout spécialement conçus pour la télévision payante en Allemagne (RTL Crime, RTL Living, Passion), en


France (Paris Première, Téva), aux Pays-Bas (RTL Lounge) et en Russie (Klub 100). PERSPECTIVES Dans le contexte actuel, avec des cycles de vie toujours plus courts pour les produits (à la


fois en termes de contenu et de distribution) dans les industries des médias et du divertissement, il est très difficile de formuler des prévisions. Malgré tout, un point du futur semble à


peu près certain : il y aura toujours une demande pour les contenus de divertissement de qualité. Si le média peut changer, la fonction – à savoir le divertissement des masses – n'est


pas prête d'être modifiée. Pour le groupe RTL, cela signifie qu'il existera toujours une demande pour ses contenus, alors que la monétisation de ces derniers, elle, pourra évoluer


au cours du temps. Beaucoup d'extrémistes ont affirmé, au cours de la dernière décennie, que les temps de la télévision en tant que média de masse étaient révolus, les revenus de la


publicité se dirigeant de plus en plus vers les nouveaux médias. Mais, aujourd'hui encore, il semble que la télévision et ses programmes aient encore de beaux jours devant eux. Rien que


pour la première moitié de 2010, le groupe RTL a récolté 2,7 milliards d'euros (la plus grande partie de cette somme étant due à la vente d'espace publicitaire) et a enregistré


537 millions d'euros pour les chiffres EBITDA – on est donc bien loin de la mort annoncée. D'un point de vue plus réaliste, la télévision restera un média prépondérant au cours des


prochaines décennies – complété, mais non pas remplacé, par d'autres médias. Une raison très simple de la persistance de la télévision gratuite face aux alternatives numériques, en


ligne (qu'elles soient légales ou illégales), est qu'elle reste plus simple à manipuler pour le consommateur final – le contenu étant présélectionné par les chaînes. Cependant, le


public (ou certains segments de ce public), une fois qu'il a subi une première exposition à un certain format par le biais de la télévision gratuite, est en mesure de développer un


certain enthousiasme pour un nouveau programme. En raison des restrictions de temps des téléspectateurs, pris séparément, cela peut les conduire à télécharger ces programmes ou à les


regarder en streaming, des modes de consommation qui se placent en dehors des voies de la télévision traditionnelle – ce qui, au final, limite les temps de publicité disponibles pour la


chaîne (même si cela peut donner lieu à des frais de visionnage quand le téléchargement se fait sur une plateforme légale). Le groupe RTL n'est pas resté complètement passif vis-à-vis


de ces développements dans le domaine digital. Sa première arme pour éviter la fuite de son audience vers les options de vidéo à la demande, en ligne, a été la création d'un service de


_catch-up TV_ (télévision de rattrapage), en ligne, où ses programmes propres deviennent accessibles, gratuitement, sur le support numérique, pour un certain laps de temps à partir de leur


diffusion sur les canaux de diffusion télévisés classiques. Si cette solution n'est pas efficace pour empêcher les fuites d'audience concernant des long-métrages diffusés en


première partie de soirée, une case sur laquelle RTL se place souvent dans le rôle d'un preneur de licences aux conglomérats des médias américains, c'est un premier pas valable


dans le sens de la convergence des médias. La plateforme allemande de RTL, _RTL Now_, qui dispose aussi d'une offre payante de visionnage avant diffusion à l'antenne, génère en


moyenne 11,2 millions de visionnages par mois. RTL a lancé des services de _catch-up TV_ dans cinq autres pays, y compris la France (où le nombre total de visionnages est en fait supérieur à


celui qu'on relève en Allemagne), les Pays-Bas, la Belgique, l'Espagne et la Hongrie. Dans la mesure où ce sont les mêmes paires d'yeux qui se posent sur les supports en


ligne et les supports classiques du type téléviseur, la suite de l'expansion de ces services de _catch-up TV_– qui offrent une alternative valide au téléchargement illégal – devrait


assurer une bonne place à RTL concernant la vente d'espace publicitaire en ligne. Un développement récent de la stratégie de RTL dans les services de _catch-up TV_ a été l'annonce


d'une collaboration possible avec le groupe ProSiebenSat.1 pour la création d'une plateforme de télévision de rattrapage plus large, suivant le modèle très concluant, aux


États-Unis, de Hulu. Si une telle plateforme commune pourrait avoir pour effet une érosion des plateformes propres de RTL et ProSiebenSat.1, cette réunion de forces pourrait faire augmenter


le nombre de visites global. Outre les services de _catch-up TV_ de RTL, le groupe a lancé, en 2006, un site de clips, _Clipfish_, qui fait concurrence à YouTube en Allemagne. Son premier


atout compétitif est un accord de taille sur la licence de musique avec Sony BMG (devenu aujourd'hui Sony Music) – résultat de l'ancienne joint-venture de Sony avec la filiale BMG


de Bertelsmann. Il faut noter que le groupe RTL a opéré une intégration active de _Clipfish_ dans certains de ses programmes propres, locaux – comme la version allemande de Pop Idol -


produisant ainsi un trafic sur le site, grâce à son fort positionnement sur des médias plus traditionnels. Si c'est là un point certainement bénéfique pour RTL – avoir investi dans une


valeur sûre du paysage médiatique, à savoir des plateformes où le contenu est appelé par les consommateurs, il faut reconnaître que _Clipfish_ représente essentiellement une source de


dépenses. Dans la mesure où l'insertion des téléspectateurs sur ce segment va s'intensifier, RTL aura déjà à sa disposition une plateforme bien en place, qu'elle pourra alors


promouvoir de façon plus offensive par le biais de ses activités de diffusion traditionnelles, si besoin. Toutes choses prises en considération, on peut conclure que le modèle économique de


RTL en tant que radiodiffuseur et opérateur télévisuel traditionnel – entrant sur la pointe des pieds dans les nouveaux médias grâce au recyclage de ses meilleurs contenus – est bien


positionné pour le futur. La télévision demeurant le premier média de masse, un nombre considérable d'opportunités devrait faire jour pour porter le groupe d'un modèle de la


diffusion traditionnelle et gratuite vers une identité de diffuseur de contenu en ligne et à la demande. RÉFÉRENCES R.FIONA "Strategic Benefits and Risks of Vertical Integration in


International Media Conglomerates and Their Effect on Firm Performance." 2007. Dissertation of the University of St. Gallen. G.FREESE . "Fusion Fusion Bertelsmann/Ufa und CLT : die


Weichen für das TV-Geschäft der Zukunft sind gestellt." _Die Zeit._ 1996. M. HORNSMAN._ _"BSkyB makes first move into Europe." _The Independent,_ 1996. Ag. BERTELSMANN_


Institut für Medien- und Kommunikationspolitik (IfM_). _Bertelsmann AG, _2009._ _Consulté le 5 août 2010. H. P.SIEBENHAAR. "RTL exportiert Clipfish in neue Länder.", 2007.


_Handelsblatt._ "Empörte Minderheitsaktionäre wenden sich in offenem Brief an Bertelsmann". _Süddeutsche Zeitung, _2002. SWENEY, M. & MARTISON, J. "Channel Five owner


approaches Channel 4 about commercial tie-up", _The Guardian. _2010. E. VASCELLARO & S. SCHECHNER, S. "Hulu Video Site Considers an IPO". _The Wall Street Journal., _2010.


JAKOBS, H.J. & STEINGART, G. "Die Amerikaner sind crazy". _Der Spiegel., _1995. R. KJETLAND, "RTL Sells U.K.'s Channel 5 to Daily Express Owner Desmond for $161


Million". _Bloomberg News, _2010. * 11) Tous les chiffres sont des estimations basées sur des rapports publics, qui ont valeur de référence 2) Donnée exclusive de la base actionnariale


d'Audiofina, à fins informatives 3) Comprenait un consortium composé de WAZ Group, FAZ et BudaXX. * 21) Tous les chiffres sont des estimations basées sur des rapports publics, qui ont


valeur de référence 2) Donnée exclusive de la base actionnariale d'Audiofina, à fins informatives 3) Comprenait un consortium composé de WAZ Group, FAZ et BudaXXX. * 31) Tous les


chiffres sont des estimations basées sur des rapports publics, qui ont valeur de référence 2) Donnée exclusive de la base actionnariale d'Audiofina, à fins informatives 3) Comprenait un


consortium composé de WAZ Group, FAZ et BudaX.