
Tf1 +, disney +, paramount +, m6 +… pourquoi tant de plateformes adoptent le « + »
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Pour de nombreuses plateformes, le symbole mathématique « + » est devenu un code incontournable. © Illustration : Emilie Seto Le symbole « + » est devenu omniprésent dans le paysage
audiovisuel. Analyse d’un phénomène qui reflète les mutations de l’industrie et des usages. Lucas Fillon Publié le 06 mai 2024 Disney +, Apple TV +, Paramount +, TF1 +, bientôt M6 +… Pour de
nombreuses plateformes, le symbole mathématique « + » est devenu un code incontournable. Celles qui l’ont adopté ont un point commun : à quelques exceptions près, elles appartiennent à des
groupes audiovisuels historiques qui ont accéléré leur transition vers le numérique. Ces groupes ont donné à leur plateforme un nom suivant la même structure : la marque qu’ils incarnent se
voit associée au « + ». Ni Netflix, qui envoyait des DVD par courrier avant d’investir le streaming, ni Amazon Prime Video n’ont eu recours au « + ». Warner Bros. Discovery, de son côté, a
choisi de baptiser « Max » la plateforme issue de la fusion entre HBO Max et… Discovery +. Mais chez les autres grands acteurs du marché, le « + » triomphe. SUIVRE LES CODES En janvier
dernier, le groupe TF1 a ainsi lancé TF1 +, sa nouvelle plateforme : _« La marque TF1 est tellement puissante qu’il était indispensable de la conserver. Ensuite, nous avons analysé les codes
du streaming en France et à l’étranger. Un symbole se détachait nettement : le “+”. Il était donc logique que notre plateforme se nomme TF1 + »_, retrace Maylis Çarçabal, directrice de la
communication et des marques du groupe TF1. _« Pour un groupe, s’appuyer sur la marque qu’il représente, c’est une nécessité, parce que le public en est déjà familier. Y joindre le “+”,
signe de l’addition, c’est informer que la plateforme constitue une valeur ajoutée, qu’elle met à disposition une offre riche de contenus (exclusifs, de catalogue, etc.) et un large panel de
fonctionnalités »_, détaille Jean-Maxence Granier, fondateur de l’agence de conseil et d’études Think Out. Le « + », ajoute-t-il, insiste sur le fait que les groupes audiovisuels « _se_
_dépassent_ ». Littéralement, chacun d’entre eux _« fait plus »_, ce qui implique _« différent »_. Les créations originales qui ne s’inscrivent pas naturellement dans leur ADN illustrent
cette démarche. Le groupe Disney, en proposant le 7 juin prochain la série _Becoming Karl Largerfeld_, sur la vie du célèbre couturier, rappelle que sa plateforme Disney + fournit des
programmes pour une cible adulte, et pas seulement des contenus pour sa cible historique, la famille. « UNE DIMENSION VISUELLE » Le fait que beaucoup d’acteurs adoptent ce symbole ne
risque-t-il pas de perdre le public ? « _Bien au contraire_, affirme Valérie Jeanne-Perrier, directrice adjointe du Groupe de recherches interdisciplinaires sur les processus d’information
et de communication (Gripic). _Le signe “+” accouplé à un nom de média fait tout de suite sens.Cela simplifie la compréhension du produit. _» Il faut dire que le « + » cumule les atouts. «_
Un symbole a une dimension visuelle ; c’est percutant. Et le “+” est immédiatement reconnaissable, à tout âge et dans toutes les cultures. Par ailleurs, il est audible et facilement
prononçable. Enfin, il n’est la propriété de personne », _énumère la chercheure. VALEUR « PREMIUM » Avant TF1 +, la première chaîne disposait déjà d’une plateforme, myTF1,_ « mais c’était un
service de rattrapage, identifié comme tel », _rappelle Maylis Çarçabal._ « Avec TF1 +, nous proposons une offre radicalement différente : une plateforme de streaming gratuite »_ (il est
néanmoins possible de souscrire à une option payante qui supprime toute publicité). Mi-mai, ce sera au tour de M6 de mettre en ligne sa plateforme gratuite, M6 +. Avec ces deux lancements,
le symbole connaît une nouvelle évolution. _« Jusqu’à présent, le “+” était associé au payant, puis il a inclus la notion de “plateforme”, sans exclure celle du payant,_ note Philippe
Bailly, fondateur de NPA Conseil, structure d’expertise au service de la transformation des médias. _TF1 + ou M6 + changent le sens du “+” : on parle toujours de plateformes, mais, cette
fois-ci, elles sont gratuites. La stratégie ? Garder la valeur “premium” perçue, alors qu’il n’y a pas de coût d’abonnement. »_ LE « + » ORIGINEL Le risque de confusion n’est-il pas
davantage tangible ? Chez TF1, on est serein : _« La campagne de promotion autour de notre plateforme rappelle clairement qu’elle est gratuite. En parallèle, quand on charge l’application,
on constate tout de suite cette gratuité, _souligne Maylis Çarçabal. _Et les chiffres d’audience confirment qu’il n’y a aucun problème d’interprétation. »_ Ironie de l’histoire : dans le
langage courant, le « + » originel, celui de Canal +, n’est plus tellement prononcé. Et l’on a oublié qu’à son apparition, en 1984, il n’était pas à ce point chargé de sens. Pierre Lescure,
l’un des bâtisseurs de Canal +, l’a rappelé en février 2012 sur le plateau de l’émission « _On n’est pas couché »__ _(à 27’30)_ : _alors que cette chaîne en gestation est encore désignée
comme _« la quatrième chaîne couleur à péage »_, Georges Fillioud, ministre de la Communication, réagit : _« Mais comment voulez-vous vendre cette idée ? Appelez ça, je ne sais pas moi,
Canal… Canal + ! » _Réplique immédiate d’André Rousselet, le fondateur de Canal + _: « Je te le pique, c’est à nous. »_