Des groupes autochtones envoient un avis d’expulsion à plusieurs scieries
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Deux organisations atikamekw auraient envoyé le même avis d’expulsion à 11 compagnies forestières. «Par la présente, nous vous informons que tous vos employés et contracteurs doivent évacuer
immédiatement nos territoires traditionnels autochtones non cédés, sur ordre de Première Nation Mamo et des Gardien·nes du Nehirowisiw Aski», peut-on lire dans une photographie de l’avis
d’expulsion que les groupes atikamekw ont publiée sur les réseaux sociaux. Ceux-ci se décrivent comme des organisations vouées à lutter contre la surexploitation de leurs terres par les
entreprises minières, forestières et énergétiques, qui menacent les traditions et leurs coutumes ancestrales. > Dans la lettre envoyée aux scieries, ils ont écrit que les > entreprises
forestières opèrent de façon illégale sur leur > territoire et que leur présence constitue une «grave infraction de > la souveraineté autochtone». Première Nation Mamo et les
Gardien·nes du Nehirowisiw Aski «vous ordonne de quitter le territoire immédiatement, de cesser toute coupe forestière illégale ainsi que toute intrusion et toute intimidation à l’égard des
autochtones». Ils font valoir que «le nouveau projet de loi 97 sur la refonte du régime forestier a été voté sans le consentement des peuples autochtones, portant gravement atteinte à nos
droits ancestraux et à notre souveraineté millénaire». «En détruisant les forêts, c’est notre milieu de vie et notre identité qui sont détruits, bafouant ainsi notre droit de léguer un
territoire sain pour que nos générations futures puissent poursuivre le mode de vie que nous avons conservé depuis des millénaires avant la colonisation», peut-on lire dans la lettre envoyée
aux compagnies forestières. L’ordre d’expulsion vise «spécifiquement les abatteuses multifonctionnelles», ont écrit les organisations en indiquant qu’elles ne veulent «aucune nouvelle coupe
forestière». Les militants autochtones ont également avisé les scieries que «nous vous laisserons récupérer votre machinerie, vos effets personnels et vos véhicules afin de quitter notre
territoire dans un délai raisonnable de façon pacifique». Par contre, ont-ils ajouté, «si votre départ n’est pas immédiat et si les coupes persistent, nous nous réservons le droit d’occuper
et d’exercer notre souveraineté ancestrale millénaire sur notre territoire». Le projet de loi 97, déposé il y a quelques semaines, vise à créer des «zones d’aménagement forestier
prioritaire» afin de donner les coudées franches à l’industrie forestière pour qu’elle puisse optimiser chaque hectare de coupes. L’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador
(APNQL) ainsi que plusieurs acteurs de la forêt, comme des groupes environnementaux, des syndicats ainsi que des gestionnaires de zecs et de pourvoiries, ont vivement critiqué ce projet de
loi. Ces organisations, dont fait partie Nature Québec, dénoncent notamment des reculs environnementaux et une concentration du pouvoir décisionnel vers le Forestier en chef et les
aménagistes forestiers régionaux et déplorent un zonage qui cède minimalement 30 % du territoire forestier public à l’industrie. Appelé à réagir aux avis d’expulsion, Martin Bouchard,
responsable à l’Association québécoise des entrepreneurs forestiers (AQEF), a tenu à rappeler que les membres de l’association dont il fait partie respectent «entièrement les préoccupations
et doléances très légitimes des groupes autochtones». Toutefois, «quant à l’éventuel blocage de l’accès à la ressource, il est aisé de comprendre qu’il perturbe les activités de nos
entrepreneurs forestiers et travailleurs qu’ils emploient». > Les arrêts de travail «forcés ne sont guère souhaitables» et > «il y a probablement des conciliations d’intérêts possibles
> entre les acteurs dans le cadre de la réforme et ses défis de > valorisation, cohabitation et protection», a-t-il ajouté. Martin Bouchard a précisé que le Sommet sur la forêt, qui
se déroule mardi à Saguenay, est l’occasion de trouver des pistes de solutions «pour des ajustements au projet en cours de réforme du régime forestier». Cette rencontre regroupe des
travailleurs, des experts, des groupes environnementaux et des représentants des Premières Nations. En fin d’après-midi mardi, le bureau de la ministre des Ressources naturelles et des
Forêts Maïté Blanchette-Vézina, à qui les groupes autochtones ont envoyé une copie de l’avis d’expulsion, n’avait pas encore réagi publiquement à cette situation.