L’art thérapeutique change maintenant des vies en estrie
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Depuis un an, grâce à un financement de la Fondation du CHUS, les personnes qui sont suivies en santé mentale en Estrie ont accès à ces ateliers d’art thérapeutique hebdomadaires, mis sur
pied par les Impatients. Accompagnés par l’artiste d’ici Stéphanie Demers, ces patients aux diagnostics en tout genre peuvent se réunir et investir deux heures de leur temps au profit de
leur créativité, mais aussi, et surtout, de leur bien-être. Amaëlle prend part à ces ateliers depuis leur tout début. «J’ai été inscrite à un moment où je ne sortais pas beaucoup de la
maison, raconte-t-elle. Mon cercle, c’était juste ma famille. De venir ici, socialement, ça m’a permis de rencontrer des personnes, de m’identifier à d’autres. Ici, il n’y a pas de jugement,
on comprend tout de suite ce que quelqu’un vit.» > «C’est tellement quelque chose qui a changé ma vie pour de > vrai.» > — Amaëlle, usagère en santé mentale et participante aux
> ateliers d'art-thérapie D’ailleurs, aujourd’hui, son projet consiste à faire un masque pour l’une de ses camarades avec qui elle a tissé des affinités. Et vice-versa. IMPACT
«MAJEUR» Les témoignages parlent, mais les chiffres aussi. Comme l’explique Marie-Ève Gauthier, cheffe de service à la direction du programme en santé mentale et dépendance au CIUSSS de
l’Estrie-CHUS, une étude locale a démontré une amélioration de la santé mentale chez 90 % des participants, et une diminution des hospitalisations de 70 %. «C’est majeur, se réjouit Mme
Gauthier. Ça faisait des années qu’on attendait l’implantation du programme ici en Estrie. Ça existe depuis les années 90 et c’est implanté partout ailleurs au Québec.» Le financement a été
obtenu pour trois ans pour le moment, mais Mme Gauthier espère que les ateliers pourront continuer, vu les étonnants résultats. «C’est un moment de courage, de beauté et de résilience»,
croit Mme Gauthier. Visionnez notre reportage vidéo sur le sujet. (Journaliste : Jasmine Rondeau | Vidéaste : Maxime Picard | Réalisation et montage : Mòrag Bélisle) Stéphanie Demers, qui
accompagne les patients dans leur conception d’arts visuels, est aux premières loges des bénéfices encourus par le programme. En plus de constater le bris de l’isolement, et une capacité à
respecter un engagement, elle note également un apaisement à plusieurs niveaux chez les patients. «Dans le moment, c’est sur que le système nerveux a un repos. Au bout d’une dizaine de
minutes, nécessairement, en se concentrant sur ton geste, c’est comme si toute ton attention est portée ici, puis le bout de tes doigts c’est comme l’extension du cœur. Quand tu réussis à te
laisser aller, c’est beau.» Puis, quand les œuvres sont terminées, c’est l’estime de soi qui est gonflée à bloc, enfin, dit-elle. «Quand ça vient de moi, c’est une chose. Après ça, c’est
quand ça vient des autres. C’est encore plus puissant.» POTENTIEL EN CHACUN Deux groupes de 12 personnes peuvent profiter de ce programme chaque semaine. Depuis le début, ce sont donc une
trentaine de personnes qui ont pu en profiter. Les seuls critères pour y être inscrit: aimer l’art et pouvoir fonctionner minimalement en groupe. «On a une liste d’attente. Il n’y a pas de
date de fin, donc tant que tu en retires un bénéfice, tu peux continuer. Il y a eu très peu d’abandons», se réjouit Mme Gauthier, qui aimerait pouvoir agrandir l’offre. Un intervenant formé
est également toujours sur place pour gérer les trop-pleins, puisque l’exercice fait fréquemment remonter plusieurs émotions. «Ce sont toujours des ateliers libres et semi-dirigés. Les
seules limites sont les matériaux que j’ai. Si tu as une idée et que j’ai les matériaux pour, go, fonce», note Stéphanie Demers, dont le rôle est également de stimuler la créativité et de
donner des idées. > «J’accueille tout le monde comme s’il était un artiste, parce > que ce potentiel-là est en chacun de nous.» > — Stéphanie Demers, artiste responsable en atelier
«CE N’ÉTAIT PAS VRAIMENT UNE VIE» Amaëlle a été référée par une professionnelle après avoir demandé de l’aide au système public. Son parcours aura été long, mais celle-ci se montre
hautement reconnaissante de l’accompagnement qu’elle a reçu et qu’elle reçoit toujours. «J’ai eu la chance de tomber sur quelqu’un qui m’a vraiment écoutée et qui a su qu’il y avait quelque
chose de plus que juste une déprime», raconte celle qui n’avait pas de médecin de famille. Anxiété sévère, troubles obsessionnels compulsifs: la jeune femme compose avec beaucoup de
diagnostics. > «J’ai toujours eu beaucoup d’anxiété sans savoir en fait que > c’est des problématiques. On n’en parle pas. C’est comme si > on se retirait un peu de la société parce
qu’on se sent seule.» > — Amaëlle, usagère en santé mentale et participante aux > ateliers Jusqu’à ce qu’une grande perte lui fasse perdre pied. «Tout ce que j’avais mis en place
pour fonctionner normalement, même si ce n‘était pas le cas, est tombé. J’ai eu une dépression, c’est revenu. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à sentir que tout ça ce n’était pas
normal. Ce n’était pas vraiment une vie, en fait.» Outre la socialisation, Amaëlle est également fière de dire que ce complément à la psychothérapie lui a permis d’évacuer l’anxiété de
performance dans l’art. «Avant, pour moi, c’était beaucoup le résultat qui comptait. Avec l’aide de Stéphanie qui me dit de laisser aller, je fais plus ressortir mon enfant intérieur. Je ne
désire pas que ce soit des arts qu’on va exposer. C’est vraiment d’exprimer ces émotions-là, que des fois, on ne sait pas qu’on vit ou on n’est pas capable d’en parler.»