
Un ex-ministre des transports ne pouvait «pas dire non» à la saaq
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M. Poëti a accepté d’apposer sa signature à deux demandes de la SAAQ soumises au Conseil du trésor en avril 2015. Celles-ci visaient à autoriser des modalités particulières pour le processus
d’appel d’offres pour le projet technologique, connu aujourd’hui sous le nom de CASA (Carrefour des services d’affaires). Au moment où la sous-ministre aux Transports de l’époque, Dominique
Savoie, lui présente les documents, il exprime être «embêt(é)» par la reddition de compte et «ne pas être à l’aise». «Pour moi, la reddition de compte, c’est hyper important. Et je ne
trouve pas qu’il y en a tant que ça là-dedans», a-t-il témoigné, mercredi après-midi, devant la commission Gallant, qui enquête sur les ratés du virage numérique de la société d’État, dont
la plateforme SAAQclic. M. Poëti dit avoir été rassuré par les promesses de Mme Savoie selon lesquelles un projet de loi viendrait répondre à son inquiétude. «Elle a eu raison», a-t-il
témoigné. Deux pièces législatives ont été adoptées en 2017 pour renforcer la gouvernance et favoriser la surveillance des contrats des organismes publics, a souligné M. Poëti. Mais ce sont
les promesses financières présentées qui l’ont convaincu de signer les deux documents, a soutenu celui qui a été ministre des Transports de 2014 à 2016 sous le gouvernement de Philippe
Couillard. Le projet de la SAAQ générera des revenus additionnels ainsi que des bénéfices au gouvernement sans qu’il ait à mettre un sou. Il permettra aussi d’éliminer le déficit de la
société d’État et d’améliorer les services, promettait-on. «Attachez-moi. Je ne pouvais pas dire non à ça», a-t-il affirmé au commissaire Denis Gallant. Le projet de modernisation
technologique de la SAAQ pourrait coûter minimalement plus de 1,1 milliard $ d’ici 2027, soit 500 millions $ de plus que prévu, selon le Vérificateur général (VG). «PAS UN BAR OUVERT» En
matinée, le prédécesseur de M. Poëti, le ministre péquiste Sylvain Gaudreault, a défendu les allègements accordés à SAAQ, alors qu’il occupait le portefeuille des Transports de 2012 à 2014.
Selon M. Gaudreault, les demandes de flexibilité et d’exemptions à la loi consenties à la société d’État au cours de son mandat sous le gouvernement de Pauline Marois étaient accompagnées de
balises en matière de reddition de compte. Il a aussi fait valoir que les allègements ont été autorisés de manière graduelle. «À partir du mois de janvier 2013, c’est comme en escalier. Il
y a des obligations additionnelles qui sont ajoutées pour pas que ce soit bar ouvert», a affirmé M. Gaudreault. Au printemps 2013, le Conseil du trésor a permis à la SAAQ d’augmenter ses
effectifs pour davantage de flexibilité sur le plan des ressources humaines ainsi que pour soutenir ses améliorations technologiques. Un peu moins d’un an plus tard, la société d’État a
obtenu une dérogation du Conseil du trésor en lien avec les demandes d’autorisation de projets et les outils de gestion en ressources informationnelles. En mars 2014, le gouvernement
péquiste a adopté un décret permettant à la SAAQ de se soustraire à certaines dispositions de la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources informationnelles des organismes publics.
Ce décret est tombé avec l’adoption d’un des deux projets de loi adoptés en 2017 par le gouvernement Couillard. M. Gaudreault s’est souvenu qu’en toile de fond des premiers allègements
accordés à la SAAQ, la commission Charbonneau se penchant sur la collusion dans l’industrie de la construction tenait ses travaux. Ce contexte rendait le Conseil du trésor «frileux», a
évoqué M. Gaudreault, se référant à ses notes prises au moment d’une rencontre avec le président de cette instance gouvernementale de l’époque, Stéphane Bédard, en janvier 2013. «Dans le
contexte actuel à ce moment-là, toute demande était analysée avec parcimonie et il fallait se mettre des balises plus fortes», a mentionné l’ancien député péquiste, aujourd’hui directeur
général du Cégep de Jonquière. À son époque comme ministre des Transports, M. Gaudreault a également indiqué que la SAAQ n’était «pas une société mal gérée» de façon générale. Outre un
déficit lié aux activités des émissions des permis et des immatriculations, il n’y avait «pas d’autres enjeux qui nous poussent à serrer la vis à la SAAQ» sur la gestion des dépenses, a
mentionné l’ancien élu. Les travaux de la commission Gallant, qui en sont à leur troisième semaine, se poursuivront jeudi à Montréal. Version corrigée. La Presse Canadienne écrivait qu’en
mars 2024, le gouvernement péquiste avait adopté un décret permettant à la SAAQ de se soustraire à certaines dispositions de la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources
informationnelles des organismes publics. En fait, ce décret a été adopté par le gouvernement péquiste en 2014.