
Construction résidentielle: la menace de grève plane toujours
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En matinée mercredi, l’Alliance syndicale, qui représente les 200 000 travailleurs de la construction, dont une partie travaille dans la construction résidentielle, avait déposé une «offre
finale» à l’association patronale, en lui demandant spécifiquement de la présenter à ses membres pour que ce soit eux qui se prononcent. Mais l’Association des professionnels de la
construction et de l’habitation (APCHQ) a jugé que cette contre-proposition de l’Alliance syndicale n’était pas réaliste financièrement. «L’offre reçue ce matin ne contient aucune différence
notable de celle précédemment déposée par l’Alliance», a dénoncé l’APCHQ. Elle estime que ses membres ont déjà rejeté une semblable proposition, lors de la tournée de consultation qu’elle a
menée. «Les revendications syndicales actuelles ne tiennent pas compte de la capacité de payer des ménages, et ce, surtout dans un contexte de crise de l’habitation. Il faut le rappeler,
les coûts de la main-d’œuvre représentent entre 40 % et 50 % des coûts payés par le consommateur. C’est un enjeu d’abordabilité. Pour l’APCHQ, il est primordial de protéger le portefeuille
des Québécois et Québécoises», a commenté l’APCHQ. En réplique à son tour, le porte-parole de l’Alliance syndicale, Alexandre Ricard, a déploré le fait que l’APCHQ ne veuille pas soumettre
l’offre syndicale directement à ses membres, comme si elle craignait leur réponse. M. Ricard fait valoir que les employeurs des autres associations patronales, dans les secteurs industriel,
du génie civil et de la voirie, de même que de l’institutionnel/commercial, ont en effet entériné les ententes de principe qui étaient intervenues avec l’Alliance. Les représentants de
l’Alliance vont maintenant se réunir pour décider de la suite des choses. Les cinq organisations membres de l’Alliance — par ordre d’importance décroissante: la FTQ-Construction, le Syndicat
québécois de la construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD-Construction et la CSN-Construction — se sont toutes déjà dotées d’un
mandat de grève générale illimitée. Reste à savoir si elles vont décider de l’exercer ou tenter de poursuivre les discussions. SALAIRES DIFFÉRENTS DES AUTRES SECTEURS Les salaires dans la
construction étaient déjà inférieurs dans le secteur résidentiel, par rapport aux autres secteurs de la construction. M. Ricard évoque une rémunération inférieure de 6,5 % à 14 % dans le
secteur résidentiel, selon le métier. Pour un charpentier-menuisier, par exemple, la rémunération est inférieure de 10 % dans le résidentiel par rapport au secteur institutionnel/commercial,
précise-t-il. Et alors que les trois autres secteurs de la construction ont renouvelé leur convention collective, et ce, avant même l’échéance des conventions, le 30 avril, cet écart s’est
encore agrandi, a dénoncé M. Ricard. «À travail égal, paye égale», lance l’Alliance syndicale, en faisant référence aux travailleurs de la construction des autres secteurs qui ont obtenu des
augmentations de 8 % en 2025, 5 % en 2026, 5 % en 2027 et 4 % en 2028. PAS DE RÉTROACTIVITÉ Fait à noter, contrairement à ce qui prévaut dans les autres secteurs d’activité économique, les
augmentations de salaire qui sont négociées dans l’industrie de la construction ne sont pas rétroactives à la date d’échéance de la précédente convention collective. Les travailleurs perdent
donc de l’argent qu’ils ne récupéreront pas, lorsque la convention collective n’est pas renouvelée à l’échéance. «Donc, chaque jour qui passe depuis le 1er mai, c’est de l’argent en moins
dans les poches des salariés du résidentiel et des profits supplémentaires dans les poches des employeurs», s’est indigné M. Ricard. BOULET RÉAGIT À Québec, le ministre du Travail, Jean
Boulet, a laissé entendre que le secteur résidentiel ne pouvait être comparé aux autres secteurs de l’industrie de la construction. «Dans le résidentiel, l’impact n’est pas le même. La
facture, c’est des coûts de main-d’oeuvre additionnels et c’est les citoyens et citoyennes du Québec qui paient. Le travail n’est pas le même, les impacts ne sont pas les mêmes», a-t-il
commenté. Citant la hausse du coût des matériaux de construction, l’inflation et la guerre tarifaire avec les États-Unis, le ministre Boulet a ajouté: «il y a une conjoncture qui fait en
sorte que l’APCHQ peut avoir un argumentaire qui est intéressant à développer». Il prend soin d’ajouter que les travailleurs ont obtenu 2 % d’augmentation, durant les précédentes années, et
qu’ils veulent donc obtenir un rattrapage et des augmentations équivalentes à celles des autres secteurs de la construction. Il note qu’il a déjà nommé une médiatrice au dossier et espère
que les pourparlers se poursuivent.