Voivod et l’OSQ: magistral!
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Une autre, devrait-on dire, après celles données en janvier avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Voivod et l’OSQ dirigé par la chef Dina Gilbert, dont la baguette menait aussi les
musiciens à Montréal, ont réalisé un sans faute. Une expérience qui prouve une fois de plus que des genres musicaux qui peuvent sembler aussi éloignés que le metal et la musique symphonique
peuvent s’allier et créer un environnement musical riche et recherché. Tous, et ils le savent, doivent aussi une fière chandelle à l’arrangeur Hugo Bégin qui a adapté la musique de la bande
de Snake, Chewy, Rocky et Away pour un orchestre. Les musiciens de l’OSQ ne sont pas souvent accueillis comme des stars du rock, mais ce fut le cas mercredi, alors que la premier violon
Catherine Dallaire et le chef ont eu droit à une bruyante ovation à leur arrivée sur scène. Idem pour chacun des musiciens de Voivod, dont le chanteur Denis «Snake» Bélanger, dernier à se
pointer la binette sur scène. Même après 40 ans de carrière, celui qui est le _showman_ du groupe a la chance d’avoir sa voix graveleuse caractéristique toujours à point. La soirée était
lancée avec _Experiment _et toutes les pièces bénéficiaient d’un environnement graphique sur écran géant différent de celui de Montréal, un plus pour ceux qui voyaient le spectacle pour la
seconde fois, mais toujours dans la veine apocalyptique des compositions du groupe. D’ailleurs, la présence d’un orchestre symphonique pour appuyer la musique de Voivod ajoute énormément à
ce climat apocalyptique et amène l’offre artistique du groupe dans le territoire de la musique de film. Pas surprenant, car Away et sa bande rêvent depuis toujours de réaliser la trame
sonore d’un film. LE PERFECTIONNISTE Et parlons justement de Michel «Away» Langevin, le cerveau et l’artiste des couvertures d’albums du groupe, le batteur ultra appliqué qui est rarement
satisfait d’autre chose que la perfection. On pourrait passer la soirée à l’observer, dans sa cage de verre, s’affairer à créer ses rythmes non traditionnels et parfois militaires qui
propulsent littéralement tous les titres de Voivod. Comme son surnom l’indique, Away passe la soirée dans son monde à lui. Toujours hyperconcentré, exception faite de quelques coups d’œil
lancés à Dina Gilbert, à qui il trouvait qu’il avait donné un peu trop de fil à retordre à Montréal. On l’a vu une seule fois, durant _Fall, _vers la fin du spectacle, se tourner vers la
foule et lui adresser un sourire franc pendant qu’il continuait de matraquer ses fûts. DOCTEURS En fait, on sentait aussi que tout le monde semblait beaucoup moins nerveux que lors de la
première représentation à la Salle Wilfrid-Pelletier et que chacun était plus à l’aise dans l’aventure, tant Snake que Away ou les virtuoses Dan «Chewy» Mongrain (guitare) et Dominic «Rocky»
Laroche (basse), et ce même si la performance était enregistrée pour un éventuel album en spectacle. «Bienvenue dans notre laboratoire… car maintenant, nous sommes tous docteurs! Docteur
Away, Docteur Rocky, Docteur Chewy et Docteur Snake! Et nous vous avons concocté une potion magique qui risque de vous amener dans une autre dimension!» a lancé le chanteur juste après
l’interprétation de _The Unknown Knows_, un clin d’œil aux doctorats honorifiques reçus le par les membres du groupe le 26 avril à l’Université du Québec à Chicoutimi. La chimie entre les
musiciens est impressionnante, surtout sur les pièces les plus furieuses comme _Forgotten in Space_, _Nuclear War_, tirée de leur premier opus _War and Pain_, ou alors _Tribal Convictions,
_dont les vrais (et vieux) métalleux se souviendront comme du thème de l’émission _Solidrok _à MusiquePlus. La grande finale avec la version d’_Astronomy Domine_ de Pink Floyd était
littéralement grandiose, une rencontre parfaite entre le rock progressif, le metal et la musique classique. PAS POUR TOUS Ceci étant dit, si brillante soit cette collaboration, et elle
l’était, mentionnons que l’offre musicale de Voivod n’est tout de même pas pour toutes les oreilles. Mon épouse, qui apprécie pourtant beaucoup la musique classique, n’y aurait eu, je crois,
pas beaucoup de plaisir. Et il y avait tout de même quelques places vacantes dans la Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec même si, il faut le dire, le prix des billets avait été
réduit de 95 $ à 60 $ pièce au cours des derniers jours. C’est que, voyez-vous, Voivod, ce n’est pas pour ceux qui écoutent du metal en dilettante. Malgré les éléments de rock progressif,
ça demeure de la pure défonce, du thrash metal déchaîné. Comme le dirait si bien Wayne Campbell dans la version française de _Wayne’s World _traduite à Paris: À côté de _Voivod symphonique_,
le spectacle symphonique de Metallica, «c’est Pipo et Mollo font du ski, bonne nuit les petits, un suppo et au lit!»