
Peut-on vraiment retarder l’élargissement de la 50?
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À court d’argent, le gouvernement Legault met sur pause l’élargissement de l’autoroute 50 entre l’Ange-Gardien et Lachute. Un projet qu’il avait pourtant promis de compléter d’ici 2032. La
nouvelle provoque déception et consternation en Outaouais. L’«autoroute de la mort», comme on la surnomme parfois, a pourtant été le théâtre de huit collisions mortelles en 2024. Est-ce
qu’on peut seulement se permettre de retarder un projet d’infrastructures aussi important pour la sécurité des automobilistes? Est-ce qu’on devra en payer le prix en vies humaines? À LIRE
AUSSI C’est d’ailleurs une imposture d’appeler cette route une autoroute. Beaucoup hésitent à l’emprunter: on ne s’y sent pas en sécurité! Le ministère des Transports et de la Mobilité
durable se fait rassurant. On installera des glissières de sécurité sur les tronçons problématiques. Mais selon Radio-Canada, les glissières ne seront installées qu’en 2026. D’ici là, on va
se rabattre sur des opérations policières et des panneaux de sensibilisation pour garantir la sécurité des conducteurs et éviter de nouvelles collisions mortelles. Pour moi, ce n’est guère
rassurant. Surtout que le MTQ continue d’imposer une limite de vitesse de 100 km/h sur cette autoroute qui n’en est pas une, du moins sur les 87 km qu’il reste à élargir entre l’Ange-Gardien
et Lachute. Pourtant, jamais on n’envisage de réduire la limite de vitesse en attendant l’élargissement à 4 voies. Pourquoi? Est-ce parce que ce serait d’admettre que cette autoroute n’en
est pas une? Je pose la question. Le gouvernement Legault déçoit bien des gens en Outaouais ces jours-ci. Et c’est un peu de sa faute. Il a placé la barre très haute avec ses promesses. Les
caquistes ont promis mer et monde à la région pour déloger les libéraux lors des élections générales de 2018. Un nouvel hôpital, un campus unifié à l’UQO, un palais des congrès, plus de
programmes postsecondaires, une belle autoroute à quatre voies, et j’en passe. L’Outaouais allait enfin avoir droit à des infrastructures dignes de ce nom. Elle allait enfin rattraper son
retard historique sur le reste de la province! Contrairement aux libéraux qui niaient le retard de l’Outaouais en plusieurs domaines, les caquistes l’admettaient et promettaient d’y
remédier. C’était un discours neuf et rafraîchissant. Tous les espoirs étaient permis! Sept ans plus tard, on a l’impression de vivre le jour de la marmotte. Oui, il faut reconnaître que la
CAQ a mis le pied sur l’accélérateur pour rattraper le retard historique de l’Outaouais. Sauf que plusieurs projets piétinent ces jours-ci, alors que le gouvernement Legault patauge dans des
déficits records et est éclaboussé par le scandale des millions gaspillés dans l’aventure de SAAQclic. Le projet de campus unifié de l’UQO est revu à la baisse en raison du contexte
budgétaire. Le budget du cégep de l’Outaouais est coupé, compromettant le développement de nouveaux programmes d’enseignement et les services aux étudiants. Il n’y a que le palais des
congrès qui va se réaliser rapidement, un projet piloté par Loto-Québec. ET LE NOUVEL HÔPITAL? Pour l’instant, le gouvernement Legault maintient le cap sur 2034 pour la livraison du nouveau
centre hospitalier affilié universitaire de l’Outaouais. Le projet semble avoir évité le couperet du dernier budget Girard. Il est toujours inscrit en phase de «planification» au Plan
québécois des infrastructures. Par contre, on ignore encore le montant des crédits alloués à l’Outaouais pour poursuivre la planification de l’hôpital. Est-ce que ces budgets seront aussi
revus à la baisse? À suivre de près. Il reste que les difficultés budgétaires du Québec risquent de nuire au bilan du gouvernement Legault en Outaouais. Le parachèvement de l’autoroute 50
était au centre des promesses de la CAQ. «Quand j’étais journaliste, on parlait souvent de l’autoroute 50, et on en parlait comme un symbole d’inaction du gouvernement. On pensait que
l’Outaouais, ce n’était pas prioritaire pour le Québec», déclarait le ministre régional Mathieu Lacombe en 2022. Le ministre Lacombe se réjouissait à l’époque de ce que l’enjeu de
l’autoroute 50, un thème récurrent des élections en Outaouais, n’ait pas été évoqué pendant la campagne électorale de 2022. Le dossier était réglé! Aujourd’hui, on peut parier que le dossier
reviendra à l’avant-plan à l’élection provinciale de 2026.