Des frappes sur la bande de gaza font au moins 85 morts

Des frappes sur la bande de gaza font au moins 85 morts


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On ignorait dans l’immédiat si les fournitures indispensables parviendraient aux plus de 2 millions de personnes à Gaza, sous blocus israélien depuis près de trois mois. Les experts ont mis


en garde contre le risque élevé de famine. Sous pression, Israël a accepté cette semaine d’autoriser l’entrée d’une quantité «minimale» d’aide humanitaire en territoire palestinien, après


avoir bloqué l’entrée de nourriture, de médicaments et de carburant afin de faire pression sur le Hamas. Après l’entrée des cinq premiers camions lundi, des dizaines d’autres ont commencé à


entrer par le point de passage de Kerem Shalom mardi après-midi, a indiqué le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein. L’aide comprenait de la farine


pour les boulangeries, des vivres pour les soupes populaires, des aliments pour bébés et des fournitures médicales. Les organisations à Gaza n’ont pas immédiatement confirmé avoir reçu quoi


que ce soit. M. Marmorstein a indiqué qu’Israël autoriserait l’entrée de dizaines de camions d’aide par jour, soit bien moins que les 600 qui entraient quotidiennement pendant le dernier


cessez-le-feu, rompu par Israël en mars. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (BCAH) a reçu l’autorisation de faire entrer une centaine de camions dans la


bande Gaza, a précisé son porte-parole, Jens Laerke. UNE AIDE INSUFFISANTE Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a admis avoir décidé d’autoriser l’entrée d’une aide limitée


en raison des pressions de ses alliés, qui lui ont fait savoir qu’ils ne pouvaient pas soutenir Israël alors que des images dévastatrices de famine leur parvenaient de l’enclave


palestinienne. Mais certains proches alliés estiment que sa décision est insuffisante. Le gouvernement britannique a annoncé mardi la suspension des négociations de libre-échange avec Israël


et l’imposition de nouvelles sanctions visant les colonies en Cisjordanie occupée. Cette décision intervient un jour après que le Royaume-Uni, la France et le Canada ont condamné la gestion


de la guerre par Israël dans la bande de Gaza et ses actions en Cisjordanie. Les trois pays ont menacé dans une déclaration commune de prendre des mesures. > «Je tiens à déclarer 


officiellement aujourd’hui que nous sommes > horrifiés par l’escalade israélienne», a lancé le premier > ministre britannique, Keir Starmer, au Parlement. Le porte-parole du ministère


israélien des Affaires étrangères a qualifié les nouvelles sanctions d’«injustifiées et regrettables» et a affirmé qu’Israël et le Royaume-Uni n’avaient pas discuté de libre-échange. Le


ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé la «violence aveugle» du gouvernement israélien, qui, selon lui, a transformé le territoire palestinien en un «mouroir,


pour ne pas dire un cimetière». «Cela doit cesser», a martelé M. Barrot mardi à la radio France Inter. «C’est une violation absolue de toutes les règles du droit international.» Israël a


lancé sa nouvelle opération militaire à Gaza cette fin de semaine, affirmant qu’elle visait à restituer des dizaines d’otages détenus par le Hamas et à détruire le groupe militant. Plus de


300 personnes ont été tuées à Gaza lors de la dernière attaque, selon les autorités sanitaires. TUER DES BÉBÉS «PAR LOISIR» Les critiques contre la conduite d’Israël à Gaza sont également


venues de l’intérieur. Un dirigeant politique de centre-gauche a déclaré mardi qu’Israël devenait un «paria parmi les nations» en raison de l’approche du gouvernement face à la guerre. > 


«Un pays sain d’esprit ne combat pas les civils, ne tue pas de > bébés par loisir et ne se fixe pas pour objectif d’expulser une > population», a fait valoir Yaïr Golan, général à la 


retraite et > chef du parti d’opposition des démocrates, à la radio Reshet > Bet. Ses propos constituent une critique rare de la conduite de Benyamin Nétanyahou dans la bande de Gaza


en temps de guerre. De nombreux Israéliens ont critiqué le premier ministre tout au long de la guerre, mais leurs discours se sont principalement limités à ce que ses opposants considèrent


être ses motivations politiques de poursuivre la guerre. Les critiques concernant le bilan de la guerre pour les civils palestiniens sont restées quasiment inexistantes. M. Nétanyahou a


vivement critiqué les propos de Yaïr Golan, les qualifiant d’«incitation sauvage» contre les soldats israéliens et l’accusant de se faire l’écho de «calomnies antisémites honteuses» contre


le pays. M. Golan, qui avait revêtu son uniforme lors de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 pour rejoindre la lutte contre les militants, avait déjà suscité un tollé lorsqu’en 2016. Il


était alors chef d’état-major adjoint et avait comparé le climat en Israël à celui de l’Allemagne nazie. FRAPPER GAZA Ces derniers jours, Israël a lancé des ordres d’évacuation pour Khan


Younès, deuxième ville de Gaza, qui avait subi une précédente offensive ayant causé d’importants dégâts. Lors des dernières attaques, deux frappes dans le nord de Gaza ont touché une maison


familiale et une école transformée en abri, tuant au moins 22 personnes, dont plus de la moitié étaient des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza. L’armée israélienne


a dit avoir ciblé un centre de commandement du Hamas et avoir prévenu les civils. Une frappe dans la ville centrale de Deir al-Balah a tué 13 personnes, et une autre dans le camp de


réfugiés de Nuseirat, situé à proximité, en a tué 15, selon l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa. Deux frappes à Khan Younès ont fait 10 morts, selon l’hôpital Nasser. Israël a déclaré cibler des


militants et impute la mort de civils au Hamas, le groupe opérant dans des zones densément peuplées. La guerre à Gaza a commencé lorsque des militants dirigés par le Hamas ont attaqué le


sud d’Israël, tuant quelque 1200 personnes, pour la plupart des civils, et enlevant 251 autres. Les militants détiennent toujours 58 otages, dont environ un tiers seraient encore en vie. La


plupart des autres ont été libérés dans le cadre d’accords de cessez-le-feu ou d’autres ententes. L’offensive de représailles israélienne, qui a détruit de vastes zones de Gaza, a tué plus


de 53 000 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui ne fait pas de distinction entre civils et combattants dans son décompte. _Samy


Magdy a fait un reportage depuis Le Caire et Tia Goldenberg depuis Tel-Aviv, en Israël. Les journalistes de l’Associated Press Natalie Melzer, à Nahariya (Israël), Melanie Lidman, à


Jérusalem, Sylvie Corbet, à Paris, et Jamey Keaten, à Genève, ont contribué à cette dépêche._