Santé: et si le québec s’inspirait de la norvège?

Santé: et si le québec s’inspirait de la norvège?


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Dans ce contexte, le soutien à domicile (SAD) — pourtant reconnu depuis des décennies comme une solution humaine, efficace et durable — reste sous-financé, morcelé et trop souvent privatisé.


Aujourd’hui, près de 20 000 personnes au Québec attendent un premier service à domicile. En 2023, à peine 10 % des besoins en SAD ont été comblés par le réseau public. Résultat: des


milliers de personnes en perte d’autonomie sont contraintes de se tourner vers des services privés, souvent coûteux, qui fragilisent encore davantage les familles. > Et pendant ce temps, 


moins de 13 % des heures d’aide à domicile > sont offertes par le personnel public, ce qui démontre une érosion > alarmante du caractère public de notre système. C’est dans cette


perspective que notre organisation a pris part récemment à une mission d’étude en Norvège, un pays reconnu pour son approche inclusive, décentralisée et efficace en matière de santé et de


services sociaux. Là-bas, chaque citoyen peut choisir librement son médecin de famille, accéder à un rendez-vous en moins de cinq jours, et recevoir des soins adaptés à ses besoins, à


domicile. Le tout, avec un financement public robuste et un accompagnement centré sur l’autonomie et la dignité. À titre de comparaison, la Norvège investit 11 232 $ CAN par habitant en


santé, contre 7913 $ au Québec. Ce pays consacre 11,3 % de son PIB à la santé, alors que le Québec, malgré une part semblable (12 %), dessert une population bien plus nombreuse avec des


ressources nettement inférieures par habitant. > La Norvège compte aussi 4,6 médecins pour 1000 habitants, contre > seulement 2,5 au Québec. Le résultat? Un système plus fluide, > 


plus humain, et moins dispendieux à long terme. Selon un rapport de l’IRIS, si le Québec adoptait un modèle semblable à celui de la Norvège, il pourrait réaliser jusqu’à 32 milliards de


dollars d’économies, simplement en réinvestissant intelligemment, en réduisant la fragmentation des services et en valorisant le soutien de proximité. Il est temps de tirer des leçons


concrètes de cette expérience. Dans les prochaines semaines, des recommandations seront adressées au gouvernement du Québec, et en particulier au ministère de la Santé et des Services


sociaux. Car plus que jamais, le Québec doit réinventer sa manière de prendre soin. Non pas par des réformes comptables, mais par un engagement profond envers la dignité des personnes, la


justice sociale et le bon sens. Le soutien à domicile n’est pas un luxe. C’est un droit, une priorité, une urgence. DOMINIQUE SALGADO, DIRECTEUR GÉNÉRAL, CAPVISH – COMITÉ D’ACTION DES


PERSONNES VIVANT DES SITUATIONS DE HANDICAP