De l’émerveillement volontaire!

De l’émerveillement volontaire!


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En fait, ne faut-il pas une bonne part de naïveté pour porter aux nues le vol des oiseaux quand, par exemple, à la télé, ce ne sont que les bouilles de Trump ou de Poutine qui entachent


notre champ médiatique? Rien pour quérir la moindre étincelle d’émerveillement me dis-je tout bas. Je reviens un peu plus loin sur la notion de naïveté. Mais revenons d’abord ici à nos


oiseaux. Oui, oui, les oiseaux. Avez-vous remarquez comme moi que le printemps se défile et que l’été commence déjà tranquillement à revêtir son plus beau chapeau de paille? J’étais de


passage en début de semaine à Québec. Et j’ai vu dans le ciel des oies blanches qui allaient sans doute poser leurs pattes sur l’Île d’Orléans. Après tout Félix n’as t-il pas écrit dans sa


chanson Le tour de l’Île: «_Au mois de mai, à marée basse / Voilà les oies / Depuis des siècles, au mois de juin / Parties les oies. / Mais nous les gens / Les descendants de La Rochelle /


Présents tout l’temps / Surtout l’hiver / Comme les arbres._» J’ai toujours aimé dans l’œuvre de Félix Leclerc, une part d’émerveillement et une manière de juxtaposer la beauté, et les


éléments de la nature, au destin de la race humaine. Mais serais-je trop enclin à m’émerveiller par les beautés du monde qui m’entoure- par excès de naïveté — quand chaque jour amène son lot


de catastrophes naturelles causées par les changements climatiques? Oui sans aucun doute, une certaine part de naïveté, je l’avoue. Mais je fais, si je puis dire, de l’émerveillement


volontaire. Luc Plamondon a écrit : «_Ne tuons pas la beauté du monde». _ Mais, hélas, le monde se meurt de plus en plus et en accéléré. Encore plus que je ne pouvais me l’imaginer quand


adolescent, à la fin des années 70, je buvais les paroles de ma prof de biologie au secondaire qui nous faisait l’éloge de l’écologie et nous invitait à préserver de notre mieux ce qui


restait justement de la beauté de notre monde. Et elle nous répétait qu’il fallait savoir s’émerveiller par les éléments de la nature. Et un jour j’avais levé la main en classe et lui avait


dit : «Oui, madame, je suis volontaire et le resterai toute ma vie». _YVAN GIGUÈRE, SAGUENAY_