
«ça nous alerte» : l’année 2024 enregistre la plus faible progression des dons depuis 20 ans, révèle un baromètre
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«ÇA NOUS ALERTE» : L’ANNÉE 2024 ENREGISTRE LA PLUS FAIBLE PROGRESSION DES DONS DEPUIS 20 ANS, RÉVÈLE UN BAROMÈTRE Les associations doivent redoubler d’inventivité pour continuer d’attirer
des donateurs. Elles s’inquiètent de leur situation financière qui peine à s’améliorer au fil des mois. Publicité L’inquiétude grandit au sein des associations tricolores. _«Les incertitudes
sont fortes en ce début d’année 2025 et la situation financière des associations et fondations est particulièrement difficile»_, alerte Philippe Pailliart, président de France Générosités.
L’an dernier marque la plus faible progression des dons depuis 20 ans, à 1,9% par rapport à 2023, selon un baromètre réalisé par Novos pour le syndicat des associations et des fondations.
Une hausse qui ne couvre pas l’inflation moyenne, à 2% en 2024, selon l’Insee. _«On a un souci, avec des dons via prélèvements automatiques qui progressent - de 37% à 45% en dix ans - mais
des dons ponctuels qui stagnent»_, déplore Damien Cousin, directeur du développement de la générosité au CCFD Terre Solidaire. Problème, les dons ponctuels reposent davantage sur une
population âgée qui disparaît au fur et à mesure. _«Les dons se concentrent ainsi sur de moins en moins de donateurs»_, explique le représentant de l’association. Les donateurs les plus âgés
pourraient être remplacés par la génération suivante, qui peine pourtant à se mobiliser. _«Les moins de 25 ans et les plus de 60 ans sont plus contributifs que les 35-55 ans qu’on a plus de
mal à fidéliser»_, souligne Damien Cousin. Difficile, donc, d’abaisser l’âge médian des donateurs, aujourd’hui à 62 ans. À cela s’ajoute une actualité mouvementée qui a marqué 2024,
suscitant des craintes pour les moins de 60 ans. France Générosités évoque des inquiétudes liées _«au contexte économique, politique et géopolitique particulièrement instable et la
volatilité des financements publics»_. Sur le plan politique, trois premiers ministres ont occupé ce poste en douze mois - Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou - avec un projet
de loi de finances pour 2025 adopté au forceps. Une période de doutes qui a paralysé l’économie française et fait craindre aux ménages un risque de récession. _«Pour un ménage, c’est
compliqué d’arbitrer entre une facture de gaz et un don. C’est toujours le don qui en pâtit»_, illustre Damien Cousin. UN LÉGER REPLI DÉJÀ OBSERVÉ EN 2025 Dans le détail, la croissance des
dons du premier semestre 2024 (+3,1% par rapport à la même période en 2023) présageait des perspectives positives pour le reste de l’année. _«Mais le fort ralentissement enregistré au second
semestre, avec seulement 1% de croissance»_ montre que les incertitudes ont joué un rôle clé dans le recul des donations. _«Le dernier trimestre, pourtant crucial avec 41% des dons réalisés
sur cette période, est particulièrement touché. Le mois de novembre affiche ainsi une forte baisse (-3,1%), et décembre peine à se maintenir (-0,3%), suscitant de fortes inquiétudes pour
2025»_, relève France Générosités. _«Si l’année 2024 reste encore plutôt stable, on observe cependant un léger repli de la collecte du début 2025 jusqu’à fin mai, avec un nombre de donateurs
qui baisse»_, précise Jérôme Delaunay, directeur de la collecte et relations testateurs à la fondation de l’Armée du Salut. Selon lui, les donateurs sont de plus en plus sollicités et
_«retiennent des causes qui leur tiennent plus à cœur»_. Les petits dons, de moins de 150 euros, ont ainsi continué de baisser en 2024 (-3,6%), passant pour la première fois sous la barre
des 40% de la collecte globale, contre 69% en 2005. Les plus grands dons, eux, supérieurs à 10.000 euros, stagnent, à -0,3%, entre 2024 et 2023. «DYNAMISER LES PRÉLÈVEMENTS AUTOMATIQUES»
Pour continuer d’exister, les associations doivent désormais innover. _«Ces trois dernières années ont marqué un net ralentissement de la collecte grand public et notamment des leviers
traditionnels (papier/téléphone) qui représentent encore aujourd’hui 53% de nos ressources contre 63% en 2022»_, détaille les Petits frères des pauvres. La collecte digitale s’avère
indispensable pour sensibiliser les nouvelles générations. En 2024, elle progressait de 8,4% par rapport à 2023 et représentait 33% des dons ponctuels. _«Par la réactivité qu’il permet, le
digital est particulièrement mobilisé dans les urgences. Par exemple, 72% des dons pour soutenir les habitants de Mayotte touchés par le cyclone Chido en fin d’année dernière ont été
réalisés via le web»_, note France Générosités. À chaque association, sa stratégie. _«Cette année, on développe de nouveaux canaux dont la collecte de rue pour dynamiser les prélèvements
automatiques, notamment auprès des jeunes»_, relève Jérôme Delaunay, de l’Armée du Salut. France Générosités va aussi _«essayer de susciter l’engagement dans les entreprises, à travers la
donation de jours de congé et de RTT»_. Les Petits frères des pauvres vont, eux, _«développer des partenariats avec des entreprises et des subventions publiques»_. Les deux associations vont
également tenter de multiplier les donations de legs et d’assurance-vie, qui représentent _«des ressources supplémentaires»_. _«Mais comme cela s’étale sur plusieurs années, il nous faut
combler avec des sollicitations et la mise en place d’événements»_, complète Jérôme Delaunay. Mais pour Damien Cousin, du CCFD Terre Solidaire, il faut faire attention à ne pas noyer les
donateurs _«dans l’obésité informationnelle»_, au risque d’entacher les actions des associations.