«Fast-fashion»: les ravages environnementaux de la mode jetable

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«Fast-fashion»: les ravages environnementaux de la mode jetable Par Anne-Laure Frémont Le 2 juin 2025 Suivre Sujets Vetements shein fastfashion Lire dans l’app Copier le lien Lien copié Mail


Facebook X Linkedin Messenger WhatsApp FOCUS - Une proposition de loi pour freiner la fast-fashion est examinée lundi au Sénat. Elle entend légiférer contre la vente sur internet de


vêtements peu coûteux et de mauvaise qualité, véritable fléau écologique.


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réglementant la «fast-fashion» est examinée à partir de ce lundi au Sénat. Elle entend lutter cette mode peu coûteuse et très polluante qui sature le marché mondial.


Surproduction et surconsommation « En France, en l’espace d’une décennie, le nombre de vêtements vendus annuellement a progressé d’un milliard, et atteint désormais 3,3 milliards de


produits, soit plus de 48 par habitant », selon la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat. Une augmentation de 39 % au cours de cette période. En


cause notamment, les entreprises d’ultrafast-fashion qui commercialisent leurs produits à bas prix exclusivement sur internet, à l’instar de l’emblématique chinois Shein et ses «7200


nouveaux modèles de vêtements par jour» en moyenne, selon une analyse de l’ONG Les Amis de la Terre. Plus globalement, Oxfam estime qu’à l’heure actuelle, environ 100 milliards de vêtements


sont vendus chaque année dans le monde, et leur production a doublé entre 2000 et 2014.


Pollution de l’eau  Comme le rappelle le Parlement européen sur son site, le secteur textile était la troisième plus grande source de dégradation de l’eau et d’utilisation des terres en 2020


 : « La production textile est très gourmande en eau et exige en outre des terres pour cultiver le coton et d’autres fibres. Selon des estimations, la fabrication d’un seul t-shirt en coton


nécessite 2700 litres d’eau douce, soit ce qu’une personne boit en 2,5 ans. » La fast-fashion accentue ce phénomène, mais aussi celui de pollution. La production textile est en effet jugée


responsable d’environ 20 % de la pollution mondiale d’eau potable, « à cause des teintures et autres produits de finition. »


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En outre, « un demi-million de tonnes de microfibres plastiques sont rejetées chaque année dans l’océan lors du lavage des textiles à base de plastique », selon l’agence environnementale


européenne. La majorité des microplastiques des textiles est libérée lors des premiers lavages… qui sont plus nombreux quand on accumule les achats. Une seule lessive de vêtements en


polyester peut libérer 700 000 fibres microplastiques.


Émissions de gaz à effet de serre colossales Les filières textile et chaussure représentent pas moins de 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales ; et dans ce secteur, Shein


occupe aujourd’hui la place de premier émetteur. La majeure partie des émissions sont générées au stade de la production des fibres textiles. L’Ademe rappelle ainsi que 70 % des fibres


synthétiques produites proviennent du pétrole, et le secteur représente à lui seul 1 % de la production mondiale de pétrole. Une étude parue dans la revue scientifique Nature  note également


que « l’empreinte carbone élevée de l’industrie de la mode est due à une forte consommation d’énergie et est influencée par la source d’énergie utilisée. Par exemple, en Chine, la


fabrication de textiles dépend de l’énergie du charbon et, par conséquent, a une empreinte carbone de 40 % supérieure à celle des textiles fabriqués en Turquie ou en Europe ».


Contrairement à ce que l’on pourrait croire donc, le transport n’est pas la partie la plus émettrice : il ne représente en moyenne que 3% des émissions de gaz à effet de serre de l’industrie


textile, selon l’ONG Oxfam. Elle ajoute cependant que si les vêtements transitent par avion (comme souvent pour l’ultrafast-fashion) ces émissions sont environ 14 fois plus élevées que


celles d’un article transporté par voie maritime.


Accumulation des déchets Le volume des déchets textiles a bondi de 40 % en 15 ans au niveau mondial. En Europe, les vêtements sont conservés deux fois moins longtemps et 4 millions de tonnes


de déchets vestimentaires sont jetées chaque année. Selon le parlement européen, « seulement 1 % est recyclé en vêtements neufs, car les technologies qui permettraient de recycler les


vêtements  en fibres vierges commencent seulement à émerger ». Les vêtements usagés peuvent être exportés en dehors de l’UE et la plupart sont incinérés ou mis en décharge. En France, un


tiers seulement des textiles sont collectés, «le reste terminant sa vie dans les poubelles», souligne le ministère de la Transition écologique.