Allain Bougrain Dubourg, président d’honneur du Festival du livre de Nice

Allain Bougrain Dubourg, président d’honneur du Festival du livre de Nice


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ALLAIN BOUGRAIN DUBOURG, PRÉSIDENT D’HONNEUR DU FESTIVAL DU LIVRE DE NICE


Président de la Ligue pour la protection des oiseaux, l'auteur du _Dictionnaire amoureux de la vie sauvage_ (Plon) nous encourage à mettre les voiles, sans perdre de vue


l'essentiel : notre lien avec le vivant.


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LE POINT : QUE VOUS ÉVOQUE LE THÈME DE CETTE ÉDITION : « PRENDRE LE LARGE » ?


ALLAIN BOUGRAIN DUBOURG : C'est l'une des rares expressions françaises à avoir plusieurs significations parfois contradictoires. D'un côté, il y a l'idée de fuite,


d'une forme de lâcheté. De l'autre, celle d'une conquête, à l'image de Christophe Colomb qui a pris le large pour découvrir l'Amérique. C'est aussi se


confronter à soi-même en oubliant la société. Et puis, évidemment, je ne peux pas m'empêcher de penser à Boualem Sansal, qui était le président du Festival du livre en 2024. Je lui


souhaite de tout mon cœur de reprendre le large.


Enfant, c'était une façon d'être curieux de nature. J'ai grandi à l'île de Ré. Sur la plage, il y avait l'horizon. Je me demandais ce qui se cachait derrière les


rondeurs de la Terre. Plus tard, grâce à la télévision, j'ai eu la chance de parcourir la planète à la rencontre d'animaux singuliers : les ours polaires dans le Nord, les manchots


dans le Sud, les anacondas en Amérique du Sud, les pandas en Chine. C'était ma manière de prendre le large. Aujourd'hui, je retourne à l'île de Ré. C'est là que je


retrouve mes racines, que je m'enivre d'iode et toujours d'horizons lointains.


À L'APPROCHE DE LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR L'OCÉAN (UNOC), CE FESTIVAL SE PLACE-T-IL SOUS LE SIGNE DE L'ENGAGEMENT ?


Je le souhaite très sincèrement, parce que l'indifférence tue le monde. On doit réagir, s'élever contre les vents mauvais. Je crois beaucoup à cette idée d'amour collectif,


qu'on a tendance à reléguer au second plan. La lecture invite toujours à la réflexion, quelle qu'elle soit, à une forme de libération. Quand on lit, on s'échappe du reste du


monde, mais c'est pour mieux l'appréhender, me semble-t-il. Aujourd'hui, j'invite le public à prendre le large, mais aussi à le « rendre ». La grande idée de l'Unoc


est de respecter l'océan, pas de l'accaparer égoïstement. Je pense à l'Antarctique. L'homme a su faire de ce continent un modèle de paix, de partage et de connaissance,


loin des convoitises. Il faudrait appliquer cette même démarche à l'océan.


UN AUTEUR OU UN LIVRE QUI VOUS A DONNÉ ENVIE DE PRENDRE LE LARGE ?


J'aime beaucoup Sylvain Tesson. Chaque fois que je referme l'un de ses livres, je me dis : j'arrête d'écrire, tout est dit. Il possède cette sensibilité unique pour


saisir la nature, qu'il s'agisse de _La Panthère des neiges_, de _L'Axe du loup_… Sa manière de vivre les éléments est exceptionnelle, souvent marquée par le défi, mais il


invite chacun d'entre nous à se retrouver dans sa démarche. C'est l'un des grands auteurs de ce siècle.


Le martinet noir. Cet oiseau passe sa vie dans le ciel. Il mange, boit, dort et s'accouple en vol. Il ne se pose que pour pondre. C'est le symbole absolu de l'évasion, de la


légèreté, de la liberté. À la tombée de la nuit, il s'élève dans le ciel et disparaît. Pour prendre le large, littéralement.


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre VOTRE PROCHAIN OUVRAGE, « LA BIODIVERSITÉ POUR LES NULS » (ÉDITIONS FIRST), PARAÎTRA EN NOVEMBRE. QUEL VOYAGE PROPOSEZ-VOUS CETTE FOIS ?


Je suis en train de le terminer. C'est un voyage à travers le vivant depuis l'apparition de la vie, il y a 3,5 milliards d'années, jusqu'à aujourd'hui. J'espère


qu'il sera aussi utile à lire qu'il a été passionnant à écrire.


Directeur artistique du festival, Franz-Olivier Giesbert recevra Allain Bougrain Dubourg le 30 mai à 16 h. Il remettra le prix Nice-Baie des Anges à Andreï Makine, pour son roman _Prisonnier


du rêve écarlate_ (Grasset). Fidèle partenaire, _Le Point _sera présent avec Christophe Ono-dit-Biot, directeur adjoint de la rédaction, qui présentera son dernier livre, _Mer intérieure_


(Gallimard). Valérie Toranian, directrice de la rédaction, recevra Sylvain Tesson pour _Les Piliers de la mer _(Albin Michel). Enfin, Étienne Gernelle, directeur de la publication,


s'entretiendra avec Kamel Daoud, Prix Goncourt 2024 pour _Houris_ (Gallimard), et avec Christian Estrosi pour son ouvrage _Ma ligne bleue _(Michel Lafon).