Que vaut « Daredevil : Born Again », la dernière série Marvel sur Disney+ ?

Que vaut « Daredevil : Born Again », la dernière série Marvel sur Disney+ ?


Play all audios:


L'attente fut longue, alors mettons fin au suspense : oui, _Daredevil: Born Again_ est une réussite. Pas dénuée de moments à vous faire serrer les dents d'embarras, certes, mais


une proposition radicale, violente et osée, qui s'invite tout en haut du classement des séries produites par Marvel Studios et diffusées depuis 2021 sur Disney+.


Cet impressionnant tour de force n'aurait probablement pas été possible si le studio ne s'était abondamment servi dans le _Daredevil _d'antan. Celui qui trois saisons durant,


de 2015 à 2018, fit les beaux jours de Netflix. Et dont ce _Born Again_ se réclame la suite.


On retrouve ici le casting de la série originale, son écriture trempée dans l'encre bien noire, ses décors poisseux et ses costumes élégants. On perçoit même quelques bribes de la


première bande originale – la composition des thèmes musicaux ayant pourtant été passée des mains de Michael Giacchino (_Là-Haut_, _Star Trek Into Darkness_) à celles des Newton Brothers


(_X-Men 97'_). Néanmoins, en bout de visionnage, le ressenti diffère de l'expérience Netflix. Car cette nouvelle série tranche nettement avec sa prédécesseure en bien d'autres


 points. [embedded content] Dans _Daredevil: __Born Again_, l'avocat aveugle Matt Murdock (fabuleux Charlie Cox) est contraint de raccrocher son costume de justicier après un lourd


traumatisme. Notre protagoniste, tout comme son ennemi juré Wilson Fisk (le mafieux est toujours impérialement incarné par Vincent D'Onofrio, inoubliable « Grosse Baleine » de _Full


Metal Jacket_) tentent de redresser New York en agissant dans la légalité. Pour ce faire, le premier reprend ses activités de conseil juridique. Le second se fait élire maire de la Grosse 


Pomme. Étonnant, pour le gangster condamné en justice un an plus tôt.


Commençons par les coups de griffe. Le récit a été amputé de sa réflexion religieuse, jadis thématique centrale de _Daredevil. _Et c'est regrettable, puisque cette dimension est


remplacée par une élucubration politico-psychologique sur l'impunité – policière, judiciaire, et politique. Cette énième relecture de la loi du plus fort, déjà bien éculée sur le fond,


est heureusement intelligemment rafraîchie sur la forme par l'introduction de courts reportages en cours d'épisodes, donnant la parole aux New-Yorkais sur le sentiment


d'insécurité en ville. Une façon maligne de ramener le super-héros à son statut de protecteur supposé du quotidien, après des années de blockbusters hollywoodiens aux péripéties


cosmiques.


Autre déception : un rythme plombé au démarrage par de sérieuses longueurs. Ceux qui attendaient une pure série de super-héros bourrée d'action risquent d'être déçus par la


première moitié de cette saison, qui ressemble davantage à un drame légal teinté de philosophie qu'à une adaptation fidèle des bandes dessinées Marvel. Les autres apprécieront les


efforts faits par le studio pour rendre cet univers accessible aux non-initiés.


Les épisodes un à quatre – sur neuf au total, tout de même – ont ainsi valeur de préambule. Entre l'arrivée de nouveaux personnages (dont certains plutôt insipides), l'éclosion de


sous-intrigues barbantes et quelques tunnels de dialogues, la volonté de justifier sept ans d'absence prend trop de place. Et non, messieurs les réalisateurs Justin Benson et Aaron


Moorhead (déjà derrière _Moon Knight_ en 2022), caser une belle scène d'action en ouverture du premier épisode ne suffit pas à combler la baisse de tension qui suit.


Reste quelques belles pioches côté casting, comme le docteur Heather Glenn (Margarita Levieva), psychothérapeute et bientôt liaison amoureuse de Matt Murdock, directement tirée des comics.


Mention spéciale également à Michael Gandolfini (_Bob Marley : One Love_), qui tire son épingle du jeu en jeune bras droit de Fisk assoiffé de pouvoir. On reste à peu près indifférents au


reste des nouveaux venus. Mais on retrouve avec plaisir ceux que l'on connaissait déjà, le Punisher de Jon Bernthal en tête, et on se délecte des quelques caméos de visages connus de


l'univers Marvel.


De _Daredevil: Born Again_ on louera également les belles prises d'initiative visuelles, aux antipodes de la tambouille grisâtre que nous a récemment servi Marvel Studios dans _Echo_ et


 _Secret Invasion,_ pour ne citer qu'eux. New York retrouve ses plus beaux atours, tandis que la super-ouïe de notre diable rouge en collant n'aura jamais été aussi bien


représentée à l'écran. Cette dernière victoire est d'ailleurs aussi à mettre au crédit d'une excellente bande-son, à écouter sur le meilleur système audio possible.


À LIRE AUSSI RÉVOLUTION À DISNEY : LA NOUVELLE STRATÉGIE POUR RELANCER MARVEL STUDIOS


À Découvrir LE KANGOUROU DU JOUR Répondre Chaque scène de combat est ici remarquablement chorégraphiée. Un sens de l'action que n'avait plus égalé Marvel depuis le très


sous-estimé_ Shang-Chi_ (2021), dont les séquences de kung-fu sont même surpassées par _Daredevil: Born Again_. Au générique final, l'adhésion l'emporte. Malgré ses ratés à


l'allumage, la série s'avère être un divertissement puissant, à la hauteur des belles années marvéliennes et nous vous conseillons donc de vous accrocher. Preuve que les têtes


pensantes du studio ont confiance en leur produit : une seconde saison est d'ores et déjà commandée pour l'année prochaine. On comprend très bien pourquoi.


_DAREDEVIL: BORN AGAIN,_ DE JUSTIN BENSON ET AARON MOORHEAD. AVEC CHARLIE COX, VINCENT D'ONOFRIO, MARGARITA LEVIEVA ET AYELET ZURER. TOUS LES MERCREDIS À PARTIR DU 5 MARS SUR DISNEY+.