
"les disques, je les fais comme des cartes postales pour le public": stephan eicher termine 2022 avec "ode"
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À croire que les coups durs lui vont bien. Que les traversées du désert, chez lui, sont une promenade en terres fertiles. En 2015, en plein litige avec sa maison de disques, Stephan Eicher
lançait son très inventif _Automates Tour_. Lassé des contraintes imposées par les radios, le chanteur suisse sortait, en 2019, l’album _Homeless Songs_, composé de titres hors format et
particulièrement réussis. Stoppé sur sa lancée comme tant d’autres, par la pandémie, il se relevait en 2020, en imaginant_ Le Radeau des inutiles_, des concerts d’un nouveau genre, streamés
d’abord, puis en extérieur devant un tout petit nombre de spectateurs, avant de se transformer en tournée et de l’inspirer pour de nouvelles chansons. _"Quand je suis en difficulté, je
prends une guitare et je suis déjà mieux_, confirme Stephan Eicher à l’autre bout de la ligne_. J’utilise la créativité pour m’en sortir, pour amener une petite lumière dans mon merdier. Et
si c’est une belle lumière, peut-être qu’elle peut profiter aux autres autour?"_ Les autres autour, ils ont découvert deux EP au printemps, regroupés dans un nouvel album, _Ode_, en fin
d’année, complété d’inédits. Douze chansons qui réunissent différentes facettes d’Eicher, la folk dépouillée, le rock, les ballades mélancoliques, les trouvailles sonores, un peu moins
l’électro de ses débuts. _"a, ce sera pour le prochain"_, glisse le chanteur de 62 ans, toujours en mouvement. Toujours en quête d’autre chose. RAP JAPONAIS ET ACCORDÉON En
témoignent aussi les artistes que le Suisse invite sur deux titres: la rappeuse japonaise Yuuko Sings et l’accordéoniste suisse Mario Batkovic. _"Pour Yuuko Sings, je travaille sur le
disque en pleine pandémie, on ne peut pas être là où l’on veut, avec les gens qu’on veut. J’ai cette chanson,_ Où sont les clés?_, je me dis que ce serait bien d’avoir un autre langage, tout
autre chose que ma voix, _raconte le musicien. _J’ai “googlé": ‘‘Rappeuse japonaise’’, parce que j’adore la musique des mangas, des _video games_ japonais, une musique surréaliste,
guitares folk, synthés, voix pitchées… Le premier nom qui est sorti, c’est le sien. Je lui ai envoyé la chanson, elle m’a dit: _‘‘Avec plaisir, de quoi je parle?’’ _On ne s’est jamais
rencontrés, elle m’a envoyé sa partie, j’adore la chanson_. _Pour Mario, c’est l’un des musiciens les plus intéressants que j’ai jamais entendu. Avec lui, l’accordéon devient cathédrale,_ se
passionne Stephan Eicher, avant de se livrer davantage. _J’ai perdu mon père pendant la pandémie, il avait un accordéon. L’instrument était dans la maison, je l’ai cherché, il n’y était
plus. J’ai découvert qu’il l’avait vendu parce qu’il avait besoin d’argent, je suis allé le rechercher, je l’ai racheté… Quand j’entends _Orage_ avec ce son-là, ça m’émeut profondément. Mon
père n’est plus là mais la respiration de cet accordéon, Mario sait le faire, c’est troublant. »_ DJIAN, L’AMI FIDÈLE La curiosité n’empêchant pas la constance, Stephan Eicher s’entoure
aussi d’amis fidèles. Notamment des écrivains français Philippe Djian, et suisse Martin Suter, pour les textes. _"J’aime l’idée de fidélité. Les débuts sont toujours simples, c’est
ensuite que c’est compliqué, donc intéressant, non? Mon travail, je le fais avec des gens que j’aime. Les musiciens et musiciennes, les équipes techniques aussi, il y a des nouveaux mais il
y a une famille. J’aime ça. J’aime prendre dans mes bras des gens que je n’ai pas vus depuis deux jours et dire: “Tu m’as manqué". Je suis entouré d’une douzaine comme ça, Philippe et
Martin en font partie… »_ POUR LA SCÈNE Cet album, Stephan Eicher l’a aussi pensé pour la scène, sa _"maison"_, résume-t-il. _"Pendant le conflit avec ma maison de disques,
j’ai eu une longue pause où j’étais vivant seulement sur scène… J’ai compris que j’y étais à l’aise. Les disques, je les fais comme des cartes postales pour le public, pour que vous pensiez
à moi et que vous ayez envie de venir me voir sur scène! J’ai envie de vivre ce moment avec le public. On se retrouve à telle heure, là, à Cannes, on vit un moment ensemble qu’on n’oublie,
j’espère, pas trop vite…"_ La musique dit-il, le concert, est un _"réconfort"_._ "La musique me prend dans les bras quand je ne vais pas bien, elle me fait danser quand
ça va. Bach m’a accompagné dans des moments où je pensais ne pas pouvoir continuer! Après cette pandémie, qui était violente, cette solitude… On n’a pas encore compris ce qui nous était
arrivé, ce qui se passe en Ukraine ne nous a pas laissés le temps de digérer mais, ça a laissé des traces et la musique répare. Je l’ai appris quand j’ai rejoué les premières fois après la
pandémie. Revivre un _live_ ensemble, dans un espace défini, la même chose, c’est important."_ ------------------------- _> Samedi 18 février, au Palais des Festivals, Cannes.
Tarifs: 28 et 34 euros, réduit 14 à 34 euros. www.palaisdesfestivals.com/concerts-palais-des-festivals_