
Ivre et sans permis en pleine nuit, il avait tenté de semer la police et tué son passager de 18 ans
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C’était un géant de 2 mètres, toujours souriant, bon camarade, sportif, supporter du Gym, l’esprit occupé par les projets dont on se nourrit à 18 ans. Notamment celui d’ouvrir une
boulangerie avec son demi-frère, à Nice. Lorsqu’il en parle, son papa, Michel, a encore les yeux embués de larmes. Depuis le drame qui a coûté la vie à son fils, Enzo, lors d’une funeste
nuit d’hiver, il ne dort presque plus. C’est que leur relation était fusionnelle, complice. Mais tout s’est arrêté le 16 février 2019. "IL ÉTAIT COMME DANS UN ÉTAT SECOND" Avec
trois autres copains, dont Alexandre, son ami d’enfance, Enzo était sorti en boîte de nuit à Juan-les-Pins. Une virée sans histoire qui se prolonge jusqu’au petit matin. Au moment de
rentrer, dans la voiture - une Renault Clio II conduite par Lylian, 18 ans - ils ne sont plus que trois: Lylian donc, Enzo, sur le siège passager, et Alexandre à l’arrière. Ce qu’ignorent
ces deux derniers, c’est que Lylian n’a pas le permis. Généralement, il se déplace au volant d’une voiturette ou d’un scooter. Mais là, il a emprunté un véhicule à la société dans laquelle
travaille son père, dans le quartier niçois de Saint-Isidore. Sur la route du retour, la Clio est repérée par une patrouille de police en mission de surveillance sur le boulevard de la Plage
à Cagnes-sur-Mer: _"La voiture roule entre deux voies de circulation en effectuant des zigzags"_, rappelle le président du tribunal de Grasse, Christian Legay, lors de la
comparution de Lylian G., mardi. Le jeune homme y répondait de faits d’une lourde gravité: refus d’obtempérer, blessures involontaires mais surtout, homicide involontaire avec circonstances
aggravantes. Car au lieu de se ranger à l’injonction des forces de l’ordre, Lylian rétrograde et appuie sur l’accélérateur. Ses deux passagers l’implorent de stopper. Ils ont peur d’un
accident… _"Il nous dit qu’il ne peut pas s’arrêter parce qu’il n’a pas le permis,_ raconte Alexandre. _Il était comme dans un état second et voulait semer la police à tout
prix."_ À Saint-Laurent, la voiture heurte un trottoir, s’envole dans les airs et retombe sur le toit. Enzo meurt sur le coup, Alexandre est blessé. Seul Lylian, qui tente de se sauver
mais est maîtrisé et menotté par les policiers, s’en sortira indemne. MANQUE D'EMPATHIE À la barre, vêtu d’une chemise blanche débordant sur un jean et affublé d’un masque noir, le
garçon garde la tête basse. Cette nuit-là, en plus, il était ivre. _"0,48 mg par litre d’air expiré, un délit étant constitué à partir de 0,40 mg"_, précise le président. Lylian se
défend maladroitement, conteste certains faits, se focalise sur des broutilles - _"Je n’ai pas rétrogradé"_, _"Je roulais à 90 et pas à 100"_ _-_, se contredit dans ses
déclarations, semble fuir ses responsabilités. Peu enclin à s’expliquer, il est poussé à le faire par son défenseur, Me Gérard Baudoux. Mais ce qui choque le plus les parties civiles, c’est
son manque d’empathie… Il regrette certes, mais ne demande pas pardon… _"Je regretterai toute ma vie ce que j’ai fait, je m’en veux tous les jours, je ne peux plus dormir. La sanction
que vous me donnerez, je l’accepterai."_ Un peu plus tard, Lylian confessera avoir écrit plusieurs lettres à la famille d’Enzo, mais les avoir toutes jetées _"par peur des
réactions"_. À ce gamin immature sans doute, comme le plaidera son conseil, le tribunal a choisi d’infliger une peine supérieure aux réquisitions du ministère public représenté par
Annabelle Salauze: deux ans ferme d’emprisonnement avec mandat de dépôt à la sortie de l’audience. Pas de quoi consoler la famille d’Enzo, très digne bien que plongée dans une détresse
immense. Mais peut-être maintenant, pourra-t-elle faire son deuil…