Deuxième vie à Cagnes - Nice-Matin

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AVEC SON ASSOCIATION « CŒUR DE COURSE », CRÉÉE EN JUILLET, LUDYVINE CREPEAU ENTEND OFFRIR UNE RECONVERSION AUX ÉQUIDÉS ÉJECTÉS DU CIRCUIT HIPPIQUE AFIN QU'ILS RETROUVENT UNE FAMILLE


_M__on père m'a mis sur un poney à 8 mois et je suis propriétaire de cheval depuis que j'ai 16 ans. Même s'il n'y a pas de cavalier dans ma famille à part moi, j'ai


toujours baigné dans le milieu du cheval. »_ À 37 ans, Ludyvine Crepeau a cette passion dans la peau. Et dans le cœur. Photographe d'art, elle rencontre le milieu des courses hippiques


- et son conjoint qui y est très impliqué - lors d'une exposition de ses photos géantes, _Femme cheval_, à l'hippodrome de Cagnes-sur-Mer en 2008. Le début d'une reconversion


annoncée. __ _« L'année dernière, je traînais sur l'hippodrome au moment du meeting et on m'a appelé pour me dire : _" J'ai une jument qui est tellement mauvaise que


les propriétaires n'en veulent plus. Si elle perd cette course je te la donne. Est-ce que ça t'intéresse ? "_ »_, se souvient la jeune femme. Grâce à ses connaissances, elle


parvient à la placer au pré chez un ami, à Lyon. Puis, elle en récupère un autre. _« Monsieur Soldat bleu, la mascotte de l'association,_ sourit Ludyvine. _J'ai essayé de le donner


mais je n'ai pas réussi. Alors je l'ai gardé, logé sur l'hippodrome, je l'ai fait travailler et je me suis rendu compte que le cheval n'était pas si mal que ça. »_


Avec son associée, Émilie, elle crée l'association « Cœur de course ». Avec pour vocation d'apporter une solution aux chevaux de course hors circuit et leur éviter, parfois, de


finir dans le mauvais camion ! _« C'est une vraie problématique pour les entraîneurs d'avoir des chevaux qui n'ont plus la capacité de courir »_, admet-elle. Notamment parce


qu'ils _« coûtent cher »_. En charge, aujourd'hui, de douze canassons de 2 à 6 ans donnés par des entraîneurs et/ou propriétaires, Ludyvine et Émilie travaillent à leur


reconversion. Étape par étape. _« Lorsque nous récupérons l'animal, nous lui faisons un check-up puis nous le mettons au repos avec, notamment, un changement de nourriture »_,


résume-t-elle. Exit l'avoine, qui est un puissant stimulant, pour une nourriture plus équilibrée et adaptée. _« Puis on les montre à un ostéopathe et quand le cheval nous fait


comprendre qu'il en a marre d'être en vacances, on le fait retravailler »_, poursuit-elle. Un travail bien moins exigeant, dur et intense que sur les champs de courses. Mais qui


peut prendre plusieurs mois. _« Je les fais retravailler en tant que chevaux polyvalents et, pour ceux qui sont doués, en chevaux d'obstacles,_ détaille-t-elle. _Les pur-sang, quand tu


les as laissés un temps tranquille et que tu leur proposes de sauter, ça les amuse. On commence avec des barres au sol pour les amener à sauter des barres et de petits obstacles. »_ Avec une


plus ou moins grande réussite selon la bête. Sa capacité physique et son caractère. _« On en a un depuis cet été, si tout se passe bien on va lui faire faire le " GPA jump festival


" _[1]_ »_, espère-t-elle. De l'obstacle à haut niveau. _« Une belle reconversion. »_ L'objectif ultime étant de les revendre afin de leur offrir une nouvelle famille. Une


deuxième vie. _« Nous avons déjà cinq chevaux disponibles à la vente avec l'établissement de contrats moraux entre les personnes qui achètent et l'association »_, précise Ludyvine.


Car si le statut de la structure, relevant de la loi 1901, exclut toutes possibilités de bénéfices, « Cœur de course » compte sur ces rentrées d'argent pour vivre. Et continuer de


s'occuper quotidiennement de ces chevaux. _« Toutes nos économies personnelles, à Émilie et moi, y sont passées,_ assure-t-elle. _Je cherche d'ailleurs des parrains. »_ Et des


familles afin d'offrir une seconde chance à ces poulains. Et une porte de sortie à d'autres chevaux aujourd'hui sur liste d'attente.