
La vraie vedette, c'est la cité de la buffa!
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Merci Romain Gary. Merci à votre mère Mina Kacew. Tant pis si, comme le raconte Tony Frencia, _« elle tapait avec sa canne, autoritaire, pour imposer à mes parents, qui avaient une cabine
d'alimentation générale, de la servir avant tout le monde. »_ Grâce à l'écrivain et à sa commandante génitrice, la Buffa a retrouvé son lustre d'antan. Sous les projecteurs.
En présence de machinistes, techniciens, régisseurs, scripts, maquilleuses, responsables d'une production franco-italienne Jérico/Bendico… Et d'une soixantaine de figurants. La
cité comme on ne l'avait plus vue depuis longtemps. Noire de monde. Grouillante de couleurs, d'odeurs, de senteurs. De vie. C'était hier. Hier seulement, lors du tournage de
plusieurs scènes de film. _La Promesse de L'aube_. Titre du long-métrage tourné depuis plusieurs semaines par Eric Barbier d'après le roman éponyme de Romain Gary. Qui passa son
adolescence à Nice. Dont la mère, responsable d'une pension de famille à François-Grosso, faisait son marché à La Buffa. Les années 30… Les femmes portent jupes et robes fluides au
mollet, chapeaux cloches, souliers en daim à brides et talons bobines. Les hommes vont et viennent en pantalon à pinces, chemise rayée, gilet boutonné, béret ou casquette plate comme une
socca. Il y a de la tenue. Même dans les allées. Même derrière les bancs. Dans les pommes et les tomates Madame mère est devant l'enseigne Pantaloni, où deux bouchers cohabitent avec
poulets pendus, tête de cochon, quartiers de viande. Soudain, mouvement de panique. Mina a un malaise, s'évanouit, fait basculer les cageots de tomates. _« Maman ! Maman ! »_ hurle son
fils. Commerçants et clients font cercle. Un médecin au chapeau à larges bords se précipite… On recommence. Une fois. Deux, trois, quatre, cinq fois… Jadis, c'était réel. Hier, non.
Charlotte Gainsbourg, cheveux gris frisés, jupe en lainage, corsage blanc et veste droite marron, qui tient le rôle de Mina, doit désormais bien connaître le sol froid et mité de la halle.
_« À force de tomber, elle va finir par s'estropier. On n'a pas dit qu'elle était cascadeur »_, glisse, en riant sous cape, un figurant. On est un peu chez Pagnol. Les
commerçants, les authentiques, les rescapés de la cité, sont méconnaissables. Claude Bro est resté fromager, mais version tablier blanc jusqu'aux pieds et casquette souple. Le boucher
figurant, c'est Pierre Grattarola, qui a repris du service pour être en gros plan devant la caméra. Le boucher du marché, Dominique, s'est retrouvé marchand de fruits et de légumes
dans une cabine ressuscitée et tend les plateaux aux chalands. Charles Dalmasso, producteur et revendeur dans la vie, regarde tout ce remue-ménage : _«On est là depuis 5 heures. A 5 h 45,
j'avais l'essayage. »_ Encore plus beau que d'habitude, Christophe Clérissi, rasé, poudré, presque dandy des écailles, attend son tour. Sa poissonnerie, où il est écrit que _«
la maison ne fait pas crédit »_, déborde de maquereaux, congres, mulets, sardines. Les prix, en francs, sont ridicules. Sur une chaise, Marie-Louise Fiol vacille dans le mélo. Superbe et
plantureuse, elle trôna, il y a quelques années, sur un immense étalage de primeurs avec son mari, Michel, aujourd'hui disparu. La voici figurante. _« Ils m'ont grimée comme une
petite vieille… Quand on me filme pas, je fais que pleurer. Ici, j'ai passé 55 ans de bonheur. »_ Merci Eric Barbier pour avoir délibérément choisi un tournage collant à la réalité
d'époque dans ce site délabré, mais pourtant magique à jamais…