Lire les sons du langage : une aire du cerveau spécialisée dans la reconnaissance des graphèmes - salle de presse de l'inserm

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_Activation du cortex visuel, auditif et somatosensoriel._ ©Inserm/CRICM – Plateau MEG/EEG – Inserm U975 UNE ÉTUDE CONDUITE PAR UNE ÉQUIPE DE SORBONNE UNIVERSITÉ ET DU DÉPARTEMENT DE


NEUROLOGIE DE L’HÔPITAL DE LA PITIÉ-SALPÊTRIÈRE AP-HP, DIRIGÉE PAR LE PR LAURENT COHEN À L’INSTITUT DU CERVEAU ET DE LA MOELLE ÉPINIÈRE (SORBONNE UNIVERSITÉ / CNRS / INSERM) A PERMIS


D’ANALYSER LES MÉCANISMES DE LA LECTURE À L’ŒUVRE CHEZ LES ADULTES. LES CHERCHEURS ONT IDENTIFIÉ UNE RÉGION CÉRÉBRALE DU CORTEX VISUEL QUI SERAIT RESPONSABLE DE LA RECONNAISSANCE DES


GRAPHÈMES, C’EST-À-DIRE DES LETTRES OU GROUPES DE LETTRES TRANSCRIVANT UN SON ÉLÉMENTAIRE DE LA LANGUE PARLÉE (PHONÈMES). LES RÉSULTATS DE CETTE ÉTUDE ET LA MÉTHOLODOGIE UTILISÉE ONT ÉTÉ


PUBLIÉS DANS LA REVUE _PNAS_. Hormis les idéogrammes chinois, la quasi-totalité des systèmes de lecture ont pour principe d’écrire les sons composant les mots sous leur forme parlée. Comment


fait-on donc en français pour écrire un son, par exemple le son « o » ? La réponse qui vient immédiatement à l’esprit est que ce sont les lettres qui jouent ce rôle. Ce n’est en réalité pas


vraiment le cas. Prenons l’exemple du mot « chapeau », formé de quatre sons (ch + a + p + o), mais de sept lettres. En moyenne, les sons ne sont donc pas définis par une lettre, mais par


plusieurs. Les linguistes utilisent le terme de graphème pour désigner l’écriture d’un son. Dans le mot « chapeau », il y a quatre sons correspondant à quatre graphèmes qui sont CH, A, P, et


EAU. On constate donc que le système alphabétique repose entièrement sur ces graphèmes. Dans une étude réalisée à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (Sorbonne Université /


Inserm / CNRS) à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP, Florence Bouhali, doctorante dans l’équipe « PICNIC – Neuropsychologie et neuroimagerie fonctionnelle », a identifié une petite


région du cortex précisément responsable de la reconnaissance des graphèmes et dont le rôle dans la lecture semble a priori essentiel (_figure_). CETTE RÉGION EST SITUÉE AU SEIN D’UNE VASTE


ÉTENDUE DE CORTEX RESPONSABLE DE LA RECONNAISSANCE DES OBJETS EN GÉNÉRAL ET QUI OCCUPE LE DESSOUS DE TOUTE LA PARTIE ARRIÈRE DU CERVEAU. ELLE ABRITE DE PETITES ZONES SPÉCIALISÉES, MOBILISÉES


NOTAMMENT DANS LA RECONNAISSANCE DES VISAGES OU DES LIEUX, MAIS AUSSI DES GRAPHÈMES. LA RÉGION « DES GRAPHÈMES » SE SITUE DANS L’HÉMISPHÈRE GAUCHE, OÙ SE TROUVE EN GÉNÉRAL TOUT LE SYSTÈME


DU LANGAGE. CELA PERMET, UNE FOIS LES GRAPHÈMES RECONNUS, D’ENVOYER L’INFORMATION RAPIDEMENT AUX RÉGIONS DU LANGAGE, QUI VONT LES TRANSFORMER EN SONS (_FIGURE_). COMMENT LES CHERCHEURS


ONT-ILS PROCÉDÉ ? Pendant que les participants inclus dans l’étude étaient allongés dans un appareil  d’IRM, des mots défilant les uns après les autres sur un écran leur étaient présentés.


Ces mots étaient écrits de façon bicolore afin de mettre en valeur le découpage en graphèmes (CHAMPIGNON) ou au contraire, de le perturber (CHAMPIGNON). La région « des graphèmes »


identifiée s’activait alors de façon différente selon les frontières de graphèmes définies par les couleurs. Si l’expérience menée paraît simple, elle était en réalité plus complexe. En


effet, l’importance des graphèmes n’est pas la même selon le genre de lecture : ils sont indispensables quand il s’agit de lire à haute voix un mot jamais vu (par exemple CHANDISSON), mais


moins importants lorsque les participants devaient juste reconnaître en silence un mot familier (par exemple, CHAPEAU). Les chercheurs ont donc demandé aux participants tantôt de lire à


haute voix, tantôt de simplement reconnaître en silence de vrais mots, mais aussi des mots inventés. La région identifiée répondait différemment à la manipulation des graphèmes selon le type


de lecture. EN CONDUISANT CETTE ÉTUDE, L’ÉQUIPE DU PR LAURENT COHEN S’EST PENCHÉE SUR LES MÉCANISMES DE LA LECTURE CHEZ DES ADULTES. OR, LA SPÉCIALISATION DU CORTEX VISUEL POUR LA


RECONNAISSANCE DES GRAPHÈMES N’EXISTE PAS À LA NAISSANCE, ET APPARAÎT PROBABLEMENT PENDANT QUE LES ENFANTS APPRENNENT À LIRE. SI ELLE N’A PAS ENCORE DÉVOILÉ TOUS SES MYSTÈRES, LA RÉGION DES


GRAPHÈMES RESTE UN EXEMPLE FRAPPANT DE LA CAPACITÉ DU CERVEAU À SE MODIFIER ET À S’ADAPTER. CES CONTENUS POURRAIENT AUSSI VOUS INTÉRESSER :