
Caméras, micros, filatures : l'espionnage policier de la fac de nanterre contre des militants étudiants
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Ce 15 mai, _Streetpress_ révélait dans un article les différents dispositifs de surveillance mis en place contre des militants étudiants par la présidence de l’université Paris Nanterre.
Surveillance vidéo, audio, filature, la direction de l’établissement aurait mené une opération de surveillance massive extrêmement grave contre les militants de l’UNEF Nanterre. À l’origine
de cette véritable opération policière, l’occupation de la tour de la présidence à partir du mois de novembre 2021 par le collectif des sans-facs, des bacheliers sans affectations. Une
occupation menée par l’UNEF Nanterre qui durera huit mois, lors desquels la présidence multipliera les tentatives pour mettre fin à cette occupation, allant jusqu’à visser les fenêtres du
bâtiment pour empêcher toute entrée et sortie. Au même moment, en plein hiver, l’université coupe le chauffage dans le bâtiment occupé. Plusieurs mois plus tard, une voiture de fonction est
garée devant la seule issue de secours pour empêcher les occupants de sortir. La direction de la sécurité de l’université, la DSSI, ira même jusqu’à réclamer l’installation de micros et de
caméras pour contrôler l’occupation. « _Des pratiques jamais vues en une dizaine d’années de métier_ », dénoncera le chef de site pour l’entreprise de sécurité prestataire qui refusera
d’accéder à ces demandes scandaleuses. Or, cette traque n’a pas pris fin avec l’occupation des sans-facs. En plus des poursuites disciplinaires intentées contre les syndicalistes étudiants,
délocalisés à l’université Gustave Eiffel pour maximiser les chances de condamnations, la présidence de l’université Paris Nanterre va continuer sa surveillance policière à l’égard des
étudiants mobilisés. Ainsi, un bilan comptable indique l’acquisition par l’université de deux cameras espions en janvier 2023. Le document mentionne aussi deux mystérieux « dossiers » au nom
de dirigeants syndicaux, Victor Mendes et Mickaël Musto, facturés à 967 et 2740 euros. Pourtant, face aux preuves indéniables de l’opération de surveillance qu’elle mène contre les
militants de l’UNEF Nanterre, la présidence refuse toute explication et n’apporte que le silence comme seule réponse. Pis encore, après les interpellations de l’organisation, cette dernière
a tout simplement supprimé le document comptable de la base de donnée accessible aux élus de l’université pour la remplacer par un nouveau document ou ne figure plus aucun élément de détail.
D’autres agents de sécurité témoignent des méthodes de surveillance : la filature et le fichage des militants. La directrice de la DSSI demandait d’observer les faits et gestes des
militants au travers des caméras de vidéoprotection « _notamment les caméras de l’université qui donnent sur la gare de Nanterre-Université et le campus_ ». Les agents de sécurité devaient
aussi prendre en photo ou vidéo les membres de l’UNEF et informer la directrice de tous leurs déplacements, avec pour demande explicite de suivre les militants. Un constat d’huissier indique
même des restrictions illégales d’accès à certains bâtiments. L’ancien chef de sécurité du site confirme des demandes de la directrice d’empêcher la circulation dans les bâtiments en dehors
des cours et des examens. Un agent décrie « _C’est illégal, mais si tu refuses, tu es viré direct !_ ». En février 2024, les organisations étudiantes dénonçaient cette offensive autoritaire
dans un communiqué unitaire. Alors que depuis les années 1960, les organisations et associations étudiantes pouvaient bénéficier de locaux, c’est à partir de 2021 que plusieurs associations
étudiantes ont été délogées. Ce saut répressif s’est particulièrement accru dans le contexte de criminalisation des soutiens à la Palestine : table de soutien à la Palestine du Poing Levé
délogée par six vigiles et annulation d’un meeting par le Comité de Soutien à la Palestine Nanterre. La situation de Nanterre révèle le rôle de plus en plus répressif que souhaite affirmer
dans les universités le gouvernement et les présidences. L’offensive menée au travers de la « loi contre l’antisémitisme », votée avec le soutien des députés écologistes et socialistes,
incarne cette volonté de la bourgeoisie de réprimer toutes les formes de soutien à la cause palestinienne en entérinant de profondes attaques contre le mouvement étudiant. Cette loi, prévoit
une formation obligatoire pour les élus étudiants contre le boycott universitaire israélien et une obligation de signalements des critiques de l’État d’Israël y compris en dehors de
l’établissement, annonce un déploiement d’outils de surveillance au sein de l’université et en dehors, mais aussi un dispositif de sanctions face aux étudiants mobilisés. Face aux offensives
qui se multiplient contre le mouvement étudiant, il faut faire front. Toutes les tentatives d’intimidation actuelles et à venir contre les organisations étudiantes ou contre le mouvement de
solidarité avec la Palestine sont une attaque contre tout le mouvement étudiant !