
Élections au venezuela : l'abstention l'emporte, mais maduro se proclame vainqueur
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_Nous reproduisons ici un article sur les élections législatives vénézuéliennes de ce week-end, initialement publié en castillan par La Izquierda Diario - Venezuela, le journal de la Ligue
des Travailleurs pour le Socialisme, l’organisation sœur de Révolution Permanente au Venezuela, NdlR._ Ce dimanche, le Conseil national électoral (CNE) du Venezuela contrôlé par le
gouvernement de Nicolas Maduro a déclaré le Grand Pôle patriotique (GPP), la coalition électorale de la gauche vénézuélienne, vainqueur des élections législatives. Selon le CNE, le GPP a
obtenu 4 553 484 voix, soit 82,6% des suffrages, tandis que les autres partis combinés auraient atteint 17,3%, le tout avec un taux de participation annoncé de 42,63%. Cet indicateur
contraste avec la réalité observée durant toute la journée de dimanche, marquée par une affluence extrêmement faible dans les centres électoraux. Le total des votes émis, y compris les votes
nuls, aurait été de 5 507 324, selon l’annonce officielle. Cependant, le chiffre officiel de participation de 42,63% ne tient pas. Le registre électoral du Venezuela dépasse les 21 millions
de personnes habilitées à voter, mais si les 5 507 324 votes correspondent à un taux de 42,63%, 100% devraient être 13 112 376 personnes, un nombre bien inférieur au registre officiel du
CNE lui-même. Par conséquent, le nombre de personnes ayant voté correspond à priori à moins de 25 % du corps électoral. Suite aux élections, le CNE a annoncé de manière « _irréversible_ »
que le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), le parti au pouvoir qui dirige le GPP, fondé par Hugo Chavez et aujourd’hui dirigé par Nicolas Maduro, a gagné dans 23 des 24 États que
compte le pays. D’autre part, le CNE a également indiqué que le PSUV avait remporté 40 des 50 sièges de la circonscription nationale. Avec les circonscriptions régionales, ces élections
concernent 569 postes, dont 285 députés à l’Assemblée nationale, 24 gouverneurs et 260 législateurs régionaux. Les partis se présentant comme l’opposition ont obtenu environ 14% des voix
selon le CNE. Parmi eux, l’Alliance Démocratique, une coalition électorale d’opposition (qui rassemble 27 partis qui forment un éventail allant du stalinisme à la droite conservatrice) a
reçu 6,25 % des suffrages. Union et Changement, l’opposition de droite, a obtenu 5,18 %. Enfin, Force de voisinage, un parti centriste soutenant Union et Changement, a obtenu 2,57 %. Les 3%
restants sont des votes blancs ou nuls. Suite à ces résultats écrasants, Maduro s’est proclamé vainqueur absolu de l’élection. Comme la Ligue des Travailleurs pour le Socialisme (LTS)
l’avait affirmé quelques jours avant ces élections, et tout comme lors des précédentes élections présidentielles, le gouvernement et le PSUV avaient proclamé leur « victoire » avant même
l’élection. Le président de l’Assemblée nationale, Jorge Rodríguez, avait en effet assuré fin janvier que le chavisme triompherait lors des élections législatives et régionales. Et c’est
bien sûr ce que le CNE a proclamé dimanche à minuit. Ces élections, évidemment dominées par la fraude, ont continué dans cette logique : non seulement les restrictions en vigueur lors des
élections du 28 juillet ont été maintenues (aucun candidat ou organisation à gauche du gouvernement Maduro n’a eu la possibilité de se présenter, ceux qui ont essayé ont été proscrits,
laissant seulement le PSUV et ses alliés, ainsi que des partis d’opposition patronale, à savoir les « collaborationnistes » de l’AD, subordonnés au gouvernement, et le secteur
pro-impérialiste mené par María Corina et Edmundo de l’UC) mais la participation a été interdite à tous ceux qui ne reconnaissent pas le « résultat » proclamé le 28 juillet. Comme lors des
élections frauduleuses du 28 juillet, ces élections législatives et régionales ont également été marquées par une forte présence des forces répressives dans les rues et une répression
croissante, renforçant l’aspect autoritaire du gouvernement. Quelques jours avant, les arrestations arbitraires s’étaient intensifiées, les agents des forces de répression effectuant des
fouilles dans les quartiers stratégiques de la ville, interpellant les citoyens, les forçant à descendre de leurs véhicules, comme mécanisme d’intimidation. Après l’imposition du régime
dictatorial, ces élections ne sont rien de plus qu’une tentative de faire passer le régime pour une démocratie et de le légitimer grâce à la fraude électorale. Mais si un « gagnant » peut
être désigné par le suffrage, il est clair qu’il s’agit de l’abstention, dans des élections marquées par l’apathie politique et le désintérêt. La participation, même celle reconnue par le
gouvernement, a été extrêmement faible. Du côté de la droite pro-trumpiste, menée par María Corina Machado et qui appelait à l’abstention, leur dirigeante s’est de nouveau adressée aux
militaires à la fin de la journée, leur demandant d’« _agir_ » contre Maduro. Dans une vidéo diffusée sur X, l’ex-députée a appelé la Force armée nationale bolivarienne (FANB) à « _ouvrir la
voie à la transition, de manière ordonnée et sécurisée_ », et a également réitéré ses appels à une intervention militaire des États-Unis. De son côté, la LTS a diffusé une déclaration
politique face à ces récentes élections, appelant à l’abstention tout en levant les drapeaux des travailleurs pour les droits démocratiques et contre la répression, depuis une position
anti-impérialiste. Une invitation à tourner le dos à cette farce de processus électoral, mais d’une manière totalement opposée à celle de l’opposition pro-trumpiste de María Corina Machado.
La LTS s’oppose à eux, car non seulement ces dirigeants soutiennent la pression impérialiste contre le Venezuela depuis de nombreuses années, validant le renforcement des sanctions
économiques contre le pays, mais ils se laissent également entraîner dans l’offensive raciste et anti-immigrants de Trump, criminalisant les familles ouvrières vénézuéliennes qui ont migré
aux États-Unis. Pour ces raisons, María Corina et son parti sont eux aussi responsables des souffrances des travailleurs vénézuéliens. De son côté, le gouvernement de Maduro impose des
mesures économiques capitalistes brutales, grâce auxquelles les anciens et nouveaux riches, les grandes entreprises et les multinationales bénéficient d’un accroissement extraordinaire de
leurs profits. C’est un plan d’ajustement capitaliste qui est en cours, en parfaite concordance avec le capital privé. Et pour continuer à mettre en œuvre ce plan, il faut une main de fer et
les mécanismes les plus perversement antidémocratiques, comme la fraude, pour rester au pouvoir. Mais le gouvernement n’est pas seul à attaquer les conditions de vie du peuple. Les
sanctions impérialistes auxquelles le pays est soumis, et qui ont aggravé les souffrances du peuple, bénéficient du soutien total de la droite représentée par María Corina Machado, Leopoldo
López, Ledezma, etc. C’est pourquoi, bien que Maduro soit au pouvoir, son opposition à droite est également responsable de la tragédie sociale que vit la classe ouvrière. Face à ces deux
alternatives réactionnaires, le LTS milite pour en dégager une troisième, communiste et révolutionnaire. Juste avant les élections, nos camarades déclaraient ainsi : « _Depuis la LTS, nous
continuons à considérer la nécessité de l’unité de la gauche anticapitaliste, des secteurs militants des travailleurs et des secteurs populaires pour construire une force politique
indépendante. Une tâche qui, dans la situation défavorable que traverse notre classe, sera à contre-courant, mais c’est la seule voie pour réorganiser les forces et pour lutter dans une
perspective anticapitaliste. C’est pourquoi nous soutenons l’unité d’action face aux attaques que nous subissons en tant que classe, tant de la part du gouvernement que des secteurs
patronaux, pour nos salaires, pour nos droits syndicaux, pour la liberté des travailleurs emprisonnés pour avoir protesté, pour nos libertés démocratiques complètes._ » Il s’agit de porter
une politique indépendante face à la question démocratique et aux problèmes sociaux et nationaux, exprimant l’indépendance politique de la classe ouvrière et des peuples pauvres, tout en
proposant un programme qui reflète les intérêts des travailleurs : un programme ouvrier et populaire. Il est essentiel d’éviter que notre classe n’ait pour alternatives politiques que celles
qui expriment les intérêts des grands capitalistes, qu’ils soient nouveaux ou anciens. Pour cette raison, nous agissons dans la perspective de lutter pour un gouvernement des travailleurs
et des classes populaires.