
La victoire de paris en ligue des champions et la criminalisation de la joie des quartiers populaires
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Selon le dernier bilan établi par le ministère de l’Intérieur, 559 personnes ont été interpellées, dont 491 à Paris, dans la nuit de samedi à dimanche. Ces arrestations ont conduit à 320
placements en garde à vue, dont 254 à Paris. Pour justifier pareil déferlement répressif, les mêmes images en boucle. Il aura suffi que quelques incidents minoritaires aient eu lieu pour
criminaliser une soirée de liesse populaire. Ce matin, la presse nationale fait le service après-vente et titre sur les morts de la soirée tout en n’avouant avoir aucune idée de la cause des
drames en question [1]. Une façon de monnayer à gros traits sensationnalistes un déchaînement policier dont certains n’ont même pas cherché à masquer la coloration raciste. Il n’aura pas
fallu attendre longtemps en effet, quelques secondes en réalité après le coup de sifflet final, pour que Bruno Retailleau s’acharne sur X (ex-Twitter) au sujet des célébrations des _«
barbares »_ dans les rues parisiennes. Toute la journée, journalistes de plateaux et politiciens d’extrême-droite avaient préparé le terrain à un récit xénophobe, alertant sur les « risques
de débordements » et ciblant les drapeaux palestiniens arborés par le kop parisien à Munich et les quartiers populaires en général. Une rhétorique et un vocabulaire que, sans surprise, les
hooligans anglais lors de l’Euro 2016, organisé en France, n’avaient pas rencontré malgré des « incidents » autrement plus importants et nombreux. Il y avait pourtant, samedi soir, quelque
chose de hautement symbolique à voir tous ces racistes bourgeois s’indigner de l’intrusion de prolétaires dans les arrondissements chics parisiens. Comme s’ils se retrouvaient forcés de
composer pour une fois avec le fait que leurs propres quartiers étaient entretenus par le travail de ceux-là (ou de leurs parents) qui ce soir y faisaient la fête et qu’ils parviennent
normalement à exclure. Un rappel aussi que les classes dominantes n’ont pas besoin de motif pour criminaliser les classes populaires. La joie leur suffit. D’autant plus quand elle est
exprimée par des populations subissant l’oppression nationale et ethnique en France. Mais pas seulement. Les supporters des clubs français, comme ce samedi, ou étrangers goûtent aussi à
cette infâme répression des célébrations massives. Le Tifo monumental en soutien à la Palestine déployé par les supporters du PSG sous les caméras du monde entier et plusieurs chants de
solidarité entonnés en plein coeur de la capitale d’un pays fervent soutien au génocide en cours expliquent également sans doute ce déchaînement répressif. Un rappel enfin que la domination
bourgeoise, impérialiste et coloniale est en réalité dans tous les détails. Il ne suffit pas d’exploiter et d’opprimer, il faut créer un état d’oppression permanent. Tant et si bien que la
joie aussi, celle qui est gratuite ou même symbolique, doit être réprimée. Même pour une victoire au football.