
« loi contre l'antisémitisme » à l'université : une nouvelle attaque contre le soutien à la palestine
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Des nouvelles attaques anti-démocratiques se profilent dans une proposition de loi visant spécifiquement les universités. La commission de la culture et de l’éducation du Sénat a lancé cette
mission flash il y a un an, après l’occupation de Sciences Po Paris qui a contribué à l’internationalisation du mouvement étudiant pour la Palestine et effrayé les classes dominantes. Ces
dernières avaient alors multiplié les outils répressifs et les attaques en antisémitisme pour faire taire les voix de contestation. Adopté à l’unanimité au Sénat en février dernier, cette
proposition de loi vise à instrumentaliser encore une fois la lutte contre l’antisémitisme afin de faire taire toute contestation du génocide à Gaza et de la complicité de la France avec les
massacrés perpétrés par l’État d’Israël. Le texte, qui sera soumis à discussion à l’Assemblée nationale le 6 mai, se décline autour de trois axes principaux : la mise en place de formations
obligatoires contre « _l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, la violence et la haine_ » pour les enseignants, le personnel d’éducation et les élus étudiants ; le renforcement
des dispositifs de signalement des actes d’antisémitisme et de racisme ; et le renforcement des procédures disciplinaires. La justification de telles mesures serait un « _antisémitisme
d’atmosphère_ » comme l’explique le rapporteur Pierre-Antoine Lévi. Une définition qui, loin de combattre l’oppression des juifs ou quelconque discrimination, vise surtout à permettre de
nouvelles sanctions arbitraires et la mainmise du gouvernement sur la répression dans les établissements. Cette proposition de loi sert surtout de justification pour réprimer les étudiants
mobilisés, interdire l’accès à des locaux universitaires et des domiciliations d’organisations, afin de réprimer le mouvement étudiant dans un moment d’attaques importantes du modèle
universitaire actuel. Ce programme politique du gouvernement se traduit par des réformes structurelles de l’enseignement supérieur et des coupes budgétaires drastiques. L’exécutif vise donc
à s’assurer que le mouvement étudiant ne gène pas son projet, et se cache derrière le prétexte de lutter contre l’antisémitisme pour le faire. UNE OFFENSIVE ANTI-DÉMOCRATIQUE AUX NOMS DES
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE Le projet de loi est porté par Pierre-Antoine Lévi, sénateur du groupe Union centriste, qui s’était exprimé dès mars 2024 sur l’occupation à Sciences Po. Il avait
notamment participé aux côtés de Macron et de Gabriel Attal à la campagne mensongère prétendant qu’une étudiante juive se serait fait refusé l’entrée d’un amphithéâtre, une accusation
démentie par les étudiants. Criant au scandale menaçant « _les valeurs de liberté d’expression et de coexistence pacifique qui sont au cœur de notre République_, il appelait alors à « _une
réaction ferme de la part des autorités académiques et gouvernementales_ ». Pierre-Antoine Lévi a également fait partie des 94 députés à avoir demandé la levée de l’immunité parlementaire de
Rima Hassan, dénonçant des propos qui « _dépassent le cadre de la liberté d’expression et s’inscrivent dans une dynamique de radicalisation inacceptable_ », participant à la vague de
criminalisation que subit l’eurodéputée d’origine palestinienne, insufflée par l’extrême-droite. Quant à la formation obligatoire contre l’antisémitisme et le racisme, volet ultra cynique
voté par le sénat droitier qui enchaîne les attaques islamophobes, il s’agit surtout d’une tentative de former les enseignants, personnels, et élus étudiants au discours dominant et de tuer
dans l’oeuf toute solidarité avec la Palestine, assimilé désormais à l’antisémitisme. Le caractère obligatoire de ces formations donne le ton : un contrôle toujours plus important de la
parole politique au sein des universités, et le risque de s’exposer à des sanctions en cas de non-respect de ce cadre. L’élargissement de ces formations aux élus étudiants s’inscrit ainsi
dans la chasse aux sorcières menée contre les organisations étudiantes de gauche depuis le printemps dernier. Patrick Hetzel, qui n’était pas encore ministre de l’Enseignement supérieur à
l’époque, avait appelé à « _la création d’une commission d’enquête relative à l’entrisme idéologique et aux dérives islamo-gauchistes dans l’enseignement supérieur_ ». Sa circulaire
lorsqu’il était ministre de l’ESR en octobre 2024 avait marqué un saut de répression sévère contre le soutien à la Palestine, ce qui avait conduit de nombreuses universités à interdire
plusieurs conférences et réunions d’organisations étudiantes et à renforcer les sanctions disciplinaires contre les étudiants mobilisés. UNE ATTAQUE CONTRE LE MOUVEMENT ÉTUDIANT EN SON
ENSEMBLE Si le mouvement Palestine est particulièrement visé, c’est tout mouvement contestataire sur les campus qui est visé derrière. En effet, le renforcement des procédures disciplinaires
est au cœur de ce projet de loi. Une version initiale, retoquée en commission, prévoyait même un amendement permettant de donner accès aux présidences les données de communication
électronique des étudiants. L’objectif est de dépasser les sanctions disciplinaires décrétées par les établissements, Pierre-Antoine Lévi dénonçant un « _fossé entre les faits et les
poursuites_ », ce qui témoignerait selon lui « _d’un dysfonctionnement profond_ ». Le sénateur LR Stéphane Piednoir a quant à lui fait adopter un amendement visant à « dépayser » la
procédure disciplinaire en ayant recours à une instance présidée par un magistrat administratif : la section disciplinaire serait commune aux université d’une même région académique, en
vertu des « _difficultés de fonctionnement_ » des sections disciplinaires des établissements d’enseignement supérieur. Cette volonté de l’État de s’immiscer directement dans la sanction des
étudiants fait écho aux politiques de Trump aux États-Unis, où le gouvernement agite la chasse contre le « wokisme » et l’antisémitisme pour lancer une offensive sans commune mesure contre
les étudiants pro-Palestine. La déportation de l’étudiant palestinien Mahmoud Khalil, une procédure inédite, symbolise la guerre de Trump contre le mouvement étudiant. Dans une note du
secrétaire d’Etat étatsunien Marco Rubio, Mahmoud Khalil aurait participé à des manifestations « antisémites » et « perturbatrices ». En France, le macronisme et les partis de droite et
d’extrême droite emboîtent le pas à l’administration Trump dans la surenchère de criminalisation des soutiens à la Palestine, que ne parviennent pas à cacher les récentes déclarations de
Macron sur la reconnaissance d’un Etat palestinien. En décembre, 10 députés de droite dont Eric Ciotti ont déposé une proposition de loi relative à la pénalisation de l’antisionisme, tout
comme le sénateur UMP Stéphane Le Rudulier en octobre dernier, visant à confondre dans la loi l’antisémitisme et l’antisionisme afin de faire taire toute contestation. Dans les universités,
les mobilisations sont toujours fortement réprimées, à l’image Sciences Po Strasbourg, où huit camions de CRS ont été envoyés pour déloger les étudiants qui bloquaient pour dénoncer le
partenariat de leur école avec l’université Reichman de Tel Aviv. Ce jeudi, c’est le chercheur CNRS François Burgat qui était en procès pour apologie du terrorisme, pour des publications sur
X. Alors que les universités censurent les événements liés à la Palestine depuis un an et demi, et que des professeurs sont réprimés pour leur dénonciation du génocide, il faut que les
organisations du mouvement étudiant, ouvrier, et politique de notre camp social fassent front pour toutes les personnes visées pour le soutien à la Palestine. En ce sens il faudra être
nombreux à s’unir aux côtés d’Anasse Kazib, porte-parole de Révolution Permanente, visé lui aussi pour sa dénonciation du génocide.