
Macron à mayotte : 4 mois après chido, l'etat relance l'offensive coloniale avec l'opération « mur de fer »
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Ce lundi 21 avril, le président de la République était en déplacement sur l’île de Mayotte. Fidèle à la gestion ultra-sécuritaire mise en œuvre par son gouvernement depuis Chido, c’est en
toute logique que Macron annonçait dans son discours aux élus mahorais un nouveau plan de lutte contre l’immigration clandestine Baptisée cyniquement « Hurawa wa shaba » en shimaoré, soit
Mur de Fer, cette dernière sera déployée d’ici à la fin de l’année pour _« arriver à terme à l’objectif de 35.000 reconduites à la frontière par an »_ selon Macron. Cette nouvelle opération
marque une véritable montée en puissance des opérations militaro-policières par la France dans ce département colonial. Prenant la suite des opérations Wuambushu, elle prévoit pour ce faire
une augmentation « massive » des effectifs « du Groupe d’Appui aux Opérations » (GAO), unité de police dédiée à la chasse aux immigrés déployée sur l’ensemble de l’île et responsable des
centaines de contrôles et enfermement au CRA déjà réalisés chaque jour. Des nouveaux radars et intercepteurs seront également déployés en mer pour _« stopper les barges arrivant de la
Tanzanie et des Comores »_ en faisant référence à la _« la situation migratoire profondément anormale, et notamment une immigration du continent africain qui s’est doublée et renforcée ces
dernières années »_. Des propos d’un racisme crasse à l’image des conditions de vie ignobles que l’État impose aux personnes en demande d’asile originaires de la région des Grands Lacs,
maintenues dans un état de dénuement total depuis Chido. L’opération prévoit également _ « la création d’une zone d’attente pour les immigrés en situation irrégulière »_ pour mieux réprimer
et enfermer à la frontière, en soutien au CRA de Petite-Terre, déjà utilisé à plein régime depuis l’opération Wuambushu. Rappelant qu’il faudra compter pour ce faire sur la « _stabilisation
des six escadrons de gendarmerie mobile_ » et des forces militaro-policières déjà déployées de manière massive sur le territoire, c’est un véritable plan de militarisation de l’île et de
guerre que promet Macron à la population comorienne et immigrée. RECONSTRUCTION AU POINT MORT, OFFENSIVES SÉCURITAIRES À PLEIN RÉGIME Cette nouvelle offensive sécuritaire d’ampleur
intervient alors que les mesures xénophobes et dérogatoires utilisées structurellement par l’État pour gérer l’île se sont déjà multipliées depuis le début de l’année, à l’image de
l’adoption d’une nouvelle restriction du droit du sol qui vise à faire payer la jeunesse de l’île Une offensive qui intervient également pour mieux masquer les responsabilités coloniales
immenses dans la situation catastrophique dans laquelle est maintenue la population, les infrastructures et l’ensemble des services publics depuis Chido. Une situation que Macron n’a pas
manquée ouvertement de nier en bloc, tout en mettant en avant un plan d’aide de 3,2 milliards d’euros pour pallier 3,5 milliards de destructions causées par le cyclone. Tandis que la
reconstruction des écoles de l’île est presque au point-mort et impose aux élèves et aux professeurs un système de rotation infernale, l’accès à l’éducation est encore largement entravé par
les coupures d’eau qui continuent d’être imposées à des milliers de foyers pendant plus de 36 heures et nécessitent de fermer régulièrement les écoles. Côté ramassage et système de gestion
des déchets déjà saturés structurellement, c’est un même constat accablant que Macron s’est bien gardé d’évoquer auprès des élus alors que des dizaines de décharges à ciel ouvert ont vu le
jour et pourrissent la vie des habitants depuis des mois. L’explosion du coût de la vie depuis Chido qui s’exprime à travers l’explosion des prix de de tous les produits de première
nécessité (packs d’eau, fruits et légumes, produits laitiers...) à également été passée sous silence par Macron. L’annonce d’un plan d’investissement à hauteur de 3,2 milliards d’euros sur
six ans dédiés à la reconstruction ne réglera en rien les inégalités socio-économiques profondes exacerbées par Chido et l’asphyxie imposée aux classes populaires et aux habitants de l’île
depuis des décennies. Avec cette nouvelle opération, c’est bien la colère légitime et grandissante des habitants qui s’est ouvertement exprimée sur l’île ces dernières semaines que Macron et
son gouvernement tentent aussi de canaliser. Elle s’est exprimée en particulier à travers le rejet massif par une bonne partie de la population et l’ensemble des organisations syndicales de
la loi « programmation Mayotte » que le gouvernement tente de passer en force. Ces dernières ayant initié plusieurs journées de grève dénoncent un projet imposé par en haut, qui ne prévoit
aucunes mesures pour la convergence et l’égalité des droits sociaux des travailleurs de l’île mais restent cependant silencieuses sur l’essence du texte qui ne prévoit rien d’autre que des
offensives majeures contre l’immigration et les habitants des bidonvilles particulièrement visés. Face au risque d’explosion sociale sur l’île, Macron a tenté une nouvelle fois de canaliser
les colères en annonçant un énième « travail de consultation de l’ensemble des organisations syndicales et patronales par le préfet ». FACE AU RENFORCEMENT MILITAIRE, LA NÉCESSITÉ D’EXIGER
LA FIN DES OPÉRATIONS SÉCURITAIRES ET LE RETRAIT DES TROUPES FRANÇAISES À l’heure où l’impérialisme français cherche à maintenir son rang, les départements d’outre-mer constituent un atout
militaire et stratégique majeur. D’une part en permettant à la France de bénéficier d’avant-postes militaires sur l’ensemble des océans, mais aussi de sécuriser son accès à des ressources
naturelles indispensables à son appareil industriel et militaire. Face aux tensions entre les impérialismes européens et américain et alors que l’Europe s’est lancée dans une course à la
militarisation, il n’est pas étonnant que la France renforce sa présence militaire et sécuritaire dans un département colonial ayant déjà toutes les allures d’une caserne. Comme nous le
rappelions dans un précédent article, « _face à la misère à Mayotte et dans l’ensemble de l’archipel des Comores, ni l’État français, qui défend ses seuls intérêts, ni le gouvernement
comorien réactionnaire et autoritaire de Azali Assoumani, pratiquant la persécution systématique de l’opposition et qui est complice de l’impérialisme français n’offrent d’issue aux
populations comoriennes dont seul le combat commun, en alliance avec les travailleurs français et africains, peut offrir une issue à la situation. L’ensemble des organisations politiques et
syndicales du monde du travail et de la jeunesse en France devrait se saisir de cette situation pour construire une politique qui remette en cause jusqu’aux racines de l’impérialisme
français à échelle internationale, une façon également de continuer le combat contre Macron et ses contre-réformes dans l’Hexagone_. » Plus que jamais, il est urgent que l’ensemble des
travailleurs et des organisations du mouvement social élargissent leurs revendications en dénonçant fermement la nouvelle offensive sécuritaire annoncée par Macron, mais aussi toutes les
mesures xénophobes et le régime juridique d’exception à l’œuvre à Mayotte responsable de la misère de l’île et de l’exploitation de milliers de travailleurs sans-papiers. Il apparaît ainsi
primordial d’exiger le départ de toutes les troupes françaises de l’île et la fin d’opérations militaro-policières qui n’auront que précipité la population de l’île vers la catastrophe
Chido. En multipliant les opérations de « décasage » l’État français a contribué à précariser dramatiquement une partie de cette population vivant dans une précarité déjà alarmante. À
rebours des solutions répressives et du plan de guerre que promet Macron à la population comorienne et immigrée, il est donc urgent d’opposer un véritable plan par en bas pour la
reconstruction de l’île, l’accès universel à l’eau et aux denrées alimentaires, la fin de l’enfermement et la régularisation de tous les sans papiers.