Patronat radicalisé : bernard arnault appelle à s'inspirer d'elon musk et à « débureaucratiser » l'économie

Patronat radicalisé : bernard arnault appelle à s'inspirer d'elon musk et à « débureaucratiser » l'économie


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Assis face aux actionnaires de LVMH, dans un cadre factieux, Bernard Arnault a affirmé, en filigrane, son soutien aux politiques économiques violentes du gouvernement de Donald Trump, ce


jeudi 17 avril 2025 lors de l’Assemblée Générale 2025 du groupe. Habituellement discret dans ses soutiens politiques, notamment à l’égard de Macron qu’il avait activement soutenu dans son


ascension politique et médiatique, Bernard Arnault a cette fois ouvertement tenu un discours en faveur de Trump et d’une dérégulation des marchés entre les États-Unis et l’Europe, qui


représente pour le groupe LVMH, 25 % de ses ventes. Sans quoi, le dirigeant de LVMH menace de délocalisation de sa production. Au premier rang de l‘investiture de Donald Trump, devant Javier


Milei, le milliardaire était rentré conquis de son voyage des États-Unis, multipliant les louages à l’égard du président d’extrême-droite et de sa politique. En ce sens, afin de faire


pression sur le gouvernement alors empêtré dans le parcours législatif de la loi de finance pour 2025, il lançait des menaces à peine voilées à son égard : « _Aux USA les impôts vont


descendre à 15%, les ateliers sont subventionnés dans une série d’États et le président encourage ça_. ». FACE AUX ACTIONNAIRES, BERNARD ARNAULT POUSSE EN FAVEUR DU PROJET LIBERTAIRE DE


TRUMP Il a affirmé que _« l’Europe n’est pas dirigée par un pouvoir politique, mais par un pouvoir bureaucratique qui passe son temps à éditer des règlementations » _. Un discours aux


accents populistes et libertariens qui n’est pas sans rappeler ceux d’Elon Musk aux États-Unis, à la tête d’une agence fédérale visant à démanteler les services publics. Mais ce discours


fait aussi écho aux principales forces d’extrêmes droites en Europe, Marine Le Pen, la dirigeante italienne Giorgia Meloni, ou bien le Hongrois Viktor Orbán. C’est en ce sens que le


milliardaire s’est présenté en admirateur des politiques protectionnistes de l’administration Trump malgré sa guerre commerciale et sa menace d’imposer 20 % droits de douane sur les produits


européens, s’attaquant à l’inverse à l’UE. _« si l’Europe ne peut pas négocier de façon intelligente, il y aura des conséquences pour beaucoup d’entreprises_, explique-t-il, _plusieurs


sociétés envisagent d’augmenter leur capacité de production aux États-Unis »_, si la taxe retombe. En d’autres termes, La première fortune de France menace de délocaliser une partie de sa


production aux États-Unis. « _Il ne faudra pas dire que c’est la faute des entreprises, ça serait la faute de Bruxelles si cela devait arriver_ », se contente-il d’ajouter. Des commentaires


qui rappellent les menaces que le milliardaire lançait à l’égard du gouvernement en janvier dernier au retour de l’investiture de Trump. Celui-ci lançait alors : « _quand on vient en France,


et qu’on voit qu’on s’apprête à augmenter les impôts de 40% sur les entreprises qui fabriquent en France, c’est quand même à peine croyable. Pour refroidir les énergies, on fait


difficilement mieux. Pour pousser à la délocalisation, c’est idéal (…) Je ne sais pas si c’est vraiment l’objectif du gouvernement, mais en tout cas, il va l’atteindre_ ». Des menaces qui


faisait alors écho avec les sorties du patron de Michelin justifiait en commission du Sénat la fermeture de deux sites industriels en dénonçant les normes et le « coût du travail » en


France. En ce sens, pas étonnant que Bernard Arnault se dit même « _favorable_ » à la mise en place d’une _ « une zone de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis » _. Une idée qu’Elon


Musk, grand défenseur d’un libéralisme économique dérégulé, évoquait quelques semaines plus tôt, le 5 avril, lors d’un entretien avec Matteo Salvini, membre du gouvernement Meloni. LVMH ET


LA DÉFAILLANCE DU MARCHÉ DU LUXE Derrière cette manœuvre, Bernard Arnault tente dans les faits de sauver les finances de son groupe, frappé par une crise structurelle du luxe dans le monde.


S’il explique « _que la situation est loin d’être préoccupante_ », le groupe a essuyé depuis le début de l’année un recul conséquent de 20,3 milliards d’euros. Au premier trimestre, le


groupe a enregistré une baisse de 2 % de ses ventes à périmètre constant, et une chute de 17 % de son résultat net. Le secteur des vins et spiritueux a particulièrement souffert avec une


baisse de 11 % des ventes. Le modèle de croissance de LVMH, reposant en grande partie sur le marché chinois, est aujourd’hui limité par les crises internes du marché, notamment celles liées


à la construction. En se rangeant derrière le projet économique de Donald Trump, Bernard Arnault confirme que la première fortune de France est prête à tout pour défendre ses marges, quitte


à revenir en arrière sur de nombreuses mesures sociales et écologiques. Face à la radicalisation du patronat, les travailleurs n’ont pas besoin de chèques ou de miettes sociales, ils ont


besoin d’un plan offensif d’action pour arracher des augmentations des salaires, l’interdiction des licenciements et mettre fin à la déferlante austéritaire du budget 2025. Autrement, ce


sont les désirs trumpistes du grand patronat qui finiront par s’imposer contre le monde du travail.