
Répression : l'imam des bleuets lourdement condamné pour un tweet de soutien à la palestine
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Smaïn Bendjilali, l’imam des Bleuets était poursuivi pour « apologie de terrorisme » pour avoir repartagé deux tweets sur son compte X, dénonçant les exactions commises par Israël sur les
palestiniens et le caractère colonial de cet État. La procédure faisait suite à la saisine, le 30 juillet 2024, du procureur de la République de Marseille par l’ex-préfet de police des
Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex. Après une audience tendue au Tribunal judiciaire de Marseille le 25 mai, il a été finalement condamné à une lourde peine à l’issue d’un délibéré
rendu en sa présence et celle de nombreux soutiens. S’il a été relaxé pour l’un des tweets, il a été condamné pour le deuxième à la peine de 6 mois d’emprisonnement avec sursis, cinq ans de
privation de droits civiques, 2 000 euros d’amende et une inscription au Fijait (Fichier des auteurs d’infractions terroristes). La décision judiciaire colle avec les réquisitions du
parquet, à deux exceptions près : l’interdiction d’exercer ses fonctions d’imam et la suspension de son compte X qui n’ont pas été retenues. Cette peine extrêmement lourde vise non seulement
à museler les soutiens à la Palestine alors que l’entreprise génocidaire d’Israël et ses massacres se perpétuent depuis dix-neuf mois, mais elle s’inscrit également dans l’offensive
islamophobe menée par l’État, comme le souligne Smaïn Bendjilali dans son cas : « cette information [le tweet] a été relayée plusieurs fois, mais bon ceux qui ont relayé n’ont pas de
problème, l’auteur même de l’interview n’a pas de problème, l’interviewé n’a pas de problème, le support en question n’a pas de problème, mais étant donné que moi-même je suis imam j’ai
relayé une information à laquelle je n’adhère pas, je suis condamné ». Un nouvel exemple de l’islamophobie d’État. Cette condamnation constitue le point d’orgue d’un acharnement de l’État
contre l’imam. En effet, Smaïn Bendjilali avait déjà fait l’objet d’une procédure administrative qui n’a pas abouti. En effet, le préfet de police avait menacé de fermer la mosquée des
Bleuets à la fin de l’été 2024, à la demande de Gérald Darmanin alors ministre de l’Intérieur. Elle vient également poursuivre les attaques islamophobes, à l’image de l’expulsion de l’imam
Mahjoubi ou d’Hassan Iquioussen. L’imam dénonce également le contexte de répression plus large des soutiens à la Palestine et l’amalgame qui est fait entre antisionisme et antisémitisme : «
_C’est la suite logique de toutes les personnes qui sont aujourd’hui oppressées parce qu’elles soutiennent la cause palestinienne, […] aujourd’hui soutenir la cause Palestinienne ça veut
dire être antisémite, donc forcément on est toujours sous le feu des projecteurs dès lors qu’on a une certaine audience, quoi qu’il en soit cela ne me fera pas taire_ ». La décision du
Tribunal poursuit également l’instrumentalisation honteuse de la lutte contre l’antisémitisme, car en condamnant Smaïn Bendjilali à payer des dommages et intérêts à la Licra (Ligue
internationale contre le racisme et l’antisémitisme), le jugement amalgame la dénonciation de l’Etat d’Israël à l’antisémitisme. L’association n’avait cessé lors de l’audience du 25 mars
d’instrumentaliser le traumatisme de la Shoah et de faire porter à Smaïn Bendjilali, la responsabilité d’actes antisémites en France, alors qu’il comparaissait pour des tweets qui n’ont rien
à voir. Dans son acharnement, le tribunal n’a évidemment pas pris en compte par exemple les efforts de l’imam pour favoriser le dialogue interreligieux, à l’image d’une rencontre organisée
en novembre 2023 par le rabbin Haïm Bendao, qui a d’ailleurs témoigné à la barre lors de l’audience les liens qu’il entretient avec l’imam depuis dix ans. Alors que Macron retourne sa veste
et se veut critique de Netanyahou, sans pour autant reconnaître le génocide, cette condamnation et les nombreuses autres poursuites toujours en cours, illustre l’hypocrisie des dirigeants
occidentaux qui continuent de doter Israël du soutien le plus efficace qu’ils peuvent lui fournir : la répression du mouvement de solidarité à la Palestine. Et pour cause, les attaques se
poursuivent, à l’image des poursuites contre Anasse Kazib pour un tweet de soutien à la Palestine, ou encore la menace de dissolution à l’encontre d’Urgence Palestine et la Jeune Garde. Face
à cette répression d’État, il est plus que jamais nécessaire de dénoncer la poursuite du génocide mais aussi la criminalisation du soutien à la Palestine qui se poursuit. Pour cela, nous
n’avons rien à attendre de l’Etat et de ses déclarations qui visent à se couvrir de leur soutien au génocide. C’est « par en bas », en construisant le front le plus large possible, en
s’appuyant sur le regain de mobilisation du soutien à la Palestine ainsi que l’isolement d’Israël à l’international, que nous pourrons contrer le saut répressif en cours et la lutte pour
notre droit à défendre la Palestine. Soutenir la Palestine n’est pas un crime !