
Sncf. Attaque contre le droit de grève à paris nord : une offensive qui concerne l'ensemble des cheminots
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Depuis l’annonce d’un projet de suppression d’un poste d’aiguilleur à Villemomble et des services du week-end au poste 3 du Bourget, la colère gronde au sein de l’établissement infra
circulation de Paris Nord. Alors que les agents travaillent déjà à flux tendu, les inquiétudes sont grandes face à la suppression de nouveaux postes sur l’un des secteurs de fret ferroviaire
les plus importants d’Île-de-France. En effet, au-delà d’impacter les cadences, le travail en équipe réduite risque de poser de réels problèmes en matière de sécurité. C’est dans ce
contexte que les agents du Bourget se sont mis très majoritairement en grève le 10 avril 2025 pour réclamer des explications. Face à une direction inflexible, le syndicat SUD Rail Paris Nord
a déposé de nouveaux préavis de grève pour l’annulation pure et simple de tous les projets de suppression de postes, pour que la direction s’engage à ce qu’aucune réorganisation ne voit le
jour dans les prochains mois et les prochaines années, ainsi que pour l’amélioration des conditions de travail et de salaire. La modalité de grève par plusieurs tranches de 59 minutes a été
décidée par les grévistes en assemblée générale et votée à l’unanimité pour répondre aux méthodes de la SNCF qui a recours à des cadres et des agents extérieurs qui sont rémunérés par des
primes de 100 euros par jour pour venir les remplacer et casser la grève. DANS CE CONTEXTE INFLAMMABLE, LA SNCF A TROUVÉ UN NOUVEAU PRÉTEXTE POUR S’ATTAQUER AU DROIT DE GRÈVE Craignant, à
raison, une forte mobilisation dans un contexte où elle veut avancer sur ses projets de réduction d’effectifs, la direction a trouvé un nouveau moyen d’attaquer la grève. Le 2 mai, elle a
décidé unilatéralement d’annuler tous les préavis de grève posés par le syndicat SUD Rail Paris Nord et menace depuis les salariés de sanctions s’ils décident de faire grève à partir de ces
préavis. Une manœuvre pour casser la dynamique et prendre de court les agents, alors qu’ils s’apprêtaient à se mettre massivement en grève à partir du mois de mai. Pour justifier une telle
attaque, la société de transports prétend que l’accumulation de plusieurs préavis prévoyant des tranches de 59 minutes d’arrêt de travail pourrait donner lieu à des grèves tournantes et à
des dangers pour la sécurité. Elle a donc décrété que toute grève serait illicite avant même le début de la grève. Pourtant, les modalités de grève telles que déposées par SUD Rail Paris en
ces mois d’avril et de mai ont déjà donné lieu à des grèves en 2017 et 2023 sans que la SNCF n’ait eu rien à redire. Si elle se cache derrière des arguments légalistes très contestables, en
réalité, la société cherche à faire émerger une interprétation extrêmement restrictive de la loi qui encadre le droit de grève dans les transports publics, pour que les grèves n’aient plus
aucun impact. La radicalisation de l’entreprise de transport est telle que malgré la venue de l’inspection du travail sur le site et l’envoi d’un courrier de huit pages la sommant de cesser
de porter atteinte au droit de grève, elle campe sur ses positions. En réaction, le syndicat SUD Rail Paris Nord a saisi en référé le tribunal judiciaire de Bobigny qui rendra sa décision
mercredi à 17h. Lors de l’audience, la SNCF a tenté de faire croire que la grève pouvait mettre en danger la sécurité des voyageurs, un pur mensonge qui vise encore une fois à criminaliser
les cheminots et leur lutte pour défendre le service public et leurs conditions de travail. UN LABORATOIRE POUR L’ENSEMBLE DU PATRONAT QUI VEUT EN FINIR AVEC LES GRÈVES Cette attaque
constitue un test de plus pour la SNCF et le patronat qui tentent d’en finir avec la grève dans un secteur particulièrement bloquant avec une tradition de combativité. Elle s’inscrit dans
une dynamique plus large qui articule discours antigrévistes, menaces de sanctions, embauche de casseurs de grèves pour isoler et démoraliser les agents. Ainsi, la SNCF est à l’avant-garde
des attaques sur le droit de grève, notamment en utilisant les médias pour répandre son discours. Il s’agit d’un terrain d’expérimentation pour l’ensemble du monde du travail. En effet, le
patronat cherche à imposer l’idée que la grève ne doit être possible que quand elle n’a aucun impact. Alors que le patronat tente de retourner les usagers contre les agents grévistes, il
faut rappeler que les attaques sur les conditions de travail des cheminots auront un impact direct sur la sécurité des usagers. Dans un contexte où les attaques sur les conditions de travail
et l’emploi se multiplient, il y a une nécessité de s’organiser largement pour faire comprendre au patronat, qu’effectivement, la grève a un impact, qui découle du fait que sans les
travailleurs, plus rien ne tourne. Il faut réaffirmer que les seuls qui empêchent le développement d’un service de transport de qualité, ce sont les patrons qui réduisent les coûts de
maintenance au prix de la sécurité des voyageurs, qui ferment les petites lignes non rentables, qui augmentent le prix des billets et enfin qui dégradent les conditions des agents.