Soutien à la Palestine : les dockers de Fos-sur-mer refusent de charger des armes à destination d'Israël

Soutien à la Palestine : les dockers de Fos-sur-mer refusent de charger des armes à destination d'Israël


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Ce mercredi 4 juin, les dockers de Fos-sur-Mer ont refusé de charger un cargo israélien acheminant des pièces de fusils mitrailleurs, destinées au massacre des Palestiniens. S’apprêtant à


faire escale en France pour récupérer 14 tonnes de maillons fabriquées à Marseille par l’entreprise Eurolinks, le navire doit partir demain soir pour Gênes et finir sa course au port


d’Haïfa, en Israël. Dans un communiqué, le Syndicat Général CGT des Ouvriers Dockers et des Personnels Portuaires du Golfe de Fos a annoncé ce matin le refus des travailleurs de charger le


bateau : « Les dockers et portuaires du Golfe de Fos ne participeront pas au génocide en cours orchestré par le gouvernement israélien » .


Partout dans le monde, la lutte s’organise contre le génocide à Gaza ! pic.twitter.com/LzjknBFhFi


Comme l’explique le syndicat, le conteneur « a été mis de côté » et ne sera pas chargé sur le bateau : « le port de Marseille-Fos ne doit pas servir à alimenter l’armée israélienne » . Le


cargo de la compagnie israélienne Zim, baptisé « Contship Era » doit récupérer 19 palettes, commandées par l’entreprise Israël Military industries (IMI), filiale d’Elbit Systems, le


principal fournisseur de Tsahal, comme l’a dévoilé Disclose en lien avec le média irlandais The Ditch dans une enquête sur les livraisons françaises à l’Etat génocidaire d’Israël.


Ce n’est pas la première fois que ce cargo fait escale à Fos-sur-Mer, puisqu’il avait récupéré le 3 avril près 20 tonnes de marchandises destinées à IMI, soit 20 tonnes de pièces d’armement.


Le 22 mai, le Contship Era avait fait un deuxième passage par Fos, pour embarquer cette fois-ci 2 millions de maillons. D’après le journal d’investigation, ces pièces sont compatibles avec


le Negev 5, la mitrailleuse utilisée par Tsahal pour tuer plus d’une centaine de civils lors du « massacre de la farine », il y a plus d’un an. En mars 2024, Disclose avait révélé que le


gouvernement français avait autorisé l’exportation de 100 000 maillons vers Israël, ce que le ministre des Armées Sébastien Lecornu avait nié, prétendant que les maillons étaient destinés à


des clients d’Israël. Le ministre avait changé de version quelques mois plus tard en expliquant que les maillons étaient assemblés en Israël, pour revenir ensuite en France. En septembre


2024, Mediapart révélait à son tour le contenu d’un rapport gouvernemental confirmant la vente de 30 millions d’euros d’armes à l’Etat génocidaire en 2023 par la France, tandis que Macron


déclarait de manière mensongère sur France inter en octobre : "la France n’en livre pas".


Ce n’est pas non plus la première fois que les dockers de Fos s’opposent au génocide. En avril, alors que BDS France dénonçait l’escale du navire Nexoe, de la compagnie Maersk, se dirigeant


vers le Maroc pour récupérer des composantes d’avions de chasse à destination d’Israël, les dockers avaient imposé le contrôle du bateau. Après inspection, les travailleurs du port n’avaient


pas trouvé de pièces ni d’armes dans ce cargo qui avait déjà transporté d’après BDS au moins 376 cargaisons d’armement entre octobre 2023 et avril 2024, faisant du Nexoe « un des


navire-clés » de la « flotte génocidaire » du géant du transport maritime Maersk, qui achemine des armes des Etats-Unis vers Israël depuis le début du génocide.


Le cargo avait ensuite continué sa route vers Tanger, freiné par d’importantes mobilisations populaires et par le refus des dockers de charger le bateau. A l’arrivée du navire au Maroc, des


manifestations avaient éclaté à Casablanca et Tanger, violemment réprimées par les forces de l’ordre. Trois syndicats marocains avaient alors demandé aux travailleurs du port de refuser tout


chargement ou déchargement des « navires du génocide », marquant la première véritable initiative de blocage initiée par les directions syndicales. L’arrivée du bateau à Casablanca avait


été retardée de 40 heures grâce au boycott des dockers, dont certains ont donné leur démission en signe de protestation contre la complicité de leur employeur (une filiale de Maersk) dans le


génocide. La mobilisation des dockers a forcé Maersk à renoncer à faire passer ses cargos par Fos-sur-Mer, qui a prétendu la semaine dernière dans un communiqué vouloir « optimiser son


réseau » en prétextant des raisons logistiques pour masquer sa défaite face aux ouvriers mobilisés pour la Palestine.


Alors que le génocide est entré dans une nouvelle phase baptisée « chariots de Gédéon » et que le peuple palestinien est condamné à la famine par le blocage de l’aide humanitaire orchestré


par Israël qui continue de frapper les civils, cette démonstration des ouvriers du port de Fos-sur-Mer, capables de bloquer l’acheminement des armes depuis un pays complice du génocide,


montre une nouvelle fois les potentialités du mouvement ouvrier internationaliste pour faire face à la militarisation et aux puissances impérialistes. Plus largement, face à la répression


effrénée des soutiens à la Palestine, la lutte exemplaire des dockers appelle à une solidarité de l’ensemble de notre classe.