
Gironde : comment le label « cité éducative » doit changer la donne pour les quartiers prioritaires
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Reconnue Cité éducative en 2019, la Ville de Lormont a vu les actions en direction des 3-25 ans de ses quartiers ralenties par la pandémie de Covid-19. Ces projets et d’autres doivent être
poursuivis en 2021 Le comité de pilotage du projet Lormont « Cité éducative » se réunissait à la mi-novembre. L’occasion pour les différents acteurs actifs dans ce programme de dresser un
état des lieux des actions menées sur l’année 2020, de proposer de nouvelles initiatives par thématique, de définir les perspectives et un budget pour 2021. DES ACTIONS PERTURBÉES PAR LE
COVID-19 Premier constat, et ce n’est pas une surprise, la première année de ce dispositif triennal a été largement perturbée par la pandémie de Covid-19. Plusieurs actions prévues en 2020 -
et leur budget -, comme la formation des parents d’élèves à l’utilisation des outils numériques (122 familles avaient été identifiées lors du premier confinement), ont été reportées à 2021.
> Beaucoup d’actions ont été menées. J’ai envie de dire, > heureusement qu’il y a eu la Cité éducative dans ce contexte », > rétorque Jean Touzeau. Le maire de Lormont évoque aussi
le travail autour de la parentalité, la médiation scolaire ou le déploiement de l’enseignement à distance. Les fonds du label ont permis l’achat de matériels telles que les tablettes pour
les familles dans le besoin. Pour l’édile, la Cité éducative a même été « capitale » pour maintenir le « lien » entre l’école et les familles dans une période « compliquée ».
L’ACCOMPAGNEMENT DES PARENTS, LE « PIVOT » À Lormont, la Cité éducative a fait de la parentalité le « pivot » de son action, explique Josette Belloq, adjointe au maire à l’éducation. Sur
trois ans, ce sont plus de 240 000 euros qui seront alloués à l’accompagnement des parents. En 2021, il s’agira de mettre en place les actions avortées ou de poursuivre ce qui avait été
engagé cette année. On peut citer le travail autour de l’apprentissage du français pour les parents d’élèves allophones. > Lormont est une ville plurielle, métissée, avec des parents qui
ne > maîtrisent pas toujours la langue française », rappelle Josette > Belloq. Objectif, « faire sortir de l’isolement » ses parents et leur permettre de mieux accompagner leurs
enfants dans leur scolarité. EN 2021 : IDENTIFIER ET PRÉVENIR LE DÉCROCHAGE DES JEUNES Avec ce label, la Ville de Lormont s’est engagée auprès de ses 3-25 ans, de la petite enfance à
l’insertion professionnelle. 2021 doit marquer un tournant en étant l’année d’un travail tout particulier à destination des plus de 16 ans. Coordonnée par l’État et la Ville, l’observatoire
lormontais des résultats doit réaliser un état des lieux du décrochage scolaire, notamment après la classe de 3e. La réalisation de la fiche des actions sur le sujet est en cours. Les
objectifs sont identifiés : prévenir le décrochage, travailler les parcours pour mieux les orienter et favoriser leur insertion professionnelle. « La Cité éducative, ça dépasse le scolaire
», insiste Josette Belloq. > Les jeunes, on ne les a pas encore bien captés. La priorité ? > Travailler sur l’orientation, leur donner de l’ambition, les > diplômer un maximum »,
enchaîne-t-elle . Parmi les actions à venir en 2021, citons aussi l’accompagnement périscolaire, le soutien scolaire ou encore l’aide aux parents d’enfants en bas âge dans le cadre des « 1
000 premiers jours de l’enfant ». À l’avenir, deux nouveaux lieux d’accueil des familles doivent voir le jour afin qu’il en existe un par quartier prioritaire. CITOYENNETÉ, LAÏCITÉ, SUJETS
DE SOCIÉTÉ En 2021, la municipalité et ses partenaires entendent lancer des actions sur la thématique « Santé, sport, bien-être ». L’idée ? Lutter contre les addictions des jeunes,
travailler autour de l’alimentation ou inciter à la pratique sportive. L’occasion pour Josette Belloq de « développer des qualités, des talents ». Enfin, et c’est malheureusement d’actualité
quelques mois après l’assassinat, le 16 octobre dernier, du professeur Samuel Paty, un zoom particulier sera fait sur le sujet « Citoyenneté et laïcité ». « Des professionnels seront formés
et la parole des habitants (enfants et parents) sera accompagnée sur des sujets de société majeurs », affiche la préfecture de la Gironde, partie prenante dans le projet. ÉVALUATION DU
LABEL EN 2022 Labellisée en septembre 2019, Lormont est la seule ville de Gironde, parmi 80 territoires, reconnue pour son action éducative envers ses 3-25 ans. Grâce ce label, la Ville,
avec le soutien - financier et structurel - de trois autres institutions (Caisse d’allocations familiales, services départementaux de l’Éducation nationale et État), s’engage à poursuivre
son travail auprès des enfants et jeunes des Quartiers prioritaires de la politique de la Ville (QPV), depuis la petite enfance jusqu’à leur insertion professionnelle.La démarche, triennale
(2019-2022), basée sur le Réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP +), fera en 2022 l’objet d’une évaluation de son efficacité et de son apport pour les populations visées par le
programme. Parmi les douze actions inscrites dans le plan de financement figurent entre autres la parentalité (242 520 euros), la pré-scolarisation (183 000 euros), l’accompagnement des
élèves dans le besoin (31 500 euros) ou encore la médiation interculturelle (26 220 euros) et scolaire (87 000 euros). LA LANGUE DES AUTRES POUR « RÉCONCILIER » Naoual Kihem agite la
clochette, signe qu’elle va commencer son histoire. Habituée à rencontrer d’autres mères de famille dans le cadre des ateliers de l’association lormontaise Parlons nos langues, l’animatrice
sort un à un les objets de sa boîte à histoires devant des professionnels attentifs. Même si la conteuse narre son histoire en arabe, tout le monde comprend qu’il s’agit du « Petit Chaperon
rouge ». Comme des enfants, les spectateurs sont pris de fous rires quand le gant noir (le loup) avale l’objet représentant Le Petit Chaperon rouge. Les sons chantants de l’arabe font le
reste.Ce vendredi 11 décembre, l’association Dulala (d’une langue à l’autre), partenaire officielle des Cités éducatives de France, clôture sa semaine de formation au collège Montaigne de
Lormont. Intégrée au projet Cité éducative, la formation est destinée aux personnels éducatifs municipaux. Des professeurs d’écoles maternelles, des animateurs du périscolaire et de centres
de loisirs sont de la partie, notamment.« Valoriser »Pendant plusieurs jours, ces fonctionnaires ont été formés à l’éveil aux langues par Mathieu Daure, formateur à Dulala, qui leur a donné
des clés pédagogiques pour manipuler dès que possible les langues étrangères dans leurs établissements respectifs. L’animateur de la formation leur refait le conte de Charles Perrault. En
français mais agrémenté de « mots-clés » (le loup, la forêt, etc.) notamment en italien et en albanais. « Il y a un infini de possible », lance Mathieu Daure avant d’inciter les participants
à dessiner un arbre où chaque enfant pourrait mettre un « bonjour » dans une autre langue.Il invite aussi les professionnels à intégrer « progressivement » les parents au processus.
Objectif, « valoriser » la langue, intéresser l’autre. « Réflexion » et « raisonnement » de l’enfant reviennent dans la bouche de Mathieu Daure. « L’enfant n’est pas là pour apprendre
l’arabe ou le bulgare. Il est là pour s’intéresser », prévient-il.Présente à l’atelier, l’élue en charge de l’éducation, Josette Belloq, voit dans cette formation intercatégorielle, et dans
la Cité éducative de manière générale, une « réconciliation » dans une ville « hétérogène » comme Lormont.