
"un jeu de poupées russes" : pourquoi l'appel trump-poutine n'apporte rien de "concret" sur l'ukraine | tf1 info
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Le locataire de la Maison Blanche s'est longuement entretenu par téléphone avec le chef du Kremlin lundi, un appel très attendu mais sans résultat tangible pour un cessez-le-feu. Moscou
continue d'imposer des conditions inacceptables pour l'Ukraine, qui l'accuse de chercher à "gagner du temps". Si le président américain se félicite de ces
discussions, la Russie ne cède toujours rien et les pourparlers n'aboutissent pas, relève la spécialiste de la Russie Carole Grimaud. Suivez la couverture complète Le second mandat de
Donald Trump Un rendez-vous attendu depuis des jours, deux heures d'entretien... et aucune avancée majeure sur le fond. Le président américain Donald Trump s'est entretenu par
téléphone avec son homologue russe (nouvelle fenêtre) lundi 20 mai sur la guerre en Ukraine, un appel qui s'est _"très bien passé"_ selon lui. Survenu trois jours après les
premiers pourparlers de paix russo-ukrainiens (nouvelle fenêtre) depuis 2022 en Turquie, ce nouvel échange, le troisième en quelques mois entre les deux hommes, a permis d'annoncer le
démarrage _"immédiat"_ entre Moscou et Kiev de négociations en vue d'une trêve. Mais sans calendrier avancé ni aucune garantie qu'un accord sera bien trouvé. Pour le
président ukrainien Volodymyr Zelensky, Vladimir Poutine cherche toujours à_ "gagner du temps" _pour son invasion en étirant au maximum les pourparlers, tandis que les Européens
ont estimé que cet appel montrait que ce dernier n'était _"pas prêt à des concessions"_. Comme pour tenter de les rassurer, le secrétaire d'État américain a assuré ce
mardi que les États-Unis ne font aucune _"concession"_ au chef du Kremlin (nouvelle fenêtre). Pourtant, face aux blocages russes, Donald Trump refuse toujours la fermeté et les
discussions s'enlisent, estime à TF1info Carole Grimaud, enseignante à l'université d'Aix-Marseille et spécialiste de la Russie. DONALD TRUMP ET VLADIMIR POUTINE SE SONT TOUS
DEUX FÉLICITÉS DE CET APPEL, MAIS POURRA-T-IL VRAIMENT FAIRE BOUGER LES CHOSES SUR LE FOND, EN VUE D'UN CESSEZ-LE-FEU ? Je ne le crois pas : il n'y a rien de concret, ce ne sont
que des mots, de la rhétorique, pour le moment. Les deux dirigeants ont bien échangé, mais les conditions russes ont-elles changé ? Non. Sont-elles acceptables pour l'Ukraine ? Non. On
en est donc toujours au même point : les Russes ne cèdent sur rien (nouvelle fenêtre). Ils exigent en particulier le retrait complet des forces ukrainiennes, donc des territoires occupés, la
neutralité de l'Ukraine, une armée réduite à une taille de nain et l'arrêt complet des aides occidentales... Ce que Kiev refuse. > À chaque étape passée, c'est une
nouvelle poupée russe qui > s'annonce, avec de nouvelles conditions qui se superposent aux > précédentes Carole Grimaud, spécialiste de la Russie, à TF1info Par ailleurs, Moscou
ne dit pas non à une nouvelle rencontre avec les Ukrainiens, mais seulement lorsque les deux parties se seront adressé une liste des conditions à accepter avant cela. Or elles risquent de ne
pas être d'accord sur ces conditions à réunir. Nous sommes donc encore très loin d'un début de négociations, lesquelles sont impossibles avant de nouvelles rencontres. Et ces
négociations, rappelons-le, ne peuvent débuter qu'après un cessez-le-feu exigé par Kiev (nouvelle fenêtre) et les capitales européennes, qui n'a pas été encore accordé par Moscou.
Tout cela donne l'impression d'un jeu de poupées russes : à chaque étape passée, c'est une nouvelle poupée russe qui s'annonce, avec de nouvelles conditions qui se
superposent aux précédentes, puis de nouveau une deuxième à l'intérieur... Et on repart sur des conditions qui sont toujours inacceptables du côté ukrainien. Je ne vois donc pas
d'avancée. * Lire aussi "Poutine veut assujettir l'Ukraine", estime Nicolas Tenzer, spécialiste des relations internationales DONALD TRUMP A TOUTEFOIS APPELÉ VOLODYMYR
ZELENSKY AVANT SON APPEL AVEC VLADIMIR POUTINE, N'EST-CE PAS LE SIGNE ENCOURAGEANT D'UNE ÉVOLUTION DU PRÉSIDENT AMÉRICAIN SUR LE SUJET ? Effectivement, Donald Trump s'est un
peu fait le porte-parole du président Zelensky avant la communication. Plus largement, il maintient le dialogue et ces échanges sont l'occasion de connaître les intentions et la
position des uns et des autres. Mais pour l'instant, cela n'a pas encore suffi pour que les Russes acceptent un cessez-le-feu. Par ailleurs, certains éléments sont encore discutés
en dehors de l'Ukraine, notamment sur la Crimée, que Kiev ne veut pas céder alors que Washington affirmait ces dernières semaines qu'elle y était prête (nouvelle fenêtre). Il y a
des va-et-vient, les choses sont très confuses : les Américains lancent des propositions, mais sans être certains et en prenant des libertés par rapport à la position ukrainienne, puis les
Ukrainiens l'apprennent et refusent catégoriquement. Et c'est reparti, case départ. L'équipe du président Trump essaye de faire plier les deux côtés en même temps, les Russes
et les Ukrainiens, pour arriver à une sorte de compromis. LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN SEMBLAIT NÉANMOINS AFFICHER UN TON PLUS FERME VIS-À-VIS DE LA RUSSIE (nouvelle fenêtre) CES DERNIÈRES
SEMAINES, CELA S'EST-IL TRADUIT LORS DE L'APPEL DE LUNDI ? Je crois que ce ne sont que des effets de manche : il reste particulièrement conciliant et bienveillant avec la Russie.
Il n'a pas condamné l'absence du chef du Kremlin aux négociations à Istanbul la semaine passée (nouvelle fenêtre). Ni les frappes et l'attaque sans précédent de drones russes,
d’une ampleur inédite, qui ont été lancés sur l'Ukraine au moment même de ces pourparlers. Et quant à cet appel, il affirme toujours qu’il s'entend très bien avec son homologue
russe et ne le critique pas. Par ailleurs, les Américains menacent d'imposer des tarifs douaniers de 500% sur les biens russes importés en provenance de pays qui achètent du pétrole
notamment, mais rien n'est fait pour l'instant. Tandis que du côté européen, on a été bien plus clair et plus ferme : le 17e paquet de sanctions a été adopté ce mardi. * Lire
aussi LCI SUR LE TERRAIN - Ukraine : loin des pourparlers, la guerre au quotidien CES DERNIÈRES HEURES, DONALD TRUMP S'EST DIT CONVAINCU _"QU'IL VA SE PASSER QUELQUE
CHOSE"_ POUR AVANCER DANS CES NÉGOCIATIONS, MAIS SI CE N'EST PAS LE CAS, IL A MENACÉ DE SE _"RETIRER TOUT SIMPLEMENT" _DES DISCUSSIONS. EST-IL EN TRAIN DE PRÉPARER LE
TERRAIN À UN ABANDON PUR ET SIMPLE DU DOSSIER CÔTÉ AMÉRICAIN ? Il met en garde les deux parties qu'il ne tiendra pas le rôle de médiateur indéfiniment s'il considère qu'elles
ne parviennent finalement pas à se mettre d'accord. C'est un drapeau rouge qu'il déploie pour mettre de la pression, des deux côtés. Car il peut effectivement décider que
tout est terminé, d'un coup de tête. Cela serait certainement préjudiciable aux Ukrainiens, et au contraire profitable aux Russes. Je pense qu'ils font traîner tout cela dans la
durée, parce qu'ils apprécient d'avoir repris les relations diplomatiques avec les Américains. Vladimir Poutine et la Russie sont finalement revenus sur la scène internationale de
premier plan, et pour eux, cela est déjà une victoire en soi. Le retrait américain de ce jeu ne posera aucun problème au dirigeant russe, qui continuera sa guerre en Ukraine.
------------------------- Maëlane LOAËC