
Meurtre raciste d'un Tunisien : le profil inquiétant du suspect, Christophe B.
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Le 31 mai dernier, Christophe B., 53 ans, a abattu Hichem Miraoui, son voisin Tunisien.Le quinquagénaire a également blessé une autre personne, de nationalité Turque.Dimanche, le suspect qui
avait tenu des propos racistes et haineux sur les réseaux sociaux a été interpellé.Le Parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi lundi de l'enquête. Suivez la couverture complète
Meurtre d'un Tunisien dans le Var
Un "crime raciste", "insupportable" et "prémédité". Voilà comment le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a qualifié les faits survenus samedi soir dans la commune de
Puget-sur-Argens, près de Fréjus, dans le Var.
C'est là que Christophe B., 53 ans, a abattu son voisin Tunisien, Hichem Miraoui, coiffeur de 45 ans, et blessé un autre homme de 25 ans de nationalité turque à la main avant de prendre
la fuite. Localisé à proximité du lieu de commission des faits après avoir été dénoncé aux forces de l'ordre par sa compagne, le mis en cause a finalement été interpellé quelques
heures plus tard.
Au lendemain de l'ouverture d'enquête par le parquet de Draguignan, le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi lundi des faits requalifiés en "assassinat" et
"tentative d'assassinat", le tout "en relation avec une entreprise terroriste commis en raison de la race, de l’ethnie, la nation ou la religion" et pour "association de malfaiteurs
terroriste criminelle". TF1info revient sur le profil du suspect aux idées d'ultra-droite.
Un homme inconnu de la police et de la justice Artisan chaudronnier, Christophe B., est né en 1971 en France. Aujourd'hui âgé de 53 ans, il est de nationalité française et est domicilié
sur la commune de Puget-sur-Argent où a eu lieu le drame. Il est en couple. Avant les faits pour lesquels il a été placé en garde à vue le week-end dernier, il était jusqu'alors
inconnu de la police et de la justice.
Qu'a-t-il fait samedi soir ? Dans la soirée du 31 mai, Christophe B. a tiré à cinq reprises du son voisin Hichem Miraoui, coiffeur âgé de 45 ans, ne lui laissant aucune chance de s'en
sortir, en témoignent les images des impacts de balles sur les lieux du crime diffusés lundi soir dans le 20H de TF1. Il a également blessé à la main un autre homme âgé de 25 ans et de
nationalité Turque. C'est sa compagne qui a donné l'alerte et décrit aux forces de l'ordre la scène alors qu'elle venait tout juste de se produire.
Une fois les faits criminels commis, Christophe B. a pris la fuite à bord de son véhicule. Localisé à proximité des lieux du drame, le mis en cause a finalement été interpellé dimanche matin
et placé en garde à vue. Le médecin légiste a constaté 19 impacts de balles sur la scène de crime.
Alcoolisé au moment des faits Quand sa compagne a alerté les forces de l'ordre pour indiquer que Christophe B. avait tué leur voisin, celle-ci a précisé qu'il était alcoolisé au
moment des faits. Selon nos informations, Christophe B., était, lors de son interpellation, encore positif à l’alcool avec un taux équivalent à 0,2 gramme par litre de sang.
Détention d'armes Dans le véhicule du suspect, plusieurs armes ont été découvertes par les membres du GIGN d'Orange qui ont procédé à son interpellation, à savoir : des pistolets
automatiques, un fusil à pompe et une arme de poing, comme l'a indiqué dimanche le procureur de la République de Draguignan, Pierre Couttenier.
Pourquoi détenait-il ces armes ? En raison de sa pratique du tir sportif, d'après les informations transmises par le magistrat. Selon une source proche de l'enquête, au moins 5
armes détenues légalement ont été retrouvées au cours de la perquisition à son domicile.
Des vidéos publiées avant et après la commission des faits Outre les armes, les forces de l'ordre ont également découvert des contenus pour le moins compromettant. Avant et après son
passage à l’acte criminel, Christophe B. avait en effet diffusé deux vidéos sur son compte Facebook "au contenu raciste et haineux", comme l'a révélé dimanche le procureur de la
République de Draguignan, sans en dire davantage.
Selon nos informations, les enquêteurs de la Sous-direction antiterroriste chargés des investigations ont retrouvé cinq vidéos postées sur les réseaux sociaux. Avant même le meurtre,
Christophe B. prépare son geste. "Bon, les copains, il est l’heure, aujourd’hui. Ce soir, on dit stop, stop aux islamiques de mes deux (...) Allez les chercher là où ils sont. Vous allez
voir ce soir, ce soir, on fait un carton, ce soir, on va s’amuser, ce soir je vais mourir, je vais crever. Moi, y a pas d’allégeance à Al-Qaïda ou quoi que ce soit, moi, c’est l’inverse,
c’est l’allégeance au bleu-blanc-rouge" dit-il sur les images.
Dans une autre vidéo postée juste après le meurtre, il lance : "J’arrête de salir mon âme, je sais pas ce que je viens de faire, j’ai pété un plomb envers des voisins de merde, envers toute
la racaille, toute la saloperie."
Et dans une autre encore : "Ceux qu’en ont pris près de chez moi, ils le méritaient, parce que la police et la justice ne font pas leur boulot. Eux, ils méritaient, parce que tous les jours
insultés, tous les jours rabaissés tous les jours on vous traite de raciste… Ben un jour, voilà, un jour, on pète les plombs, et un jour, on leur met. Voilà. Ça change des choses."
Des contenus sur Facebook sans équivoque Outre ces deux vidéos, le profil Facebook de Christophe B. présentait déjà des signes inquiétants, à commencer par sa photo de profil : un squelette
avec deux pistolets à la main. Avant cette photo, parmi ses photos de profil, figure l'image d'un pistolet 9 mm en mai 2023 commentée par un ami de Christophe B., agent de sécurité
et "ancien soldat de l’armée de terre" qui notait ces trois mots : "Pour la chasse". "Mdr" avait répondu Christophe B.
Les contenus n'ont rien de plus reluisants, au contraire, puisque l'on y trouve essentiellement des messages haineux et racistes depuis de nombreuses années... Certains, dont les
deux vidéos en lien avec l'affaire de samedi, ont été supprimés, mais d'autres restent visibles.
En 2019, après le Nouvel An, il publiait en réaction aux voitures brûlées dans le pays :"Regardez plutôt le nombre de voitures brûlées par notre superbe jeunesse issue de l'immigration.
Pauvre France". Peu après, dans un autre contexte, il faisait ce commentaire : "Après les Arabes et autres, c'est au gouvernement que j’en veux !!!"
La même année, il regrettait que la France n'ait pas voté pour le Rassemblement National aux élections présidentielles. "Il fallait voter Marine et que ce soit les politiques qui virent
les mauvais immigrés", écrivait-il.
En janvier 2020, il mentionnait un article titré "Nicole Belloubet confirme la sortie de 450 détenus radicalisés en 2019" et commentait :"Il y a intérêt à bien graisser les fusils". En mars
2020, il écrivait : "La seule envie que ça donne, c'est de sortir les fusils et de tirer dans le tas" avant d'ajouter : "C'est vraiment une belle culture, cette religion
musulmane".
"Excédé par ceux qui crachent sur notre pays" Christophe B. a été placé en garde à vue dimanche matin. La mesure peut durer, maintenant que le Pnat s'est saisi des faits, jusqu'à
96 heures. Face aux enquêteurs, le quinquagénaire conteste, selon une source proche de l'enquête jointe par TF1, le mobile raciste de son passage à l’acte, mais, explique être "excédé
par ceux qui crachent sur notre pays".
Christophe B. explique qu’il voulait mourir en commettant les faits. Il enjoint aux français de "bien voter pour lutter contre les bicots, les gauchos, les pro-Gaza". Il évoque le fait
d’avoir "agi comme les Juifs en Israël". Contacté par TF1info ce mardi matin, le parquet indiquait pour sa part qu'"aucune nouvelle communication n’est envisagée avant l’issue de la
garde à vue, qui peut durer au maximum jusqu’à jeudi matin".
Aurélie SARROT