Résoudre les paradoxes de la transition énergétique | terra nova

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Les visions qui s’affrontent dans le débat sur la transition énergétique (à la fois sur l’évolution de la demande d’énergie et sur les choix de mix énergétique pour satisfaire cette demande)


sont diamétralement opposées, et DES CHOIX DE SOCIÉTÉ STRUCTURANTS POUR NOTRE AVENIR SONT À FAIRE . Quels que soient ces choix, DES ÉVOLUTIONS COMPORTEMENTALES, FINANCIÈRES, ET


ORGANISATIONNELLES FORTES SERONT NÉCESSAIRES dans les prochaines décennies. En particulier, l’effort demandé aux ménages sera important : rénovation des logements, évolution des modes de


transport et des usages de la mobilité, augmentation des prix de l’énergie (programmée ou subie), évolution des comportements et des habitudes de consommation. CES EFFORTS NE POURRONT ÊTRE


CONSENTIS QUE SI LES CITOYENS SONT IMPLIQUÉS DANS LA CONSTRUCTION DE CES CHOIX DE SOCIÉTÉ. Or c’est actuellement très loin d’être le cas. La crise a ses effets puisque le chômage est la


première préoccupation des français depuis 2008, devant la pollution ; plus alarmante est l’augmentation récente du climato-scepticisme. Parallèlement à cette défiance, LES CITOYENS SONT PEU


IMPLIQUÉS DANS LE FINANCEMENT DE LA TRANSITION. A titre d’exemple, alors qu’en Allemagne les citoyens détiennent 40 % des capacités installées d’énergie renouvelable , les initiatives


privées ou locales restent fortement limitées en France. Les procédures pour l’investissement citoyen sont complexes et doivent être simplifiées pour permettre aux citoyens de devenir des


acteurs-investisseurs de la transition. POURTANT, LE SUJET DE L’ÉNERGIE CONTINUE DE SUSCITER DE L’INTÉRÊT ET DE L’ENGOUEMENT. L’expérience de la Journée citoyenne du débat sur la transition


énergétique a prouvé que les citoyens étaient capables de s’approprier les enjeux et se sentaient concernés à titre personnel (43 % des citoyens craignent d’être en situation de précarité


énergétique à court terme). DE MÊME, CETTE ENQUÊTE A PROUVÉ QU’UNE MAJORITÉ DES CITOYENS CONSIDÈRENT QUE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE AURA DES EFFETS POSITIFS POUR LA SOCIÉTÉ, ET QU’IL EST


URGENT D’ÉVOLUER VERS UN MODÈLE ÉNERGÉTIQUE SOUTENABLE . Par ailleurs, la transition énergétique offre une solution pour RÉCONCILIER LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX ET ÉCONOMIQUES qui


préoccupent les citoyens : deux études du CNRS-CIRED et de l’OFCE-Ademe ont montré QUE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE PEUT CRÉER ENVIRON 630 000 EMPLOIS D’ICI À 2030 , principalement dans les


secteurs du bâtiment et des énergies renouvelables. Notons enfin que ce paradoxe démocratique est en fait mondial : le débat sur la transition est en effet concentré dans un petit nombre de


pays, représentant une fraction des émissions mondiales de gaz à effet de serre ; la France compte par exemple 2 % de ces émissions seulement. Autrement dit, à l’échelle mondiale, le débat


se concentre dans les pays qui ne représentent qu’une part réduite des émissions de CO 2 ! ILLUSTRATIONS Dans le débat sur la transition énergétique, les exemples suivants nous semblent


illustrer le paradoxe démocratique : - LE SILENCE DES MÉDIAS AU SUJET DES DIFFICULTÉS CONNUES PAR LE DISPOSITIF DES ETS (SYSTÈME EUROPÉEN DE DROITS D’ÉMISSION DE CARBONE) illustre la


technicité d’un débat qui échappe au citoyen, sur un sujet pourtant clé pour la transition. Alors que les ménages se préoccupent de leur pouvoir d’achat, de leur capacité de pouvoir se


chauffer correctement ou de leur facture énergétique, LES PARTIES PRENANTES NE SEMBLENT PAS EN MESURE DE PRÉSENTER CLAIREMENT AUX FRANÇAIS LES CONSÉQUENCES DIRECTES ET QUOTIDIENNES DES


POLITIQUES ÉNERGÉTIQUES PROPOSÉES . - ALORS QUE LES RÉCENTES INNOVATIONS SE FONT AU NIVEAU DIFFUS, L’ETAT MAINTIENT UNE GESTION CENTRALISÉE ET FREINE LES INITIATIVES LOCALES ET PRIVÉES.


L’île d’El Hirro aux Canaries vient d’annoncer sa totale autonomie énergétique (transport, logement, etc.) et ceci grâce à la participation de l’ensemble des acteurs locaux. Energie Partagée


qui, depuis 2011, n’a levé que 2,5 millions d’euros pour la construction de centrales d’énergies renouvelables reste le seul fonds d’investissement citoyen dans les énergies renouvelables


en France. Par ailleurs, le « crowdfunding » (ou financement participatif) reste très peu développé, et inexistant dans le financement de la transition. PROPOSITIONS DE SOLUTIONS Il est


nécessaire de construire un PROJET DÉMOCRATIQUE AMBITIEUX ET COLLECTIF POUR PROPOSER UNE VISION POSITIVE DE L’AVENIR . - ETABLIR UN ÉQUILIBRE ENTRE GOUVERNANCE LOCALE, RÉGIONALE, NATIONALE


ET EUROPÉENNE : donner plus de responsabilités aux territoires dans les débats, les prises de décisions, l’implémentation et le financement des projets de la transition, en accord avec la


stratégie nationale et européenne, peut permettre d’ AUGMENTER L’ADHÉSION DES CITOYENS AUX PROJETS DE LA TRANSITION ET DE FAVORISER L’INNOVATION . L’exemple de la Région Bretagne, qui s’est


dotée d’une société mixte d’investissement, Eilan, pour développer les énergies renouvelables dans la région, est une piste parmi d’autres . A l’échelle des communes, l’exemple d’Energies du


Méné montre l’importance de l’implication citoyenne pour porter des projets de transition . Cette logique est particulièrement nécessaire dans des domaines tels que l’éolien terrestre, pour


lequel les projets sont avant tous locaux, même si les tarifs de rachat doivent rester nationaux. - POUR UNE DÉMOCRATIE ÉNERGÉTIQUE : 1. faire le lien entre les enjeux macro-économiques


(gestion du système énergétique, facture énergétique, règlementations, ETS, bilan énergétique de l’année, etc.) et les préoccupations des ménages français (prix de l’énergie, santé,


sécurité, qualité de vie, emploi, etc.) ; 2. renforcer la sensibilisation aux enjeux de la transition de tous les citoyens, via l’éducation et les médias ; 3. associer largement l’ensemble


des parties prenantes (citoyens, ONG, syndicats, entreprises, administration, etc.) aux processus de réflexion et décision. - POUR UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE PARTICIPATIVE : favoriser


l’implication des citoyens dans des projets locaux de transition, soit via leur financement (fléchage de l’épargne des ménages), soit via une implication forte dans la vie des projets.


Enfin, plutôt que de voir une raison de renoncer à toute ambition dans le fait que le débat ne concerne que quelques pays, alors que les émissions de CO 2 et les évolutions de prix ont des


effets mondiaux, nous pensons nécessaire de revendiquer au contraire une double ambition : une ambition forte sur les efforts faits en France dans le domaine de la transition ; une ambition


aussi élevée pour convaincre le reste du monde d’emprunter cette voie, par tous les moyens de la « diplomatie climatique », française ou européenne. La conférence des Nations-Unies sur le


climat de 2015 constituera également une occasion importante pour faire évoluer les positions. Des outils peuvent enfin être mis en place (comme une taxe sur le carbone importé, ou d’autres


mécanismes) pour éviter qu’un écart dans la vitesse de réalisation de ces deux ambitions ne vienne réduire la compétitivité de nos entreprises intensives en énergie et soumises à la


concurrence mondiale. 3 – LE PARADOXE DE LA MOBILITÉ : PREMIER ENJEU DE LA TRANSITION, GRAND ABSENT DES DÉBATS PRÉSENTATION DU PARADOXE LA MOBILITÉ REPRÉSENTE 43% DU DÉFICIT COMMERCIAL


FRANÇAIS EN 2012