
La consommation de viande en france et en occident devient assez inquiétante | terra nova
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Le think tank Terra Nova a publié, jeudi 23 novembre, un rapport dans lequel il propose de changer les habitudes alimentaires des Français et invite à diviser par deux notre consommation de
viande dans les 20 ou 30 ans à venir. Invité de franceinfo, Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, insiste sur l’impact négatif de notre régime actuel sur notre santé et sur
l’environnement. franceinfo : Terra Nova n’est ni une association écologiste ni une association végétarienne. Pourquoi vous lancez-vous dans un tel plaidoyer contre la viande ? Thierry
Pech : Parce que le diagnostic qu’on peut porter sur la consommation de viande en France et en Occident en général devient assez inquiétant. La consommation a un peu décliné mais elle reste
très élevée. Les épidémiologistes nous disent que la surconsommation de viande peut être la cause de pathologies. Par ailleurs, les spécialistes de l’environnement ont démontré que l’élevage
est responsable d’émissions de CO2 relativement élevées et mobilise des ressources précieuses : de l’eau, de l’alimentation, etc. Le comble de cette affaire, c’est que malgré cette
surconsommation de viande, les éleveurs ne s’en sortent pas. IIs sont dans le piège d’une production essentiellement productiviste. Alors il y a déjà des éleveurs qui ont franchi la
frontière de l’environnement, d’une politique durable. Ils ont remis leurs bêtes sur des pâturages et ils ont opté pour une agriculture plus raisonnée. Pourquoi vouloir réduire encore
davantage notre consommation de viande ? Ce n’est pas pour les éleveurs mais pour des questions de santé et des questions environnementales qu’il faut réduire cette consommation de viande.
Il ne s’agit pas d’arrêter d’en manger. Moi j’en mange et je continuerai d’en manger. Il s’agit d’en manger moins, d’en manger mieux et d’ingérer davantage de végétaux. Un monde sans élevage
est-il souhaitable ? Pas du tout. Beaucoup d’éleveurs ont fait un choix raisonnable, qui est de sortir d’un élevage de type industriel dans lequel beaucoup sont tombés et le regrettent.
Parce qu’en réalité, ils ont aujourd’hui des frais d’entretien des bâtiments, ils sont fortement dépendants de l’évolution des cours de l’alimentation animale et ils se font prendre une
partie de leur marge par la distribution. Ce système ne fonctionne pas non plus pour eux et il faut privilégier un élevage d’une autre nature, plus soutenable. Quel objectif vous fixez-vous
? L’objectif à long terme serait de diviser par deux notre consommation de viande à l’occasion des deux ou trois décennies qui viennent et d’inverser, dans notre alimentation, notre part de
protéines animales et de protéines végétales. C’est à dire manger davantage de légumineuses, de végétaux. C’est très bon pour les terres, cela ne coûte pas cher et cela permet, avec les
économies qu’on fait, d’acheter une viande de meilleure qualité même si elle est plus rare. Dans votre rapport, vous faîtes 11 propositions. Notamment la généralisation d’un repas végétarien
dans les cantines des collèges et des lycées. Cela se fait-il déjà dans certains établissements ? En effet, il y a certaines communes où c’est déjà testé, notamment autour de Bordeaux. Il y
a des écoles qui procèdent déjà de cette façon dans Paris et ailleurs. Il ne s’agit pas d’imposer à tous un régime végétarien. On n’a pas fait un rapport qui est un plaidoyer en faveur du
végétarisme. Il s’agit de proposer une option alternative et d’imposer un jour sans viande par semaine. Il s’agit de mettre en place une politique de transition, modérée mais résolue, de
façon à s’acheminer vers un meilleur équilibre. Il y a un assez large accord entre les nutritionnistes et les diététiciens pour considérer qu’une alimentation plus végétale, si elle est bien
conçue, ne présente aucun danger. On ingère trop de protéines animales. Est-ce que vous pensez que vos pistes de réflexion seront reprises par le gouvernement ? Je ne peux pas vous le dire
mais l’ouverture des Etats généraux de l’alimentation créent un climat propice à des débats. L’alimentation, c’est quelque chose qui a une très forte inertie. On ne change pas nos habitudes
alimentaire dans une population en trois jours, trois semaines ni même trois ans. Je ne souhaite qu’une chose, c’est qu’on en débatte de façon raisonnée.