Une « fondation quartiers » pour favoriser l’activité dans les banlieues populaires | terra nova

Une « fondation quartiers » pour favoriser l’activité dans les banlieues populaires | terra nova


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Dix millions de citoyens français résident dans les quartiers qui bénéficient de la politique de la ville ; dans les quartiers en Zones urbaines sensibles (ZUS) près de 45 % de jeunes hommes


âgés entre 15 et 24 ans n’ont pas d’emploi, contre 23 % hors ZUS. 36 % de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté. Les quartiers populaires de banlieue sont l’épicentre de la


crise économique, sociale et politique qui frappe la France depuis trente ans. Ils sont marginalisés depuis la transformation du système productif qui les plaçait auparavant en son cœur. Ils


sont le théâtre exacerbé des tensions sociales et du mal-être identitaire qui traversent l’ensemble de la société française. Ils disent les doutes, les hésitations et les déstabilisations


multiples qui affectent la société française depuis la fin des Trente Glorieuses. Depuis lors, par la politique de la ville, l’Etat a tenté de limiter les dégâts de ces crises, sans parvenir


à y remédier de manière substantielle et durable, faute d’esquisser un modèle de substitution qui redonnerait une place à ces quartiers. Malgré la mobilisation des organismes spécialisés


(fondations et clubs d’entreprises, structures d’accompagnement, opérateurs publics…) et des acteurs de terrain, les besoins dépassent très largement les ressources actuellement disponibles.


En outre, les dispositifs s’avèrent souvent peu articulés les uns aux autres, limitant l’effet de levier et l’impact systémique des mesures et des programmes mis en œuvre. De plus, les


aides publiques au développement économique de ces quartiers sont très inférieures à celles qui soutiennent l’activité dans le reste du territoire. Les dispositifs les plus massifs


concernent la rénovation urbaine et les transferts sociaux (aides sociales) mais ces aides et programmes ne sont pas liés aux projets de développement économique portés par les habitants.


Les dispositifs d’accompagnement à l’activité, notamment ceux issus de la société civile, sont pourtant nombreux, et parfois anciens. Ils ne parviennent toutefois à répondre qu’à une


fraction de la demande de soutien à la création et au développement d’activités économiques. Comme l’atteste un rapport réalisé récemment par Presse & Cité sur ce sujet, il manque une


structure qui soit l’interface entre l’offre de financement provenant d’acteurs privés, voire de particuliers (fondations d’entreprises, mécènes…), et la demande de financement émanant de


ces quartiers. Une « Fondation quartiers » pourrait jouer ce rôle. Elle aurait pour vocation de drainer l’offre de financements, de sélectionner les projets pertinents et de faciliter leur


accompagnement ; autrement dit, de faire œuvre d’intermédiation stratégique entre apporteurs de capitaux, structures d’accompagnement et porteurs de projets. Cette Fondation ne se


substituerait pas aux acteurs existants, et devrait même intégrer leurs compétences et leur expérience à sa propre activité. Sa spécificité serait de soutenir uniquement les projets oeuvrant


sur les territoires en politique de la ville, ayant un impact économique et social pour ces territoires, et qui soient en phase de développement et non d’amorçage ainsi que d’être


administrée majoritairement par des acteurs issus des quartiers en politique de la ville (en équilibre avec les acteurs publics et privés, par ailleurs). Cette structure serait accueillie


par une fondation abritante, afin d’être rapidement opérationnelle et de mener des levées de fonds dès 2014. Né du constat de l’insuffisance et de l’inadaptation partielle des dispositifs


actuellement proposés pour assurer la croissance durable des quartiers populaires, tant sur le plan économique que social, le projet de « Fondation des Quartiers » ne s’inscrit pas dans une


perspective de réparation, mais de développement. Ainsi ne vise-t-il à panser les plaies de territoires meurtris par la crise, mais à leur donner la possibilité d’émerger pour prendre place


dans la France de demain.