Soutiens, méthode et première mesure : jean-michel aulas affûte sa conquête de la mairie de lyon
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UN EX-PATRON PRÊT À BASCULER EN POLITIQUE Officiellement, celui qui se rêvait handballeur professionnel dans sa jeunesse réfléchit et se laisse jusqu’à début septembre pour acter ou non sa
candidature. _« C’est une décision trop importante pour être prise dans la précipitation »,_ coupe le fondateur de Cegid, l’éditeur de logiciels revendu en 2016. Mais depuis janvier, il
teste sur X son capital politique, partage pétitions et critiques sur le stationnement, dénonce les _« méthodes brutales »_ de la majorité verte. Il apprend vite les codes. Et cible Grégory
Doucet, maire de Lyon, et Bruno Bernard, président de la métropole. Le dernier sondage, en date du 8 avril (Elabe pour BFM), le place même en tête avec 24 % des suffrages contre 22 % pour
l’édile sortant, dans l’hypothèse d’une gauche divisée et d’un « socle commun » (centre droit, droite) lui aussi fragmenté au 1er tour. SOUTIENS DU CAPITALISME LYONNAIS En coulisses, le
vice-président délégué de la Fédération française de football (FFF) consulte, lit des rapports et notes d’urbanisme, rencontre des experts et emmagasine les appuis. Les patrons lyonnais
l’encouragent : Olivier Ginon (GL Events), la famille Mérieux… Emmanuel Macron lui a réitéré son soutien en mars à l’Elysée. Localement, Renaissance est proche d’une alliance _« à la
condition de construire ensemble le programme et de ne pas détruire certaines avancées écologistes »,_ précise Thomas Rudigoz, ex-maire du Ve. Horizon a déjà acté son soutien. Plusieurs
poids lourds des Républicains, dont le ministre François-Noël Buffet, lui sont également favorables. Mais ce socle, trop marqué à droite, pourrait néanmoins refroidir une partie de
l’électorat. Aulas veut incarner une candidature de la société civile. _« Ma boussole, c’est l’intérêt de Lyon, pas les étiquettes politiques. Mon parti est celui de la solidarité »_,
rétorque celui dont les parents étaient enseignants – mère en mathématiques, père en lettres et sympathisant marxiste. L’absence d’alliance avec les héritiers du bâtisseur Gérard Collomb -
19 ans à l’hôtel de ville - pourrait peser dans la balance. L’ancien maire Georges Képénékian (juillet 2017-novembre 2018) est en lice et crédité jusqu’à 15 % des intentions (sondage Cluster
17, mars 2025). _« J’ai beaucoup de respect pour l’entrepreneur, mais on ne gagne pas grâce à la notoriété et le slogan « tous contre les écologistes »_ », tacle David Kimelfeld,
ex-président de la métropole. Et l’édile sortant Grégory Doucet reste haut dans les intentions de vote, malgré une réputation écornée : seuls 36 % des Lyonnais ont une bonne image de
l’écologiste (contre 56 % pour Aulas). _« Le maire n’est pas en campagne »,_ balaye son équipe. RENONCER AUX INDEMNITÉS DE MAIRE : UN PREMIER SIGNAL POLITIQUE L’entrepreneur, lui, avance et
sort une première mesure, symbolique : _« renoncer aux indemnités de maire et, avec les fonds dégagés, alimenter des associations fondamentales pour la jeunesse lyonnaise, par exemple pour
l’association Sport dans la Ville, et aussi pour la médecine (le Centre de Recherche Léon Bérard) »,_ affirme la 310e fortune professionnelle de France (450 millions d’euros) selon le
classement de _Challenges_, déjà très politique dans ses formules. Jean-Michel Aulas égrène ses priorités : _« Jeunesse, logement, sécurité, attractivité, mobilité ». _Et promet que, même en
cas de défaite, _« il siégera au Conseil municipal pour défendre nos idées et les Lyonnaises et les Lyonnais. »_ Le patron du foot féminin à la FFF veut surtout faire de la _« parité
femmes-hommes » _un élément crucial de sa potentielle action politique. Dans son entourage, on murmure que l’ex-patron à succès de l’OL féminin (8 Ligues des champions) souhaite soutenir une
femme, et de préférence issue de la société civile, pour la présidence de la puissante métropole. _« S’il est candidat et s’il remporte l’élection, il sera certainement faiseur de roi. Il
serait donc légitime pour propulser un profil en accord avec les engagements et les valeurs qu’ils portent depuis plus de 40 ans »_, appuie un conseiller. UN PATRON QUI DOIT CHANGER DE
LOGICIEL Le patron Jean-Michel Aulas ferait-il un bon édile ? _« Je ne le pense pas, _tranche Abdénour Ainséba, fondateur de IT Partner et ancien directeur de campagne de Képénékian et
Kimelfeld. _Il lui faudra passer d’une logique de dirigeant de grande entreprise, orientée vers la gestion des clients, des salariés et la satisfaction financière des actionnaires, à une
posture tournée vers l’intérêt général. La prise de décision n’est pas le fait du PDG mais celui du compromis et de la délibération ». _Pas de quoi refroidir l’aspirant politique : _« Un bon
maire ne décide pas seul, il embarque. C’est la base du leadership et de la légitimité »,_ répond Aulas. Des profils de chefs d’entreprise qui ont basculé en politique, il y en a d’autres
dans l’agglomération lyonnaise. L’ancien délégué du syndicat étudiant Unef sait qu’il pourrait s’appuyer sur Marc Grivel, lui aussi entrepreneur et ex-vice-président de la métropole : _« On
vient avec nos compétences de chef d’entreprise, et Jean-Michel Aulas en a beaucoup. Mais il faut aussi changer de logiciel. Le temps d’une collectivité n’est pas celui d’une société. Ne pas
le comprendre serait une erreur terrible. »_ Un premier conseil en forme de mise en garde.