Pour son défilé croisière dior, maria grazia chiuri déclare son amour à rome

Pour son défilé croisière dior, maria grazia chiuri déclare son amour à rome


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Ce 27 mai, la directrice artistique faisait renaître le Bal blanc de la comtesse Mimi Pecci Blunt, dans les jardins de la villa Albani Torlonia. Une ode à sa ville natale, celle du Vatican,


de la dolce vita et de la Cinecittà à travers une collection touchante et romantique et, surprise, quelques pièces de haute couture. Publicité Croiser un prêtre à un défilé de mode n’est pas


chose courante… sauf à Rome. Don Giacomo Cardinali, vice-préfet de la Bibliothèque apostolique du Vatican, ne dépare pas ce mardi soir dans les jardins de la villa Albani Torlonia parmi les


750 invités du défilé croisière 2026 de Dior. « _J’ai rencontré Maria Grazia il y a trois ans par l’entremise de Pietro Ruffo, un artiste romain _(collaborateur de la maison Dior, NDLR)_


que nous avons exposé au sein de notre institution,_ raconte-t-il volontiers. _Nous avons tout de suite sympathisé. » _L’archiviste ne tarit pas d’éloges au sujet de la créatrice dont il


accueille les travaux à travers l’exposition « En route » jusqu’au 20 décembre 2025. Mieux, il connaît bien ses collections puisqu’il a déjà assisté à plusieurs de ses shows à Paris. Mais


toujours incognito, en habit civil. Maria Grazia Chiuri est la première femme depuis 1947 à occuper le poste de directrice artistique de Dior, emblème de la mode parisienne. Mais si ces dix


dernières années, elle en a écrit une des plus belles et riches pages, elle n’a jamais caché que son cœur allait à Rome, sa ville natale. Lorsqu’on la rencontre en coulisses une heure avant


le défilé, pudique et sous contrôle, elle ne trahit pas son émotion d’avoir amené ici, chez elle, la maison de l’avenue Montaigne et tous les amoureux de la mode qui suivent les collections


croisière durant le mois de mai. Mais elle est intarissable sur les richesses de la cité éternelle actuellement dans l’actualité papale, qui attire encore plus de pèlerins ce printemps, en


cette année de jubilé : « _Vous savez le Vatican est très présent à Rome_._ Lorsque nous avons inauguré il y a une semaine le Teatro della cometa_ (une salle de spectacles qu’elle a achetée


puis rénovée avec sa fille durant plusieurs années), _nous avons dû arrêter un moment les festivités car le pape passait et les autorités ont fermé la route. C’est une ville hétéroclite,


disparate, faite de strates historiques, architecturales, culturelles. C’est un peu confus mais c’est “una bella confusione” (rires) !_ » C’est justement l’inspiration de cette collection


croisière, profondément romaine comme elle. _La Bella Confusione_ est le titre du livre de Francesco Piccolo racontant l’année 1963 de Claudia Cardinale, tiraillée entre les tournages de _8


1/2_ de Fellini et du _Guépard_ de Visconti. Sur le tableau d’inspiration toujours très évocateur de la créatrice, le cliché de l’actrice côtoie ceux de Mimi Pecci Blunt, la riche mécène


romaine du Teatro della cometa après-guerre. La comtesse fut aussi galeriste, fréquenta Cocteau et Dali, vécut entre Rome et Paris. Un soir de 1930, elle organisa son fameux Bal blanc dans


les jardins de sa propriété, rue de Babylone, où tous les convives devaient se présenter en tenue immaculée. On sait la thématique du bal et son jeu des apparences (qui a toujours fasciné


Christian Dior) cher à la maison. Ici, le dress code de comtesse a inspiré celui du défilé en plein air : les femmes en blanc, les hommes en noir. Rarement on a vu les gens de la mode aussi


disciplinés… Mais personne n’a voulu refuser cette demande à MGC, qui avec les équipes de Dior, a mis les petits plats dans les grands afin que ces trois jours de « croisière » impriment la


mémoire collective. Ce que n’a pu prévoir la maison est cette averse qui s’abat sur les jardins de la villa Albani Torlonia. Les invités sortent les parapluies, presque habitués à ces


intempéries qui avaient déjà contrarié un des tout premiers défilés croisière de Maria Grazia Chiuri, en 2018 au château de Chantilly. D’autant que la météo humide accentue un peu la


dramaturgie poignante du moment lorsqu’en prélude de la collection, douze comédiens se présentent en costumes d’époque choisis par la directrice artistique dans les fabuleuses des archives


de l’atelier Tirelli, le costumier de l’âge d’or de la Cinecittà, de Visconti à Fellini. Le premier mannequin paraît, couronné de fleurs blanches, en veste queue-de-pie passée sur un


fourreau de satin spectral comme le personnage de Marcello Mastroianni dans la comédie _Fantômes à Rome (1961)_, autre référence de la Romaine. Le blanc comme un fil rouge des quatre-vingts


looks de la collection. Dont trente et un sont en réalité des pièces de haute couture, confectionnés par les petites mains des ateliers de l’avenue Montaigne. On peine presque à les


identifier tant tout est d’une sophistication folle, habillant une femme Dior forte et fragile à la fois, dans ses cascades de volants et ses cuissardes en dentelle fine. Chaque robe digne


du trousseau d’une héroïne du XIXe siècle lèche le sol détrempé. Sans verser dans l’historicisme, MGC questionne au fil des passages le vêtement et le costume, le présent et le passé, le


portable et l’exceptionnel. Elle s’éloigne subtilement des codes de Dior pour offrir une vision plus personnelle, plus intime. Comme d’un fait exprès, les gouttes cessent pour le final. La


créatrice, très émue, parcourt les allées du jardin. Le public est conquis, Natalie Portman, Rosamund Pike, Beatrice Borromeo, Camille Cottin, Nine d’Urso, Marisa Berenson se lèvent comme un


seul homme. Standing ovation générale.